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Notre amour a été le plus fort

Notre amour a été le plus fort
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Dans une enquête récente de l’OFS, 94% des femmes interrogées souhaitent avoir des enfants, et cela fait partie des projets des jeunes couples de manière générale. Mais les statistiques montrent que ce vœu n’est pas toujours réalisé, pour différentes raisons.
Dans le cas de Claudette et Norbert, c’est parce qu’ils ne sont pas compatibles. Alors que la nature leur suggère de se séparer, comme s'ils n'étaient pas faits pour être ensemble, comment le couple a-t-il réussi à survivre?

Les coups durs après le coup de foudre

Ils se sont rencontrés à 19 ans, «ça a été un vrai coup de foudre», confie Claudette avec le sourire d’une jeune amoureuse, comme si c’était hier. Ils se sont mariés en 1993, et fonder une famille a toujours fait partie de leurs projets: «j’en voulais quatre minimum», dit-elle en riant.

Deux années durant, ils ont essayé de faire un enfant, en vain. Une amie du couple les a alors dirigés vers le Dr Pache à Clarens (clinique de la Prairie). Claudette et Norbert ont dû passer des tests pour savoir si un des deux (ou les deux) était stérile. Les résultats sont arrivés et ni l’un ni l’autre n’était infécond, ce qui a animé non seulement l’optimisme du médecin, mais aussi celui du couple.

Premières étapes: prise de température et stimulation hormonale
Comme tout fonctionnait d’un côté et de l’autre, les conjoints passent d’abord par cette phase peu aguichante où la femme doit prendre tous les jours sa température pour savoir quand est-ce que l’ovulation est à son maximum. Si ça ne fonctionne pas, la prise de médicaments est nécessaire. Une rigueur sans faille est capitale, «j’ai trouvé ça un peu longuet» commente Claudette. Lorsque le moment propice est repéré, il faut faire l’amour, et «c’est pas très romantique…heureusement, ça aide d’être amoureux», confie-t-elle. Mais les essais sont restés infructueux.

L’insémination artificielle
Pour stimuler les ovaires, Claudette devait se piquer tous les jours et effectuer des prises de sang quotidiennes. «C’est très astreignant et il faut être ultra disponible. Pas facile lorsqu’on travaille.»

Fécondation in vitro
Lorsque les autres solutions échouent, on passe à la conception in vitro pour laquelle le développement des ovocytes est à nouveau favorisé par des injections et prises de sangs quotidiennes. Ces derniers sont prélevés sous anesthésie et mis en contact avec le sperme à l’extérieur du corps de la femme. Lorsque l’on ne peut pas procréer comme les autres, «il est important de savoir mettre son égo de côté» selon eux.
L’équipe médicale les encourageait car «tout était parfait», se souvient le couple. En effet, toutes les conditions étaient réunies pour que la fécondation fonctionne. Tout le monde reste optimiste, ce qui amène Claudette et Norbert à une dernière solution, qui doit forcément fonctionner.

Dernière solution: l’ICSI

L’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde (ICSI) est une technique où le sperme est directement mis dans un ovule mature par microinjection. De nouveau, le couple doit être très disponible, très rigoureux. Il faut attendre que les embryons se développent, ce qui s’avère un des moments les plus éprouvants: «l’attente, c’est difficile. Avec les piqûres, les prises de sang etc., on est toujours en mouvement, continuellement occupés. Mais attendre c’est compliqué.»

Arrive la décision de s’arrêter là
De nouveau, leurs espoirs sont déçus. Ce n’est qu’alors, à la fin du processus, qu’ils ont compris que c’était une question d’incompatibilité.
Claudette confie que suivre tout ce déroulement technique était passionnant. Elle aurait d’ailleurs continué s’il le manque d’argent ne les avaient pas freinés. Le processus coûte vraiment cher en plus d’être contraignant: «c’est des prix de fou!» explique le couple. «C’est difficile pour des jeunes gens d’origine simple»: nous n’avons pas tous les mêmes chances lorsqu’il faut faire face à ce problème. Aussi, lors de sa dernière narcose, un incident technique est survenu, «ça n’a peut-être pas été fait correctement», et Claudette a vécu un moment difficile. Son mari évoque alors à quel point il a été dur d’observer sa femme endurer ça: «je voulais plus la voir comme ça, je voulais plus qu’elle souffre».

Ils ont parlé d’adoption, mais ni l’un ni l’autre n’était vraiment motivé, or «pour adopter, il faut être dedans à 200% et ce n’était pas notre cas». En plus, «il y a une routine qui s’installe, la vie à deux que se fait et elle est agréable», fait remarquer Norbert. Ils n’ont donc pas ressenti le besoin d’avoir des enfants à tout prix. «On n’a pas de regret, on a essayé, pas pu», disent-ils avec sérénité.

L’amour est plus fort que tout

Avec le fatras médical et l’implication de personnes extérieures (docteurs, infirmières, proches, etc.), on peut se demander comment le ménage ne se perd pas de vue. C’est souvent le cas, «un couple que l’on a connu, pourtant uni, n’a pas tenu le coup», expliquent-ils.

Reconnaître le rôle capital du mari
Claudette a toujours eu un caractère de battante, qui ne baisse jamais les bras. Elle rayonne de cette énergie positive et contagieuse qu’ont les personnes optimistes. Norbert, de son côté, a été un soutien indéfectible. Il dit que «c’est elle qui a tout fait» (les piqûres, les prises de sang, les anesthésies, etc.), mais celle-ci ne sous-estime pas la part de Norbert dans le processus. Certes, c’est la femme qui doit prendre les médicaments, subir les interventions médicales etc., mais sa présence, son aide et son soutien ont été tout aussi importants que les étapes suivies par sa compagne. «Que le mari participe, c’est ça mon conseil», souligne Norbert.

Ne pas laisser la rancœur s’installer
Il est capital de toujours garder le moral, et ça se fait à deux: «on a été fusionnels, on s’est soutenus l’un l’autre… et puis il y a la communication. Il a fallu beaucoup de dialogue, entre nous, mais aussi avec l’extérieur». Étonnamment, le couple s’accorde à dire que «le fait d’être tous les deux fertiles, a permis de ne pas culpabiliser et de ne pas reprocher la situation à l’autre.» Cet élément les a en fait soudés au lieu de les éloigner, il n’y a donc pas d’aigreur.

En parler
Dans une société où fonder une famille est très souvent un but, un mariage sans enfants est difficile à imaginer, et peut entraîner des incompréhensions. Claudette explique que sans dialogue, il peut y avoir des malentendus qui conduisent à des conflits: «c’est possible qu’on ne me transmette pas de faire-part de naissance par peur de me rendre triste, mais ce qui me fait mal, c’est plutôt qu’on ne m’en ait pas envoyé.» De la même manière, il faut communiquer avec ses proches, car «ce sont eux qui ont été les plus affectés». Les gens extérieurs au couple, sont souvent gênés, ou désolés, alors que Claudette et Norbert ont toujours été très heureux. C’est donc très important de parler.

S’ouvrir aux autres
N’étant pas aigris, ils n’ont jamais été jaloux, ou envieux des couples avec enfants, et par conséquent ils ne se sont pas renfermés. «C’est le contraire en fait», explique ironiquement Claudette, «j’ai des amies mamans qui me confient qu’elles m’envient… elles disent "mais regarde la vie que t’as"». Aussi, leurs neveux et nièces les ont comblés, sans pour autant remplir un manque, car le couple n’a pas projeté sur eux des enfants qu’ils n’avaient pas, «mais c’est sûr que ça peuple la maison» explique Claudette en riant.

Ce qu'il faut retenir de leur histoire

«C’est la vie, il faut voir ce que tu as et pas toujours se focaliser sur ce que t’as pas», disent-ils avec sagesse.

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