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5 films et séries pour mieux comprendre la crise des opioïdes

5 films et séries pour mieux comprendre la crise des opioïdes

Marchands de douleur, avec Emily Blunt, analyse la crise du point de vue des délégué-e-s commerciaux chargé-e-s de convaincre les médecins de prescrire des antidouleurs à tour de bras.

© NETFLIX/BRIAN DOUGLAS

Élaboré dans les laboratoires de l'entreprise américaine Purdue Pharma et prescrit comme un simple anti-douleur dès 1996, l'OxyContin a rapporté des dizaines de milliards de dollars à ses propriétaires, la famille Sackler. Parallèlement, cet antalgique similaire à la morphine, donc hautement addictif, a entraîné la déchéance et/ou la mort de centaines de milliers de personnes. Et déclenché la dramatique crise des opioïdes qui ravage aujourd’hui encore les États-Unis, le Canada et commence à toucher l’Europe.

Car malgré les innombrables plaintes toujours en cours et les condamnations qui pleuvent régulièrement sur les entreprises pharmaceutiques jugées responsables, cette dramatique hécatombe continue.

Pour décrypter cette sinistre mécanique, des articles, des reportages, des essais scientifiques et journalistiques. Ou, plus récemment, des œuvres filmiques ou sérielles grand public. Ainsi les récentes Marchands de douleur, Toute la beauté et le sang versé, Painkiller, La chute de la maison Usher ou encore Dopesick qui, chacune à sa manière, entre fiction et réalité, démontrent que le remède est pire que le mal. Tout en permettant de comprendre les tenants et aboutissants de ce pur scandale. Passage en revue…

Marchands de douleur, film sur Netflix

Adaptation libre d'un article de presse publié en 2018 dans The New York Times Magazine, Marchands de douleur, mis en ligne le 27 octobre 2023, plonge dans la crise des opioïdes - mais du point de vue d’une déléguée médicale. Portée par Emily Blunt, cette fiction revient sur le scandale de la prescription massive de Subsys, un vaporisateur analgésique essentiellement composé de fentanyl, un puissant opioïde 100 fois plus fort que la morphine et, tout comme l'OxyContin au départ, conçu pour des patient-e-s atteint-e-s de cancer.

Les noms de la firme responsable et du médicament ont certes été modifiés, les éventuels dilemmes moraux de l’héroïne sont vite balayés, mais l’essentiel est tout de même là: la mise en lumière de méthodes commerciales honteuses et le cynisme meurtrier dont sont capables les apôtres de l’ultralibéralisme avides de beaux dividendes.

Toute la beauté et le sang versé, documentaire sur Prime Video

Réalisé par Laura Poitras, Toute la beauté et le sang versé, qui a remporté le Lion d’Or en sélection «documentaire» à la Mostra de Venise en 2022, raconte non seulement la vie et l'œuvre de la photographe Nan Goldin, mais aussi ses combats. Notamment celui qu’elle conduit depuis 2017 contre la famille Sackler, qu’elle considère comme responsable de la crise des opioïdes.

Concrètement, après avoir elle-même traversé une période d'addiction à l'oxycodone dans les années 2010, l’artiste fonde l’association P.A.I.N. (acronyme formant le mot douleur en anglais), avec laquelle elle part en guerre. Profondément en colère «parce qu’on ne peut ressentir autre chose que de la fureur en pensant à la manière dont ils exploitent la douleur des autres», puis se rachètent une respectabilité en faisant des dons importants à des institutions culturelles, elle mène alors différentes actions. Actions qui ont eu un impact dans un certain nombre de musées «mécénarisés». Au Louvre, par exemple, il n’y a plus de galerie Sackler depuis 2019…

Painkiller, minisérie sur Netflix

Basé à la fois sur l'article The Family That Built an Empire of Pain, publié en 2017 dans le New Yorker, et sur le livre Pain Killer: An Empire of Deceit and the Origin of America's Opioid Epidemic, sorti en 2018, Painkiller retrace les débuts de la crise.

Il raconte donc comment, prescrit comme un simple anti-douleur dès 1996, l'OxyContin a entraîné la déchéance et/ou la mort de quelque 500 000 personnes. Avec le témoignage bouleversant de proches de victimes au début de chaque épisode, cette série met clairement en relief l’implication de la famille Sackler - et plus particulièrement celle de Richard (Matthew Broderick), dont on constate qu'il a un coffre-fort à la place du cœur.

Par ailleurs, elle montre aussi les difficultés parfois délirantes auxquelles la justice s’est heurtée avant de finalement pouvoir intervenir. Mais aussi la frustration d’enquêteur-ice-s affolé-e-s par les situations qu'ils et elles rencontrent sur le terrain et le trafic et le marché noir d'opioïdes qui se développe en parallèle, la mauvaise foi des responsables, la compromission de certains politicien-ne-s ou la vénalité de membres de l’administration...

En gros, et pour résumer à l’extrême, cette fiction coup de poing démontre les rouages d’une machine à tuer et illustre les ravages provoqués par deux des substances les plus dramatiquement addictives qui soient: l’opium et l’argent. Glaçant d’immoralité.

La chute de la maison Usher, minisérie sur Netflix

Minisérie diffusée depuis le 12 octobre 2023, La chute de la maison Usher, variation libre qui joue sur la nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe (et quelques autres, accessoirement...), raconte la descente aux enfers des Usher, un clan aussi argenté que dysfonctionnel largement inspiré par la famille Sackler. Encore elle...

Sur le ton de la comédie horrifique et hémoglobinique, mais avec un arrière-plan social et politique, cette fiction se plonge ainsi dans le dossier des opiacés. Mais à sa manière. À savoir en ayant un point de vue un rien décalé (!). Un déplacement d’autant plus jouissif que dans cette version-là des choses, les «cœurs atrophiés» prennent cher. Ce n’est certes pas bienveillant, mais cette justice par procuration fait sacrément du bien!

Dopesick, minisérie sur la RTS et Disney+

Remise en avant depuis la mi-octobre 2023 sur la RTS, la minisérie Dopesick, initialement sortie en 2021, raconte elle aussi le scandale de l’OxyContin. Adaptée du livre éponyme de la journaliste Beth Macy, mi-fiction (certains personnages sont inventés), mi-réalité (les faits sont avérés), elle offre une galerie de portraits bouleversants. Dont celui de Samuel Finnix (superbe Michael Keaton), médecin doublement victime de cet analgésique puisqu'il l'a d’abord prescrit à tour de bras après s’être laissé manipuler par un délégué médical avant de tomber lui-même dans le piège et d'en devenir addict.

En toile de fond, un panorama complet et presque documentaire de cette affaire: méthodes de vente, manipulations, endoctrinement des commerciaux-ales, bascule lente et inexorable vers la toxicomanie, justice impuissante, pots-de-vin, mépris et cynisme… Une fresque aussi effrayante que vibrante et émouvante.

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