Musique
Eddy de Pretto, défenseur des exclus
C’est qui?
Garçon à part, timide, hypersensible, Eddy de Pretto triomphe en 2018 avec un album de toute beauté, Cure, comme si Barbara et Léo Ferré s’étaient baladés main dans la main dans le Val-de-Marne. Quelque 300 000 exemplaires vendus, quatre nominations aux Victoires de la musique, une consécration pour ce chanteur de 28 ans, né en banlieue parisienne dans un milieu modeste. Ses chansons interrogent la masculinité et l’hyper-virilité qui ont marqué son éducation. Il ne cache pas son homosexualité, préférant en faire un exemple de normalité plutôt qu’un combat militant.
Pourquoi on en parle?
Eddy de Pretto signe son retour avec A tous les bâtards. L’album mêle la veine réaliste de son travail précédent à une pop urbaine évoquant un peu Billie Eilish. Avec ce titre, il lance un vibrant plaidoyer à tous ceux qui ne sont pas dans la norme ou qui ne veulent pas l’être, les bizarres, les étranges, les banlieusards, les freaks.
Dans le clip Bateaux-Mouches, il prend en otage un public de bourgeois condescendants, boit leur champagne, casse les tables. Les titres de l’album racontent sa solitude, la banlieue grise, les amours tristes. Le son, lui, flirte avec le rap tout en faisant des clins d’œil à la variété, comme A quoi bon ou Bateaux-Mouches, voire lorgne du côté de la house (La Fronde). Un éclectisme qui est aussi le reflet de sa formation, complétée à l’Institut supérieur des arts de la scène de Paris.
Pourquoi on l’aime?
Même si son deuxième disque est sans doute moins brut que le premier, Eddy de Pretto confirme son talent et montre qu’il faut l’inscrire durablement dans le répertoire de la chanson française. Son engagement en faveur de la différence est sublimé par sa musique. Sa gueule de bâtard nous émeut. Il est moche, il s’en revendique. Il raconte sa vie, oui, mais c’est pour pouvoir la partager. Il est rappeur et gay, il a fait de sa vulnérabilité une force. Il grandit, il s’exprime, en plus il commence à sourire. De lui, le Figaro disait: «Il puise son inspiration aussi bien dans les disques de Barbara, Brel ou Nougaro – qu’écoutait sa mère – que le rap de Rohff, Booba et Diam’s qu’il a découvert avec ses amis au foyer du quartier.»
Une manière de dire que ce grand cœur passera sans doute autant sur le smartphone des ados, que sur la radio familiale ou les enceintes connectées des plus affûtés.
Ce qui le fait sortir de ses gonds
Les thérapies de conversion, dont l’interdiction n’a toujours pas été discutée à l’Assemblée nationale française.
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