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Les héroïnes de séries TV

Avec une acuité parfois décapante, les séries TV captent l’air du temps et, reflets de leurs époques, résonnent des grandes questions qui agitent les sociétés occidentales. De fait, après les grands combats sociaux des seventies, le bling-bling des 80’s, les fliquettes et le vent de politiquement incorrect qui a marqué la décennie 1990 puis l’accent très «médico-scientifique» des années 2000, la mode est depuis quelque temps au «girl power». Ce qui se traduit par l’émergence de nombreuses fictions centrées sur des héroïnes. Libérées des vieux archétypes, ces dernières donnent une image réaliste de la multiplicité sociocaractérielle de la femme d’aujourd’hui et offrent une typologie encore inimaginable il n’y a pas si longtemps. Exemples.

La morale? Mais quelle morale?

En 2004, coup de tonnerre, les «Desperate Housewives» débarquent sur les petits écrans. Parmi elles, Gaby et Edie, aussi égoïstes et peu à cheval sur la morale l’une que l’autre. Depuis, s’engouffrant dans la brèche ouverte par les deux pestes, de nombreuses héroïnes largement plus amorales ont vu le jour. Dont «Nurse Jackie», accro aux médicaments, qui paie son pharmacien fournisseur en nature, sans se préoccuper de l’avis du reste du monde. Ou Nancy Botwin qui, dans «Weeds», trafique du cannabis pour gagner sa vie tandis que la Riley Parks de «The Client List» vend ses charmes pour entretenir sa petite famille. Bon, en même temps, vu le comportement de leurs enfants respectifs, ces âmes perdues sont bien punies et… la morale est (presque) sauve!

Le corps tel qu’il est… ou presque

Des décennies durant, les personnages féminins sont restés prisonniers de critères esthétiques bien précis, qui évoluaient selon les modes. Aujourd’hui, cette dictature de l’apparence est moins pesante. Et comme le relève le spécialiste des fictions télévisuelles Pierre Sérisier, «le corps est désormais présenté dans sa réalité, avec ses défauts ou ses rondeurs». Du coup, c’est sans aucun complexe que la voluptueuse avocate Jane Bingum plaide les causes perdues dans «Drop Dead Diva», tandis que les girondes Hanna Horvath («Girls») ou Max («2 Broke Girls») mènent leur barque tant bien que mal dans les tempêtes new-yorkaises. Corollaire de cette évolution: les vêtements ou le non-maquillage. A l’image de Meredith Grey («Grey’s Anatomy»), Sarah Lund («The Killing»), Robin («Top of the Lake») ou encore d’Ellie («Broadchurch»), les nouvelles héroïnes sont en effet plus attachées à leur confort qu’à leurs tenues. Elles n’hésitent donc pas à porter des pulls informes ni à sortir échevelées, sans même une touche de mascara. Ce qui ne leur va pas mal, à vrai dire.

Le geek se décline au féminin

Restées (trop) longtemps des bastions masculins, la technique, la recherche, la science, la médecine de pointe ou l’informatique sont des domaines désormais largement investis par les femmes. Que l’on pense par exemple à l’experte scientifique de «NCIS» Abby Sciuto ainsi qu’à la délicieuse Temperance «Bones» Brennan, sommité mondiale de l’anthropologie judiciaire… comme son modèle réel, Kathy Reichs. Dans le registre «ordinateur», les geekettes ont pris le pouvoir: Angela, de «Bones», Lisbeth Salander, dans «Millemium», ou l’inénarrable Penelope Garcia, mascotte d’«Esprits criminels», ont d’ailleurs des compétences à faire baver de jalousie les meilleurs hackers du monde. Tandis qu’en milieu hospitalier, Christina Yang surclasse bon nombre de chirurgiens masculins de «Grey’s Anatomy», aussi bien dans le maniement du bistouri que de la réplique qui tue!

Le pouvoir, il n’y a que ça de vrai!

Une femme ne se définit pas par son homme, ses enfants, sa maison. Une évidence? Pas tant que cela. D’ailleurs, télévisuellement parlant, il aura fallu attendre les années 1990 pour que les scénaristes osent offrir de l’indépendance, de l’ambition et du pouvoir à leurs héroïnes. Concrètement, les Julie Lescaut, Jane Tennison («Suspect N°1»), Sam Waters («Profiler») ou Kerry Weaver («Urgences») ont ouvert la voie aux superwomen haut placées de «The Good Wife», «Scandal», «Damages» ou «Borgen», pour ne citer que celles-ci. Cela dit, comme souvent dans la réalité, la vie privée de ces ambitieuses supernanas est généralement vampirisée par leur travail. Et on leur en demande plus qu’à leurs collègues masculins, comme s’il leur fallait sans cesse prouver qu’elles n’ont pas obtenu leur position hiérarchique par hasard ou via des promotions canapé, elles se doivent d'être exemplaires et irréprochables. Autant dire qu’en termes d’égalité, même si on progresse, la bataille n’est pas gagnée…

La froideur des calculatrices

On pensait que la froideur, le cynisme et le calcul étaient des caractéristiques typiquement masculines? On se trompait. Et lourdement. La preuve notamment par l’affreuse et fascinante Claire Underwood de «House of Cards», prête à tout (et n’importe quoi) pour pousser son mari au sommet du pouvoir. Emily Thorne, de «Revenge», elle, hypothèque son propre bonheur et sacrifie amour et amitié dans le but unique de détruire ceux qui l’ont blessée quand elle était enfant. Quant à Elisabeth Jennings, patriote aveugle de «The Americans», elle est simplement glaçante en espionne soviétique jusqu’au-boutiste.

Elémentaire, mon cher Freud

Bien loin des gentilles nunuches d’antan, les nouvelles héroïnes se permettent d’être caractérielles, peu équilibrées, dépressives et psychiquement fragiles, telle la bipolaire Carrie Mathison de «Homeland», par exemple. Quant au créneau «psychiatrie», il est aussi bien occupé: dans «United States of Tara», le rôle-titre se débat entre ses personnalités multiples, alors que Lisbeth Salander, dans «Millenium», ou Miss Shaw, nouvelle recrue de «Person of Interest», sont carrément des sociopathes, qui tuent et cognent tous azimuts sans le moindre état d’âme.

Un homme, ça se mène par le bout du nez!

Potiche-land, c’est bien fini. Grâce à des précurseures de type Kate qui, dans «Lost», a défriché le terrain à coup de machette, il faut maintenant compter avec les meneuses d’hommes. Guerrières intrépides et prêtes à tout, ces héroïnes se révèlent généreuses et altruistes. Mais aussi fermes, rusées, stratèges et manipulatrices quand il le faut, ce qui leur permet de mener leur petit monde à la baguette. Ainsi Emma dans «Once Upon a Time» ou Daenerys Targaryan (Khaleesi après ses noces), qui domine «Game of Thrones». Moins puissante mais tout aussi décidée que ses «sœurs d’armes», la Julia d’«Under the Dome» fait également partie de ces premiers rôles féministes qui tiennent tête aux machos de service – évidemment nombreux.

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Edie Falco, alias Nurse Jackie.

© The Picture Desk/AFP
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Kirsten Vangsness, la Penelope d’Esprits criminels.

© Keystone
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Kerry Washington, alias Olivia Pope dans Scandal.

© The Picture Desk/AFP
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Sarah Shahi, Miss Shaw dans Person of Interest.

© Keystone
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Jennifer Morrison, alias Emma dans Once Upon a Time.

© Keystone

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