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Hôtel: les Trois Rois à Bâle et son histoire

On se croirait dans «The Grand Budapest Hotel», le dernier film de Wes Anderson. Tout y est: l’aiguille dorée qui à chaque palier indique l’étage de l’ascenseur, les tapis aux imprimés mauresques, le lift boy (à la nuance près qu’il est vêtu de rouge, non de violet) qui nous reçoit sourire aux lèvres et casquette vissée sur la tête. Par-dessus tout: le sentiment immédiat de pénétrer dans un lieu chargé d’histoire... Si la tradition qui fait remonter l’auberge «Zu den Drei Königen» à 1026 – ce qui aurait fait d’elle la plus ancienne d’Europe – n’est qu’une légende, la date de naissance des Trois Rois reste impressionnante. 1681, rien moins. Avec, aussitôt, l’art d’attirer la jet-set internationale.

Un siècle plus tard, Napoléon Bonaparte en personne y prend ses quartiers, le 24 novembre 1797. Il n’y dort pas mais y organise le premier dîner d’affaires de l’histoire. Les Bâlois, enthousiasmés à l’idée de recevoir celui qui n’est alors que Général, se lancent dans une procession triomphale. Et c’est pour rendre hommage à la «Napoléon mania», que l’hôtel créera cinquante ans plus tard une «Suite Napoléon», splendide espace menthe à l’eau consacré au parcours de l’empereur. Ce n’est toutefois pas la suite la plus demandée. La palme revient à la «Suite Herzl», du nom de l’écrivain austro-hongrois qui y résida en 1897, y posant les bases de la création de l’Etat d’Israël. Un cliché représente d’ailleurs Théodore Herzl dos au Rhin, sur le balcon de sa chambre; et nombre de touristes viennent là en pèlerinage, se faisant photographier au même endroit et dans la même posture que le fondateur du mouvement sioniste.

Le souci du détail

Entièrement détruite en 1842 pour faire place à un édifice flambant neuf, la noble auberge ne conserve de son origine que les trois figurines représentant les Rois mages. Plus tard, en 2004, l’entrepreneur Thomas Straumann rachète le bâtiment adjacent et confie la restauration de l’ensemble à l’architecte bâlois Christian Lang. Objectif: rendre à l’hôtel son lustre d’antan. Pour percer à jour les plans de 1842, l’homme de l’art devra effectuer de nombreuses recherches. Puis Thomas Straumann lui-même chinera les antiquités destinées à meubler chacune des 101 chambres...

Lors de ses déambulations dans les corridors tapissés de velours, le visiteur a le loisir de remarquer la légère pente du bâtiment aux abords du Rhin. Une inclinaison que soulignent les encadrements de portes et les escaliers. Et l’on se prend à se réjouir que, classé monument historique, l’hôtel ne puisse être remis à niveau. Car ces petits «défauts» lui donnent un charme fou.

Si aujourd’hui le palace, situé au cœur de la ville, attire surtout les business (wo)men de l’industrie pharmaceutique, il a par le passé abrité plus d’une histoire d’amour. Casanova soi-même y a séjourné en 1761. Puis Clara et Robert Schumann, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, quatre habitués de la maison… De nos jours, l’établissement est très demandé pour les mariages. Mais pas seulement. Car depuis six mois l’hôtel tourne ses regards vers les demandes en mariage, proposant à ces messieurs un service inédit. Un «agent 007», James Bond des cœurs donc, se met à leur disposition pour organiser des excursions romantiques, mettre en place une terrasse fleurie sur le toit du bâtiment, faire livrer champagne, fraises, chocolat… Rien n’est laissé au hasard par ce drôle de service du cœur. On ignore si c’est grâce à lui que cinq amoureux enflammés se sont vus récemment couronnés, aux Trois Rois précisément, par le «oui» de leur promise.

Un brin de folie

Si le noble établissement affiche une respectabilité à toute épreuve, il se lâche trois jours par an, lors du carnaval de Bâle. Et se transforme alors du sol au plafond: des groupes de Guggenmusik envahissent le hall d’entrée, les trois statues revêtent leurs habits de fête et on danse sur les tables de la salle de bal. «La population bâloise est très attachée à l’hôtel, observe Lea Gysel du département marketing. Pour certains, notre bar et notre brasserie sont devenus de véritables «stamms». Lors du carnaval, ils se l’approprient encore davantage!»

Les Trois Rois en chiffres

  • 1681 Naissance.
  • 1842 Première métamorphose.
  • 2004 Restauration selon les plans de 1842.
  • 101 Nombre de chambres 180 employés.
  • 4500 fr. Nuit la plus chère.
  • 300 fr. Nuit la moins chère.
  • 1450 fr. Verre le plus onéreux: 2 cl de cognac Rémy Martin Black Pearl.

Stephane Cardinale/Sygma/Corbis/DukasIls y ont posé leurs valises

Outre Ella Fitzgerald, Bob Dylan ou Joe Cocker, les Trois Rois a accueilli les Rolling Stones en 1995. Durant la nuit, les stars du rock n’ont pas hésité à enjamber la barrière de leur balcon pour mieux… sauter dans le Rhin! Geste strictement interdit, bien sûr. Ravis de leur séjour, les quatre artistes l’ont vivement signifié dans le livre d’or.

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L’atrium: Jugé inutile lors de l’arrivée de l’électricité, le puits de lumière du hall d’entrée a été repercé en 2004. Effet grandiose.

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La suite: Terrasse sur le toit avec jacuzzi et sauna; coin cheminée; 3 salles de bains… la suite «Les Trois Rois», la plus prestigieuse, est à couper le souffle.

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