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«La Forme de l'eau»: notre avis sur l'Oscar du meilleur film

Shape of water

Dans un décor sombre, empli d'ombres et de tons verdâtres qui évoquent un sous-marin, le réalisateur orchestre la rencontre entre une nettoyeuse muette prénommée Elisa (Sally Hawkins), et un fabuleux monstre marin (Doug Jones).

© 20th Century Fox

«Attendez, mais c'est l'histoire d'une femme qui tombe amoureuse d'un poisson?!» Oui, effectivement. Et c'est magnifique. La promesse de cette romance, de prime abord, décontenance autant qu'elle intrigue: mais Guillermo del Toro connaît bien les monstres. Souvent, c'est à ces humanoïdes étranges, mystérieux, brutalement différents, que le célèbre metteur en scène se plaît à offrir le feu des projecteurs. Aussi s'entiche-t-il volontiers des héros modestes, les gardiens de l'ombre qui oeuvrent sans se faire remarquer, et que l'on oublie, alors même qu'ils entreprennent de fabuleuses aventures.

Dans un décor sombre, empli d'ombres et de tons verdâtres qui évoquent un sous-marin naufragé, englouti par les algues, le réalisateur orchestre la rencontre entre une nettoyeuse muette prénommée Elisa (Sally Hawkins), et un fabuleux monstre marin (Doug Jones). La première mène une existence discrète et arpente avec son chariot les couloirs d'un centre de recherches scientifiques. Sa meilleure amie, Zelda (Octavia Spencer) qui maîtrise parfaitement le langage des signes, lui prête parfois sa voix tonitruante: car Elisa ressemble à un oisillon fébrile qu'on a envie de protéger. Il paraît impossible que cette petite vie complexe puisse accueillir un amour ordinaire...

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Le coup de foudre

Un jour, alors qu'un soudain tumulte s'empare de ses employeurs, Elisa découvre qu'une créature marine très dangereuse vient d'être enfermée dans l'un des laboratoires. Alors qu'elle est chargée d'épousseter le local, elle tombe sur l'aquarium dans lequel se trouve... une sorte d'amphibien doté d'une silhouette humaine. Très impressionnant, le triton ne semble pourtant pas effrayer la jeune femme, qui paraît fascinée par son nouvel ami. Sans plus attendre, elle trouve le moyen de se faufiler régulièrement jusqu'à sa prison, lors de ses pauses de midi. Un lien unique semble alors naître entre les deux protagonistes, au fur et à mesure que la jeune muette apporte de petits encas à son prétendant aquatique, et esquisse devant lui de joyeux pas de danse sur fond de musique jazz.

Alors que nous éprouvions une certaine appréhension à l'idée de voir une femme enlacer un poisson, cette idylle naissante est terriblement touchante. Mêlant poésie et féérie, elle s'imprègne d'une légère pointe de tristesse, dans la mesure où les amants doivent faire face à de nombreux obstacles, de par leurs particularités (elle est muette, il est recouvert d'écailles...). Il est notamment difficile pour Elisa de faire comprendre à ses rares alliés qu'elle est amoureuse de cette créature:

«Quand il me regarde, il me voit telle que je suis. Il ne trouve pas que je suis incomplète», affirme-t-elle, désespérée, par langage des signes.

Mais les soubresauts de nostalgie contribuent à sublimer le tout, et rendent cette histoire étrangement accessible. Tout d'un coup, ce couple «bizarre» ne l'est plus du tout: au contraire, on espère de tout coeur que leur amour pur et sincère survive à la rudeur de son environnement, une Amérique alors plongée en pleine Guerre froide.

Notre seul regret? Que la naissance de ces sentiments, dépourvus de mots, ne soit pas légèrement plus développée: on en vient à se sentir un peu tenu à l'écart, peut-être parce que l'amour extraordinaire qui unit les héros doit préserver sa part de mystère pour rester magique...

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Une subtile dose de magie

Tout au long du film, les ennemis de l'amphibien se demandent s'il est «un dieu» ou «un monstre». De temps à autres, une pincée de féérie vient s'intégrer au décor, sous la forme d'écailles étincelantes, de miracles inexpliqués, de salles de bains transformées en aquariums, de phénomènes grandiloquents... sans toutefois tomber dans l'excès. La fusion subtile du réel et du fantastique est d'une troublante élégance. Le genre de la science-fiction est exploité à merveille: on se laisse happer par la magie, tant les pans réalistes de l'intrigue sont crédibles.

Foncez voir ce long-métrage, sous peine de louper l'une des plus belles productions de l'année. «La forme de l'eau» constitue déjà l'Oscar du meilleur film ayant généré le plus gros succès depuis 2014. Et soyez avertis: vous risquez de sortir de la salle obscure en fredonnant «La Javanaise».

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