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«Samaritaine, je fais de l’humanitaire de proximité»
Pour certains, l’image du samaritain correspond encore à celle d’une dame un peu âgée, bien gentille mais pas toujours très compétente, qu’on rencontre en cas d’urgence sur les postes sanitaires des manifestations sportives ou culturelles. La réalité sur le terrain est aujourd’hui tout autre. La qualité des prestations en premiers secours que nous offrons est à la hauteur des besoins des organisateurs et conforme aux exigences des associations faîtières de sauvetage.
Et puis, le nom samaritain a d’abord une connotation religieuse, celle d’assister son prochain comme le Bon Samaritain de la Bible, qui accorde aide et miséricorde à celui qui est dans le besoin. Ce nom peut aujourd’hui surprendre et faire sourire, mais l’essence de la mission reste la même: avoir le souci d’autrui, porter secours et assistance aux personnes blessées ou malades de façon bénévole.
Empathie et amitié
Devenir samaritaine a été pour moi une évidence. Je suis née et j’ai grandi en Bretagne. Issue d’un milieu modeste, petite-fille de paysan et fille d’ouvrier, j’ai toujours été sensible aux autres et aux situations d’injustice. Après des études d’infirmière, la curiosité et l’envie de découvrir de nouveaux horizons m’ont menée en Suisse. J’ai exercé ma profession pendant plusieurs années aux Hôpitaux universitaires de Genève.
Après la naissance de mes deux enfants et l’ouverture du cabinet médical de mon mari, à Payerne (VD), toute la famille s’est installée dans la Broye fribourgeoise, que j’ai découverte au travers de mes déplacements professionnels dans le service de soins à domicile dans lequel je travaillais alors.
Je me suis donc engagée dans le mouvement samaritain il y a une dizaine d’années, lorsque j’ai cessé d’exercer mon métier d’infirmière. À l’époque, quelques amies m’ont demandé de rejoindre leur groupe de marche. Parmi elles, quelques-unes étaient et sont encore samaritaines. On parlait de leurs interventions, de leurs activités et elles m’ont assez simplement proposé de me joindre à elles. Voilà comment ça a commencé, pour moi comme pour beaucoup d’entre nous. On devient souvent samaritain par amitié.
Samaritain ou le don de soi
Rapidement intégrée dans la section, j’ai bénéficié d’une formation pour devenir monitrice et pour gérer, avec deux autres collègues, la formation en premiers secours des samaritaines de mon village. Je fais actuellement partie non seulement du comité de la section, mais également de celui de l’Association cantonale fribourgeoise des samaritains, dont je suis l’actuelle présidente. Être samaritain c’est donner de soi, c’est valorisant et nous avons un vrai rôle dans la société.
Nous sommes nombreux et formons un réseau de bénévoles qui savent comment se comporter en situations d’urgence, qu’elles soient bénignes ou vitales. Plus il y a de personnes formées aux premiers secours, meilleures seront nos chances de survie et celles de nos proches.
En Europe, les services bénévoles de premiers secours portent le nom de la Croix-Rouge. La Suisse est le seul pays où, bien que rattachés à la Croix-Rouge helvétique, nous restons autonomes dans notre fonctionnement. Nous pouvons intervenir dans bien des situations privées ou publiques. Cependant, notre action la plus visible aux yeux du public reste celle que nous effectuons sur les postes médicaux sanitaires mis en place lors d’événements qui entraînent des rassemblements de population.
Nous sommes aussi compétents pour assister les professionnels de la santé en cas de contagions, d’accidents majeurs ou de situations de catastrophes. Il n’y a pas d’âge pour faire partie des Samaritains, on peut intégrer nos groupements de jeunesse dès 7-8 ans.
Secouriste… j’aime beaucoup ce terme, car il renvoie à un côté humain. Une fois les connaissances acquises, on reste secouriste samaritain en toute situation, même hors activité de postes sanitaires. Quand ma voisine organise une fête pour l’anniversaire de sa fille et que l’une de ses invitées fait une vilaine chute, c’est moi que sa maman appelle pour aide et conseils.
Stress et bienveillance
Je me souviens d’une de mes premières expériences de poste sanitaire sur le cortège d’un giron très festif. Nous avons, à deux, dû prendre en charge plusieurs personnes en état d’ébriété avancée au point d’arrivée du convoi des chars et nous assurer que l’on s’occupait de tous. La situation aurait pu devenir catastrophique, heureusement, tout s’est bien terminé grâce à l’aide et au bon sens de tous, service de sécurité compris.
Savoir parler à des jeunes qu’il nous arrive de connaître parfois, toujours avec bienveillance, jamais de jugement moralisateur. D’autant que, parfois, nous ne connaissons pas l’origine du malaise ou de l’accident. Lors d’une autre fête de jeunesse, un homme a été amené au poste de secours par la sécurité. Nous avons constaté son état comateux, l’avons installé en position latérale de sécurité et appelé le service d’ambulance. Son état se dégradait et jusqu’à l’arrivée des secours professionnels, nous sommes restés très vigilants. C’est toujours un stress de s’occuper de quelqu’un qui ne répond pas, dont on sent qu’il est en danger, même si nous connaissons les gestes de réanimation.
Quand nous les prenons en charge, les gens nous racontent souvent leur vie, ils sont très touchants et reconnaissants. Être samaritaine, c’est vraiment quelque chose qui compte. Quand on le devient, on le reste pour toujours.