Et si on coupait ses cheveux au sabre japonais?
Trichothérapie: Reportage chez un coiffeur énergéticien biennois
Dans ce salon bien particulier niché au cœur de la ville de Bienne, pas de sèche-cheveux dernier cri, de magazines de mode, de bac, ni même de shampooings. «Lorsqu’on passe la porte de ce lieu, on est là pour un rendez-vous avec soi-même», nous explique Tuncay Kaptan, coiffeur énergéticien depuis environ trois ans. Son but: magnifier la chevelure sans appliquer aucun produit, tout en relançant l’énergie de l’organisme après l’avoir débarrassé des scories du passé. Un concept appelé trichothérapie. La durée? Environ une heure et demie. Le prix? Entre 130 et 150 francs.
Découverte d'un soin énergétique des cheveux
Nous voici donc dans une jolie petite pièce sobrement décorée. Il y a deux canapés, un miroir mural et un fauteuil où prendra place la cliente du jour, Ani. Mais l’instrument star sans quoi pas de trichothérapie, c’est le tanto, un petit sabre japonais.
Les plus sceptiques rigoleront certainement de cette pratique plutôt originale. D’autres pourraient éventuellement s’imaginer la fameuse scène du dessin animé Disney Mulan, où l’héroïne sacrifie sa crinière. «Vous savez, le cheveu est une source d’information précieuse, fait remarquer Tuncay Kaptan. En poussant, il incorpore ce qui est présent dans le sang et la sueur. En fait, le cheveu garde une trace de ce qu’on a mangé, avalé ou fumé… Pareil pour les chocs que l’on peut subir au cours de sa vie. Certains perdent de la masse, d’autres remarquent que leur couleur est plus terne… Bref, rien n’échappe aux cheveux. Et c’est là que ce soin basé sur les énergies prend tout son sens. Car notre corps n’est que vibrations, positives ou négatives.»
10 h 00: Tuncay accueille Ani, une grande blonde solaire. Le duo se connaît depuis un moment. En plus de la trichothérapie qui représente 20% de son travail, Tuncay pratique la coiffure «traditionnelle» depuis trente ans. Et Ani est une cliente de longue date. C’est la seconde fois qu’elle a recours au soin énergétique. «La première expérience, c’était au printemps 2022. J’ai clairement vu une différence dans ma qualité de cheveux et, surtout, je me sens plus en harmonie avec moi-même.» Tuncay l’invite à prendre place dans le fauteuil et à boire une gorgée d’eau pendant qu’il prépare son matériel: une petite bassine d’eau aromatisée à l’huile de rose et le fameux tanto. «Vous savez, autrefois ce petit sabre servait d’arme, les femmes l’utilisaient pour se défendre.» Assise devant le miroir, Ani tend les mains, paumes vers le ciel, puis Tuncay y dépose le tanto pour que ce dernier s’emplisse des vibrations de la cliente.
Débute alors la première partie du rituel, un massage énergétique. Le coiffeur stimule certains points le long des méridiens, sans toucher la tête. Tout se fait au-dessus et autour du crâne avec des mouvements allongés et harmonieux. Cela permet de relancer la circulation de l’énergie. Mis à part la musique relaxante en fond, le silence règne. Les téléphones portables doivent être éteints, pour ne pas déranger et éviter les ondes indésirables. C’est comme si le temps s’était arrêté. Quant à Ani, elle nous dit se sentir bien: «Je me connecte avec mon intérieur.»
10 h 20: Le moment fatidique arrive. Tuncay récupère le minisabre des mains d’Ani et prend le temps de lui demander si tout va bien. La coupe peut commencer. Les cheveux sont séparés en plusieurs parties puis mouillés avec de l’eau de rose dont le parfum a déjà discrètement embaumé la pièce. Le coiffeur prend une mèche, la tend, la remonte quasi à la verticale et coupe quelque deux centimètres avec le petit sabre. Un léger crissement se fait entendre. Le bruit est agréable, c’est doux, régulier, homogène… On dirait de l’ASMR.
L’essentiel du soin se déroule les yeux fermés (pour la cliente, bien entendu). Tuncay s’enquiert à nouveau du bien-être d’Ani. Car oui, les vibrations provoquées par le tanto peuvent remuer. Ani explique ressentir une résistance du côté droit, au niveau de la nuque. «Cet endroit représente le yang, la masculinité, le père. Quant à la partie inférieure de la tête, elle ramène à l’enfance», précise Tuncay avant de déposer une main rassurante sur l’épaule d’Ani. L’émotion est palpable et le reste du soin se fera dans un calme presque religieux.
11 h 00: Une fois la partie au sabre terminée, Tuncay parfait la coupe aux ciseaux. Il est temps de passer à ce qu’on appelle «le rituel d’harmonisation». Le coiffeur se munit d’un rasoir à lame plate. Pas question de couper quoi que ce soit. On va plutôt lisser les écailles du cheveu, ce qui va doper leur brillance. Ils seront ainsi renforcés et pousseront mieux. Dernière étape importante: Tuncay récupère les mèches tombées sur le sol, sans balai, ni aspirateur. «Je fais ça à la main pour des questions de respect. D’ailleurs, je fais toujours bien attention à ne pas marcher dessus.» Les cheveux sont déposés dans une enveloppe qu’il tend à Ani. «Voici ce qui ne fait désormais plus partie de toi. Je t’invite à t’en défaire par le feu en les brûlant, par l’air en les lâchant dans le vent, par la terre en les enterrant ou par l’eau en les déposant dans un lac ou une rivière, par exemple.» Nos deux protagonistes finissent par se prendre dans les bras.
11 h 30: Si pleurer après être passé entre les mains du coiffeur n’est généralement pas de bon augure, ici, c’est totalement différent. «Il arrive que certaines personnes se confient, ou fondent en larmes. Dans ces moments, j’essaie d’être présent tout en laissant à mes clients l’espace nécessaire pour laisser libre cours à leurs émotions.» Et justement, Ani semble avoir les yeux quelque peu humides. Certes, elle est venue pour soigner ses cheveux, mais comme ces derniers seraient, selon Tuncay, une extension de l’âme, il est normal que la personne soit touchée. Ici, le client n’est pas passif. Il est acteur. Il visualise des choses, lâche prise, accueille les vibrations qui remontent jusqu’au sommet de son crâne pour permettre aux énergies usées de s’évacuer. Et de faire place aux nouvelles.
Au total, le soin aura duré une heure et demie. Il diffère bien entendu selon les besoins de chaque personne. Quant au résultat, il est bluffant. Les cheveux d’Ani sont visiblement plus brillants et souples. Dernière question: comment optimiser cette trichothérapie? «Déjà, il faut venir avec l’esprit ouvert. Si l’on est totalement fermé à ce genre de pratique, ce ne sera pas très utile. Sinon, on peut venir absolument quand on le souhaite. Quand on sent que nos cheveux sont ternes. Je conseille également de venir lorsqu’on sent qu’on a besoin de vider son sac, après une rupture, par exemple, ou après un choc. On peut aussi très bien venir pour redémarrer quelque chose de nouveau, faire table rase du passé.» Alors, quoi de mieux que le début de l’année pour sauter le pas?
Tuncay Coiffeur énergéticien, Rue de Nidau 11, 2502 Bienne.
L’histoire de la trichothérapie
Ce soin capillaire né en 2011 est inspiré de la médecine chinoise. C’est la coiffeuse française Jill Andrieu qui l’a imaginé. L’idée? Libérer les toxines du cheveu afin de les rendre plus beaux et dynamiser l’énergie vitale du corps. La pratique se déroule en trois étapes: le massage énergétique du crâne qui stimule les méridiens, la coupe au tanto (petit sabre japonais) qui permet de dynamiser les bulbes pileux, et la phase d’harmonisation au rasoir qui lisse les écailles du cheveu. À ce jour, il existe de nombreux coiffeurs énergéticiens qui pratiquent la méthode au sabre, en Europe comme en Amérique du Nord. Ils sont environ 600 au total, dont une grande partie en France, et une vingtaine en Suisse.
Vous avez aimé ce contenu? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos nouveaux articles!