Mouvement artistique
Exposition: Au Mudac, le surréalisme rencontre le design
Pincez-vous, vous ne rêvez pas! Baptisée Objets de désir, l’exposition du Vitra Design Museum à découvrir actuellement au Mudac ambitionne de décrypter l’étroite relation entre le surréalisme et le design durant ces cent dernières années. Il en faut moins pour aiguiser notre curiosité.
Mais commençons par un rafraîchissement de mémoire. C’est quoi au juste, le surréalisme? Le Robert en ligne éclaire nos lanternes: «Surréalisme, nom masculin: Ensemble de procédés de création et d’expression utilisant des forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient) libérées du contrôle de la raison; mouvement littéraire et artistique se réclamant de ces procédés.»
Quelque part entre le conscient et l’inconscient se trament donc les voies infinies du surréalisme. Un mouvement qui cherche à perturber et détourner l’attention de la perception didactique que l’on se fait parfois de la réalité. «L’idée de surréalisme tend simplement à la récupération totale de notre force psychique», disait l’écrivain André Breton, figure emblématique du mouvement, fondateur de la revue Littérature en 1919 et auteur du Manifeste du surréalisme en 1924.
Elsa Schiaparelli et Meret Oppenheim
«Travailler avec des artistes tels que Jean Cocteau et Salvador Dalí, ainsi que des photographes comme Cecil Beaton et Man Ray, avait quelque chose d’exaltant. Nous nous sentions aidé-e-s, encouragé-e-s, au-delà de la réalité matérielle et ennuyeuse qu’est la fabrication d’une robe à vendre», disait la créatrice de mode italienne Elsa Schiaparelli dans les années 50. La grande rivale de Coco Chanel était proche des artistes de son époque.
Personne n’a oublié ses collaborations avec Salvador Dalí, notamment le chapeau-chaussure reprenant la forme d’un escarpin à haut talon en 1937, ainsi que la robe ornée d’un homard portée par Wallis Simpson la même année. Si la présence de Schiap (son surnom) plane au-dessus de l’exposition, Salvador Dalí est bien présent, ainsi que l’Allemande Meret Oppenheim, autre artiste essentielle du mouvement, décédée à Bâle en 1985.
D’un point de vue purement design, la star de l’exposition est incontestablement le canapé Bocca Sofa imaginé par Studio 65 en 1971, qui fait un clin d’œil au tableau Le visage de Mae West – toujours du même Dalí – et qui trône d’ailleurs sur l’affiche de l’exposition. Ah, se vautrer dans le rouge vif d’une bouche sensuelle pour songer aux merveilles de l’autre côté du miroir d’Alice…
Exposition «Objets de désir», à voir au Mudac de Lausanne jusqu’au 4 août 2024.