Histoire de marque
«Chez Sisley, nous créons les produits qui nous plaisent sans se soucier des tendances»
Dans la famille Sisley, je demande… la fille. Isabelle et Hubert d’Ornano, les parents, ont fondé la marque en 1976. Cadette d’une fratrie de cinq, elle-même mère de trois adolescentes, Christine occupe la fonction de vice-présidente, son frère aîné Philippe celui de PDG. La marque de cosmétiques de luxe, qui porte le nom d’un peintre impressionniste, cultive son goût pour l’art, de l’hôtel particulier familial très baroque Quai d’Orsay aux flacons en passant par le flagship store. Alors que sort une ligne d’eaux aux noms de membres de la famille*, Christine d’Ornano nous parle de transmission, de l’ADN de Sisley, et du chic français.
FEMINA La plupart des familles célèbres protègent leur intimité, vous avez choisi de mettre en scène la vôtre, notamment avec cette nouvelle collection de parfums…
Christine d'Ornano Oui et non, ce ne sont que des noms, celui de mon père, de ma fille, ou de ma nièce, sans mettre en avant les personnes. On trouvait cela amusant, pour ces Eaux Rêvées. En principe, on donne à ses enfants des prénoms qui nous plaisent, et nous les avons repris pour les parfums, dans cet esprit. Les filles n’ont pas été impliquées dans le processus de création. Elles apparaissent dans le film publicitaire de manière floue. La journée du tournage, on s’est amusés comme des fous, avec ma nièce Daria qui est responsable de l’aspect création, on est tous ensemble, comme des vacances. Mon frère tenait à ce qu’il y ait de la distance, contrairement au film pour notre Eau de Campagne où nous apparaissons toutes et tous, dans notre vraie cadre de vie.
Cela ne vous dérange pas de vous exposer ainsi?
Ça m’amuse! Comme nous sommes une entreprise familiale, on a toujours utilisé la famille pour promouvoir la marque. Je connais bien l’aspect commercial, j’ai lancé la filiale mexicaine puis je me suis occupée de la filiale anglaise pendant longtemps, en m’occupant également de l’image de la marque. J’apparais souvent dans les médias, mais toujours dans le cadre de Sisley.
C’est normal qu’on parle ensuite de leur utilisation, de nos routines, etc.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres marques de beauté françaises?
Il y a peu ou pas d’entreprise 100% familiale de cette taille. On n’a pas d’actionnaires, tout est aux mains de la famille. Ma mère (ndlr: 85 ans) travaille toujours dans le développement produit, mon frère dirige l’entreprise.
C’était une évidence pour vous d’intégrer la société familiale, à 24 ans?
Alors non! J’ai fait des études aux États-Unis, de littérature et d’économie. Après l’université, j’ai travaillé dans la mode, à New York, et je comptais y rester car cela me plaisait énormément. J’ai commencé à envoyer mes CV, mais mon père m’a dit «j’ai vraiment besoin de toi, il faut que tu rentres». Je comprends ça très bien parce que maintenant, j’ai des enfants qui partent étudier à l’étranger et je me dis qu’il faut absolument que je trouve un moyen de les faire rentrer. L’entreprise était beaucoup plus petite à l’époque. Mon frère y travaillait déjà et mon père adorait l’idée de travailler en famille.
À quoi ressemblait votre enfance?
J’ai littéralement grandi avec Sisley, car la marque a le même âge que moi. Mon père avait déjà une entreprise de cosmétiques auparavant, qu’il avait vendue, pour lancer sa propre affaire, 100% privée, sans actionnaires. Il avait déjà 50 ans, et cinq enfants, et c’était un challenge. Il a demandé à ma mère de travailler avec lui. Je me souviens de mes premiers jobs dans la boîte à 9-10 ans, on mettait des courriers dans des enveloppes, mon frère a tenu le standard, on a toutes et tous travaillé dans les grands magasins. C’était amusant parce que ma fille qui a eu son bac en juin dernier a travaillé sur le corner de Harrods durant l’été, et elle a adoré.
La troisième génération est sur les starting-blocks?
Alors je les encourage beaucoup à voir d’autres horizons avant. Si on rejoint une entreprise familiale, on a tendance à ne plus en partir. Mieux vaut faire des choses avant. C’est très bien de faire des stages, d’apprendre plein de choses grâce à cela, mais ce n’est pas du tout automatique d’intégrer la société.
Vous avez vécu dans plusieurs pays, comment expliquer le mythe de la Parisienne, vu de l’étranger?
Je me pose souvent la question! Je pense que c’est l’équilibre entre prendre soin de soi et rester naturelle. Les femmes anglaises sont plus dans l’excentricité. La femme française se maquillera peu, sauf un rouge à lèvres rouge, avec la peau nue. Elle portera des talons mais d’une manière très décontractée, pas apprêtée.
Les Françaises soignent beaucoup leur peau, et ce soin se transmet de mère en fille. On a vraiment cette culture d’aller chez l’esthéticienne. Cela fait partie de l’hygiène de vie.
Avec un verre de vin quand même!
Oui, un verre! Mais pas huit! Un petit peu de dessert aussi! Ça aussi, ça fascine souvent les étrangers! Mais surtout, cette transmission du soin de soi.
* L’Eau Rêvée d’Hubert, eau de toilette, Sisley, 160 fr. les 100 ml. Aussi dans la collection: L’Eau Rêvée d’Alma, d’Eliya, d’Isa, d’Ikar et d’Aria.
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