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J’ai testé: me couper les cheveux pour la bonne cause

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© DR

Cette semaine du 11 juillet 2016 a été, pour moi comme pour beaucoup, chargée en émotion. Je l’ai débutée en me faisant couper les cheveux, elle se terminait avec l’attentat à Nice.

Vous allez évidemment me dire que la coiffure ne fait pas le poids face à l’horreur. Bien sûr, et j’en ai conscience. Pourtant, à l’échelle de mon vécu, cette décision dûment réfléchie pendant des mois, a représenté beaucoup pour moi.

Car en novembre 2013, j’ai perdu ma maman d’un cancer du sein. Elle est partie après s’être battue telle une guerrière durant des années. Pendant toute la durée de cette maladie, ma famille et moi l’avons accompagnée. Du mieux que nous pouvions, du moins je l’espère encore aujourd’hui.

Durant ses chimiothérapies répétées, elle a porté une perruque. Quand elle perdait ses cheveux, toujours fière et coquette, je crois ne l’avoir jamais vue sans son postiche. Je me rappelle d’une seule fois. Je m’étais alors sentie comme une petite enfant observant un secret. Un matin passé chez mes parents, j’ai découvert, par la porte de la salle de bains entrouverte, sa tête nue, uniquement couverte par un léger duvet. Elle venait de quitter son «bandana de nuit» pour enfiler sa prothèse capillaire. Cette dernière était, tour à tour et selon les saisons, châtain doré, avec des reflets roux, courte ou mi longue. Toujours de très bonne qualité.

De la distance pour rester positive

Depuis, presque trois années se sont écoulées, et j’ai souvent regretté de ne jamais avoir pris le temps de demander combien pouvait coûter une perruque à ma mère. Ou simplement de la questionner sur les sentiments que cela lui procurait, de porter, au quotidien, les cheveux d’une autre.

Pourquoi je ne l’ai pas fait? Probablement pour lui parler de choses plus gaies en général, et pour me protéger en particulier. A aucun moment durant son combat, je n’ai pensé à me raser la tête ou couper mes cheveux pour déclarer la guerre au crabe maléfique.

Beaucoup d’eau a coulé depuis et, en février 2016, j’ai publié sur femina.ch un article à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, «Et si on donnait nos cheveux?». J’y décrivais le formidable engagement de l’association suisse CHauve pour la bonne cause, qui propose fréquemment des «journées de tontes» et de coupes de cheveux en Romandie.

Avec mon caractère indécis (gémeau oblige, paraît-il), j’ai repoussé l’idée de «passer à la casserole», jusqu’à cet été. Puis, un soir, la tête dans mon iPhone, je suis tombée sur le site français de Solidhair.

Leur but m’a séduit. L’association collecte grâce à des partenaires coiffeurs ou des dépositaires, des mèches de cheveux naturels, colorés ou décolorés, pour ensuite les vendre à des perruquiers. Avec l’argent récolté, elle subventionne des personnes atteintes du cancer et en difficultés financières. Il faut savoir qu’en France, l’aide de la sécurité sociale n’est que d’environ 150 francs, bien peu pour une prothèse capillaire de qualité.

Comme on me l’a beaucoup demandé, je dois vous dire que j’ai opté pour cette association car je suis française, ma famille également, la logistique était donc plus évidente.

Une cérémonie d’adieu à mes cheveux

Le lendemain, j’ai appelé ma sœur Leslie, coiffeuse, et on a organisé notre petite «cérémonie païenne» chez elle, afin de dire adieu à ma chevelure. Il faut avouer que si l’idée de rendre un peu de dignité à des femmes malades m’a grandement motivé, couper mes cheveux était clairement une étape de vie.

Autour d’un apéritif et après avoir démêlé ma chevelure une dernière fois (et pris un selfie), Leslie a formé trois couettes avec des petits élastiques (la procédure pour envoyer les mèches) et coupé plus de 20 cm (le minimum imposé). Et je me suis ensuite entendue dire «ciao mon look travaillé depuis plus d’une décade, good-bye l’allure de Françoise Hardy et bonne nuit Mummy». C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, cela signifiait énormément.

Dans un petit sac plastique de congélation entouré d’un gris-gris appartenant à ma maman, j’ai enfin entreposé délicatement mon «scalp» et j’ai posté mes cheveux avec un petit mot manuscrit (un rituel observé sur la page Facebook de Solidhair).

Le carré de Marion, Laetitia, Léa…

Ma sœurette a opté pour un carré à peine plongeant, à coiffer avec les mains. La coupe est vraiment facile à vivre, je vous la conseille. Mais si vous nous suivez sur Femina.ch, vous avez sûrement vu nos articles sur ce carré, celui pour lequel toutes les stars ont craqué récemment, de Paris à Capri. Je quitte donc une tendance pour (celle d’) une autre. Mais entre nous, s’inspirer n’est pas copier, pas vrai?


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5 questions à Charlotte Crettenand, présidente de l’association suisse CHauve pour la bonne cause

FEMINA Comment se déroulent vos rendez-vous «tontes et coupes de cheveux»?
Nos journées sont organisées chaque printemps depuis cinq ans dans le cadre d'événements publics et familiaux, tels que des festivals, des fêtes de rue, dans des centres commerciaux, etc.

En plus de questionner notre société sur ses exigences esthétiques et ses prescriptions (par exemple, une femme doit avoir les cheveux longs, etc.), le but est de promouvoir de la bonne humeur malgré la difficulté du sujet (le cancer, donc).

A ce jour, nous avons organisé plusieurs événements dans les cantons de Vaud, Fribourg et Valais. Les personnes intéressées à participer peuvent choisir soit un rasage symbolique par solidarité envers les malades du cancer, soit une coupe solidaire avec don de mèches (dès 20 cm). Ces cheveux seront utilisés pour confectionner des perruques.

Comment fonctionne l’option «mettre sa tête à prix»?
Effectivement, il est possible de s'inscrire sur notre site internet à l'avance afin de «mettre sa tête à prix», c’est-à-dire associer le geste à une récolte de dons auprès de son entourage.

En dehors de ces événements, il est toujours possible de participer avec des «défis persos», c’est-à-dire s'inscrire (sur le site ou par email) et choisir une date à laquelle la personne se fera raser la tête ou se coupera les cheveux avec son coiffeur habituel ou notre coiffeur bénévole.


© Page Facebook CHauve pour la bonne cause

Avec quelles associations de lutte contre le cancer travaillez-vous?
Nous collaborons avec une entreprise suisse, bien connue des ligues cantonales contre le cancer, qui confectionne des perruques. Il était important pour nous de rester au niveau local. Les personnes qui offrent leurs cheveux sont donc assurées que les prothèses capillaires seront utilisées en Suisse.

Chaque année, nous choisissons deux projets qui bénéficient des dons récoltés. Ce sont des ateliers ou des initiatives qui soutiennent des familles touchées par le cancer. Cette année, par exemple, les deux projets sont «Look Good Feel Better» et «Kanji». (NDLR: retrouvez les infos des projets soutenus).

Quand se déroulent les prochaines journées?
Les prochaines journées collectives auront lieu au printemps 2017. Il est néanmoins possible de participer toute l'année en s'inscrivant pour un «défi perso».

En cinq ans, c'est une centaine de personnes qui s'est impliquée pour la bonne cause, dont une trentaine de dons de cheveux.

Votre plus beau souvenir lors de ces événements?
Difficile de choisir le plus beau, car chaque événement est chargé d'histoires et d'anecdotes fortes! Il y a eu notre doyenne cette année, âgée de 71 ans, avec de magnifiques cheveux blancs jusqu'au milieu du dos, qui s'est rasée la tête. Mais si je ne devais en choisir qu'un, ce serait l'histoire d'Océane, 9 ans, que vous pouvez lire sur notre plate-forme...

A l'heure où je termine cet article, cette photo ci-dessus, touchante, fait le tour du web, c'est celle de Shannen Doherty qui se bat contre un cancer du sein. L'actrice a décidé de montrer son combat de tous les jours sur Instagram. Un message plein d'espoir qui démontre que la perte de cheveux lors de la maladie ne doit plus être un tabou en 2016.

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