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Témoignage: À 18 ans, elle danse au Théâtre de Beaulieu

Témoignage: À 18 ans, elle danse au Théâtre de Beaulieu

Cet automne 2024, la jeune danseuse classique Ilenia Orlando s’envolera pour Londres.

© ANNE-LAURE LECHAT

Elle marche d’un pas assuré, Ilenia Orlando. Du pas de celles et ceux qui continuent à avancer quand la tempête se lève, même s’il faut alors redoubler d’effort, échine courbée face au vent. Les 25, 26 et 27 avril 2024 au Théâtre de Beaulieu et devant des milliers de spectateur-rice-s, la jeune danseuse classique de 18 ans tiendra un des rôles principaux dans Aladdin au pays des Mille et une Nuits, spectacle de fin d’année de la filière danse-études de Lausanne (AFJD). Inquiète? Plus à l’idée des proches examens du baccalauréat que du feu des projecteurs:

«J’angoisse énormément pour l’école, alors que j’ai plutôt de bonnes notes. Mais je ne stresse jamais quand je monte sur scène: c’est une joie pour moi d’incarner un personnage, de sortir de ma vie pour un soir et de voir le public apprécier!»

Cerise sur le gâteau, Ilenia dansera dans Aladdin un pas de deux avec son petit copain Noah Gilliéron. «C’est bizarre que le travail se glisse dans ma première relation amoureuse. Il faut réussir à nous suggérer mutuellement des corrections pour nous améliorer, mais gentiment, pour ne pas nous embrouiller. Je comprends pourquoi certains danseur-euse-s sont ensemble.»

Ce spectacle revêt une importance particulière dans le parcours d’Ilenia: alors qu’elle n’avait que 9 ans, il a constitué le déclic qui l’a décidée à suivre la filière danse-études à Lausanne et non ailleurs: «Habitant Jouxtens-Mézery, j’aurais pu choisir Yverdon. Mais avec ma maman, nous étions venues voir le spectacle Peter Pan: nous avions trouvé incroyable l’interprète principal, Lukas Simonetto! De là est venue mon envie de m’inscrire à l’AFJD. Lukas, lui, a été pris aux Ballets de Monte-Carlo (dès la saison 2023-2024 pour le jeune Vaudois, ndlr), l’une des meilleures compagnies du monde que je rêverais aussi d’intégrer!»

C’est au retour d’un voyage en famille aux USA que sa mère reçoit le message vocal l’informant que sa fille est prise à l’AFJD. «Elle m’a réveillée à 9 h du matin. J’étais tellement heureuse. Le meilleur remède que j’aie jamais connu contre le jet-lag!» lâche-t-elle dans son sourire franc. Ilenia a intégré cette formation en 7e Harmos et y est donc restée jusqu’à la fin prochaine de son gymnase, étudiant le matin, dansant l’après-midi jusqu’à 19 h avant de rentrer manger et faire ses devoirs. «Heureusement, j’ai de la facilité scolaire, donc j’essaie de me coucher vers 22 h 30 plutôt que d’étudier jusqu’à minuit.»

Indéfectible soutien maternel

Son parcours a commencé à l’âge de 4 ans et demi à l’école Igokat, à Lausanne, fondée par Kathryn Bradney (actuelle directrice du Prix de Lausanne). Vocation précoce? «En fait, c’est plutôt un cliché: ma mère avait inscrit mes grands frères au foot et moi à la danse.» Seule Ilenia y trouvera son bonheur, les garçons s’étant tournés ensuite vers d’autres disciplines. Cette mère sportive et gestionnaire de fortune constitue un pilier pour sa fille: «Sa plus grande frustration est qu’elle voulait faire médecine, mais que son père s’y était opposé. C’est pour ça qu’elle me permet de vivre ma passion et qu’elle a convaincu mon père de me laisser étudier à l’AFJD – lui était plus dubitatif que j’aie moins d’heures de cours en raison des horaires aménagés.»

Une maman soutenante, mais pas seulement: «Je sais que c’était dur pour elle de devoir me secouer lorsqu’elle me voyait pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais des fois, c’est important d’être brusquée! Cela m’a permis de développer un caractère travailleur et assidu.» Même si les difficultés ont émaillé le chemin.

«L’année dernière a été très compliquée pour moi. J’étais pleine de doutes. Je me disais que je n’y arriverais jamais.»

Fine, elle doit s’astreindre à du renforcement musculaire et prendre des cours particuliers avec un danseur du BBL pour être plus ferme sur ses pointes. «La directrice et les profs de l’AFJD m’ont soutenue. Ils et elles m’ont donné la force. Quand on danse, on est mis à nu. Ils et elles savent donc très vite si on va bien ou pas. Je mesure la chance que j’ai eue d’étudier ici quand j’entends une copine me raconter les horreurs qu’elle a vécues à la Tanzakademie de Zurich, qui l’ont traumatisée! Ici, les profs nous poussent, nous crient parfois dessus, mais sont toujours bienveillant-e-s.»

L’an dernier, Ilenia a transfiguré sa mauvaise passe en remportant en France le Premier Prix régional du CND (Confédération nationale de danse). Dès l'automne 2024, elle poursuivra ses études à la Royal Academy of Dance, de Londres: «Jusqu’à présent, un week-end à Londres était mon cadeau d’anniversaire préféré, qu’on m’a offert plusieurs fois. Il va falloir trouver autre chose puisque j’y serai déjà!»

Aladdin au pays des Mille et une Nuits, les 25, 26 et 27 avril 2024 au Théâtre de Beaulieu, Lausanne (de 10 fr. à 50 fr.), monbillet.ch

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