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Mode: Dans le dressing d’Anaïs Emery

«Mon ami l’artiste urbain franco-suisse Thoma Vuille m’a offert cette fresque de Monsieur Chat cet été. Il l’a initiée avec ses enfants originaires de Boudry, qu’on voit sur la toile. Son chat est devenu célèbre après un documentaire de Chris Marker en 2004.» - Anaïs Emery
Son prénom rappelle celui d’une célèbre écrivaine française originaire de Cuba, pionnière de la littérature érotique, Anaïs Nin. Doublé d’une voix d’homme sexy, il fait également écho au spot publicitaire du premier parfum de Cacharel dans les années 80. Cent pour cent culte. Vendredi 3 novembre 2023, Anaïs Emery entamait la 29e édition du GIFF, le Geneva International Film Festival, son 3e en tant que directrice générale et artistique du festival en immersion dans les écrans sous toutes leurs formes. Dans le paysage médiatique depuis plusieurs années, elle avait fait ses armes en cocréant en 2000 à Neuchâtel le NIFFF, le Festival international du film fantastique, avant d’en reprendre les rênes de la direction artistique en 2006.
Mode de vie nomade
De festivals autour du monde en déplacements professionnels, son job implique un style de vie nomade. Aguerrie de la stratégie de la valise alliant glamour, confort marathonien du matin au soir, elle adore voyager pour s’extraire de sa zone de confort et découvrir des cultures différentes. Une fois n’est pas coutume, sortons du cadre classique pour un souvenir commun entre Anaïs et moi qui écris ces lignes: impossible de ne pas mentionner ici la robe que je lui avais cousue sur mesure pour son tout premier Festival de Cannes au début des années 2000. Un grand moment d’émotions, ponctué de fous rires complices qui ont forgé notre amitié. Parenthèse enchantée!

«J’aime faire les fripes, surtout en Italie. Je garde des pièces en attente d’une occasion.»
Juchée haut
En pleine préparation du festival, elle nous ouvre les portes de son appartement à Neuchâtel, où elle vit avec sa fille de 17 ans et son fils de 14 ans. Chez elle, pas de marques luxueuses en vue, plutôt des coups de cœur pour des pièces qui la suivent au gré de ses pérégrinations. L’image, plutôt son image en représentation, fait partie intégrante du travail d’Anaïs Emery. Loin d’être une corvée, la façonner ne fait pas non plus partie de ses priorités.
Pourtant, comme certaines figures célèbres reconnaissables en un gimmick stylistique, elle a su créer un look qui la définit au premier coup d’œil. «J’aime l’allure que donnent les chaussures à talon, confesse-t-elle tandis qu’elle se fait maquiller. Les questions que le talon suscite sont intéressantes, parce que ça pose un peu l’histoire des femmes.»
Face à ce courant qui voit le talon comme étant un outil du patriarcat, on peut aussi le percevoir comme un outil de prise de confiance en soi. On est plus grandes sur des talons, j’aime m’approprier cet objet et sa dimension protectrice.

«J’aime les talons hauts pour la silhouette qu’ils dessinent. En plus, en travaillant avec beaucoup de garçons, je suis souvent la personne la plus petite dans une salle. Mais j’ai de plus en plus de filles dans mon entourage professionnel, ce qui est génial!»

«J’avais acheté cette veste avec un dragon brodé au Japon. Je suis fascinée par le rapport aux fantômes et au surnaturel dans cette culture. Sans peur, les gens vivent entourés de ces symboles. En fond, c’est le premier tableau que j’ai acheté à Till Rabus, le père de mes deux enfants.»
Jamais sans son rouge
Sa signature, c’est le rouge à lèvres. Plutôt de texture mate et grenat. «J’aime bien les rouges à lèvres forts, ils permettent de distraire un peu l’attention dans certaines situations», s’amuse-t-elle. La petite veste noire termine la trilogie de sa silhouette graphique: «Le blazer noir s’adapte à toutes les situations: personne ne le remarque dans les transports en commun, alors qu’en réunion il donne de la prestance et de l’aplomb.» Chez elle, la petite veste noire est à géométrie variable.
Le blazer d’un jour peut être remplacé le lendemain par du cuir. «Le cuir, c’est un peu rock’n’roll. Le côté rebelle de cette esthétique me plaît. J’ai passé beaucoup de temps dans les milieux alternatifs et j’y ai appris beaucoup de choses. Je me suis construite à travers ces sous-cultures. Et puis, le cuir est une matière protectrice, c’est comme une armure, une seconde peau.»

«Deux amies m’ont offert cette publicité vintage pour une compagnie aérienne japonaise pour mes 30 ans. C’est un clin d’œil à la programmation du NIFFF autour du Japon, ainsi qu’à certaines de mes pièces vestimentaires fétiches.»
La couleur des humeurs
Au quotidien, elle accorde son style à son humeur.
Le bleu est ma couleur préférée. Pour moi, le rose et le bleu correspondent à la bonne humeur. Mais j’accorde surtout de l’importance aux matières, de préférence un peu fluides. Je pense beaucoup à ma peau, j’ai envie de matières agréables à porter.
«J’évite ce qui me pique par exemple. Je peux faire des concessions sur mes chaussures, mais pas sur les habits. Du point de vue professionnel, je dois penser à un habit le matin qui s’adapte à plusieurs situations durant la journée et la soirée, car je ne rentre pas chez moi pour me changer.» Au fil des ans, Anaïs Emery a pris conscience de certaines luttes au niveau sociétal. Si elle ose plus aujourd’hui, c’est aussi au nom de sa responsabilité de s’assumer le mieux possible, afin d’inspirer d’autres femmes à s’assumer pleinement dans leurs propres vies.

«J’ai choisi cette robe Zadig & Voltaire pour ce jaune assez voyant, ce qui n’était pas une évidence pour moi. Elle a ce côté over the top qui me fait rigoler. J’aime les habits à la fois beaux et chics avec un aspect sympathique.»
© ELSA GUILLETSon actu
La troisième édition du GIFF, du 3 au 12 novembre 2023, sous la direction d’Anaïs Emery bat son plein. Les festivaliers ne manqueraient pour rien au monde la venue quasi messianique de Jean-Michel Jarre, pionnier de la musique électronique, qui présentera The Eye and I, l’œuvre immersive qu’il a réalisée avec l’artiste numérique Hsin-Chien Huang. Elle se réjouit particulièrement de la programmation cette année, qu’elle estime atteindre la maturité. «Le GIFF réserve de belles surprises aux festivaliers, tant par la qualité des films et des séries internationales que la création numérique.»
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