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«Ma sœur est extrêmement forte et courageuse»

Je m'appelle Jennifer et j'ai 29 ans. J'ai une grande sœur de 33 ans à qui on a diagnostiqué un cancer du sein il y a déjà 5 ans, le lendemain de son anniversaire. Ma maman et moi étions présentes avec elle quand le médecin le lui a annoncé. Elle avait mal au sein, son gynécologue ne s'était pas inquiété mais elle a fait des examens pour être sûr, nous étions assez sereines le jour J mais le docteur nous a tout dit d'un bloc: «C'est un cancer… Déjà très développé… Ablation du sein… Chimiothérapie…» Nous avons eu beaucoup de mal à tout enregistrer d'un coup.

Mais elle a fait face. Elle a subi une ablation, radiothérapie, chimiothérapie, perte des cheveux et tout le reste. Ma sœur vit chez ma maman, je ne la vois que quand elle est bien et elle me paraît extrêmement forte et courageuse. De mon côté, j’ai fait une mammographie quand elle a su qu'elle était atteinte du cancer et ainsi qu’une avant chacune de mes grossesses (j'ai deux enfants). Il faut savoir que ma sœur est toujours sous chimiothérapie, car son cancer s'est étendu. Os, estomac, vertèbres, foie… Face à ça, et malgré le risque que représente le fait de faire trop de mammographie trop jeune (car trop de mammographies, donc trop de rayons, peut entraîner un cancer) mon gynécologue me demande d'en faire tous les deux ans. «C'est un risque nécessaire».

Nous ne savons ce que l'avenir nous réserve. Ma sœur vit en ne sachant pas si demain sera un bon ou un mauvais jour. Elle réalise ses rêves, elle voyage. Elle veut voir tout ce qu'elle peut. Jusqu’à présent, elle se bat et elle a le dessus sur la maladie. Nous sommes là pour l'encourager et lui fournir la joie nécessaire. Son cancer, surtout à l'âge auquel elle l'a eu et à quel point il est étendu, surprend chaque médecin à qui j'ai dû en parler. Leurs yeux parlent pour eux. Mais nous gardons l'espoir.

«Je me suis demandé: et si ça m’arrivait?»

En décembre dernier, à l’occasion des fêtes de Noël, mon amie E. m’a dit avoir eu une inflammation à un sein, rien de grave, mais sa gynécologue a estimé nécessaire de faire une mammographie. En février, je reprends contact avec elle et elle m’annonce un cancer du sein. D’examens en examens, les nouvelles étaient chaque fois plus mauvaises. De quelque chose de quasi invisible, la tumeur est devenue très visible. Evolution de la tumeur ou résultats différents au fur et à mesure des examens, qui sait? E. a 51 ans, 1 an de plus que moi, un fils de 2 ans plus jeune que le mien et une fille de 10 ans à ce moment-là, dont je suis la marraine. J’ai suivi l’adoption de leurs deux enfants. Nos rapports sont sporadiques, travaillant les deux, au gré de nos disponibilités respectives.

De l’idée qu’elle se faisait du souci pour rien à Noël passé, je suis passée à l’inquiétude de perdre une amie proche, avant l’opération au printemps. Puis, l’opération bien réussie, pas de chimio ni de radiothérapie, je me suis quelque peu tranquillisée. J’ai passé un peu plus de temps avec elle, l’ai contactée plus souvent pour la soutenir elle, les enfants étant pris en charge par son mari. Je l’ai accompagnée chez le physio une fois, 2 ou 3 semaines après l’opération. Elle voulait tout de suite refaire du vélo, et je lui ai quand même demandé si elle pensait que c’était raisonnable… Elle doit actuellement prévoir des changements dans sa vie professionnelle, elle ne peut plus assumer son ancien poste en milieu hospitalier. Leur vie de famille a été chamboulée et son mari qui a tout assumé et a été admirable pendant la phase aiguë, ne va pas bien maintenant… Le contrecoup certainement. Un moment donné, je me suis mise à sa place et j’ai imaginé «si ça m’arrivait…». Aussi, pas motivée du tout pour aller faire une mammographie, j’ai quand même pris rendez-vous, ce que je n’aurais pas fait si je n’avais pas suivi mon amie dans sa maladie.

«Je n’ai pas réussi à lui donner la force de se soigner»

Février 1995, ma mère doit subir une biopsie qu’elle refuse. J’ai porté ce secret toute seule jusqu’au jour où je lui demande de le dire à mon frère et ma sœur. Je ne veux pas porter cette nouvelle toute seule. Une boule aux seins est devenue apparente et se voyait à travers un chemisier. Elle refuse toujours de se faire soigner, choisissant de partir ainsi. Je n’approuve pas son choix et lui dis: «Tu te suicides au ralenti, ce n’est pas mieux que papa qui s’est suicidé». Consciente de son choix, elle me répond «oui je sais». Je me suis renseignée auprès de la Ligue vaudoise contre le cancer et auprès de son médecin, pour savoir comment agir dans ce cas. Quelles sont les conséquences de l’évolution de cette maladie? Son médecin m’a répondu «si elle ne veut pas venir, nous ne pouvons rien faire». La Ligue m’a expliqué toutes les conséquences.

Finalement, deux ans plus tard, cette boule aux seins a pris une couleur violacée, elle accepte de se faire soigner. J’étais confiante, les médecins allaient lui enlever la tumeur et reconstruire son sein. Je n’oublierai jamais cet instant quand le médecin a dit: «nous ne pourrons pas reconstruire le sein et il y aura un creux, car les tissus sont beaucoup trop abîmés». C’est comme une partie de sa propre féminité qui est amputée, même si ce n’est pas moi qui suis touchée. Elle doit subir une chimio avant d’être opérée, afin de réduire la tumeur. Malheureusement, après la première chimio, son état de santé s’est dégradé très vite, son corps n’ayant pas supporté le traitement ce qui arrive rarement comme les médecins nous l’ont expliqué. C’était un double deuil à faire, ne pas avoir réussi à lui donner la force de se faire soigner plus rapidement et l’absence d’elle. Elle avait 57 ans.

Aujourd’hui, j’ai eu trois amies très proches qui ont été frappées par un cancer du sein, du stade 1 au stade 4. Cela a été important pour moi, d’être présente de près ou de loin, tout en les respectant dans leur parcours personnel, les accompagner à un rendez-vous, faire une sortie, une ballade, avoir des fous rires même parfois par rapport à la maladie. Je n’oublierai jamais le jour où l’une de mes amies portant sa perruque pour la première fois, me complimente sur ma coiffure. J’ai trouvé cet instant d’amitié très fort par rapport à ce qu’elle était en train de vivre. Dominique, Susana et Françoise, je vous aime. Corinne

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