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C’était le mois de juillet 2012 et je n’avais pas de projets de vacances. Je me trouvais dans une situation amoureuse compliquée qui durait depuis quatre ans et à laquelle je ne voyais pas d’issue. Je n’ai donc pas hésité longtemps quand Pascale, une amie et collègue, m’a invitée à la rejoindre dans la maison qu’elle loue à l’année sur une petite île dalmate.

J’ai pris un billet aller-retour pour une semaine, histoire de me détendre. A Silba, c’est parfait, il n’y a pas grand-chose à faire à part papoter, traîner sur les terrasses ou à la plage. C’est justement sur la plage, le deuxième jour, que je l’ai vu.

Un vrai coup de foudre

J’étais allongée avec Pascale et une amie à l’extrémité d’une crique. Il est apparu de l’autre côté en compagnie d’un garçon. Je l’ai fixé, il m’a fixée. Le monde aurait pu s’écrouler, j’étais fascinée par sa silhouette, sa démarche, son allure. Je me souviens juste d’avoir soufflé: «Voilà ce que j’appelle un homme parfait.»

Je ne savais pas s’il était du coin, s’il parlait ma langue, s’il était libre, je ne savais rien. Soudain j’ai entendu Pascale me dire: «Je ne peux pas te laisser béate comme ça!», et elle s’est levée alors que les deux garçons s’approchaient lentement de nous. Je me suis sentie devenir cramoisie. Elle a fait mine de les prendre pour des gens qu’elle connaissait puis s’est excusée en croate. Ils se sont mis à parler, toujours en croate, tandis que moi, toujours cramoisie, je restais sur ma serviette. C’est lui qui, ensuite, en anglais, a proposé qu’on aille tous ensemble à la buvette.

Il était beau, très grand, des yeux verts, la peau mate…

Nous sommes allés nous attabler et il m’a semblé que mes joues reprenaient leur couleur. Pascale a alors demandé à cet homme s’il ne pouvait pas se pousser vers moi pour qu’elle puisse avoir plus d’air! Il s’est donc rapproché et nous avons commencé à discuter. J’ai appris qu’il s’appelait Ugren, qu’il avait un diplôme en économie et une entreprise à Zagreb. J’ai dit deux, trois choses sur moi. Et il m’a donné rendez-vous pour le soir même.

Oups! Et s’il était un gros dragueur de touristes? Et s’il voulait me piéger? Et si, et si? Ce n’est absolument pas dans mes habitudes de suivre un inconnu, mais là j’ai accepté. L’envie, la curiosité l’ont emporté sur mes craintes. Et puis mon autre amie a été d’accord de jouer les chaperons. Le soir venu, elle a vite été rassurée! Et elle s’est éclipsée au bout d’une demi-heure, nous laissant à nos discussions et… à nos premiers baisers.

Après une semaine de balades en mer et de découvertes, il a fallu se dire au revoir

Je suis montée dans mon avion. Et j’en avais gros sur le cœur quand je me suis retrouvée le samedi, à Genève. Au fond de moi, je savais que notre histoire pouvait aller plus loin. C’était la première fois que je craquais pour un parfait inconnu, pour quelqu’un qui n’était pas, comme on dit, recommandé par une connaissance. Mes relations précédentes étaient nées à l’uni ou sur mon lieu de travail, dans un contexte rassurant, mais cela avait été peu concluant. Un signe? Je me suis dit que puisque ça n’avait jamais marché avec un Suisse de chez Suisse il fallait que je poursuive… et que j’y retourne.

Le lundi, au bureau, je suis allée voir mon chef et je lui ai dit qu’il me fallait immédiatement une semaine de vacances supplémentaire. Il a dit oui. Le mardi à 18 h, j’étais dans l’avion, à 20 h, j’arrivais en Croatie. Le temps de prendre un taxi, le bateau, et me revoilà à Silba. J’ai appelé Pascale qui, ravie, m’a dit de venir poser ma valise. Cela fait, je me suis dirigée vers la plage où je savais qu’il jouait au beach-volley. En chemin, j’ai éprouvé un pincement d’angoisse. Et s’il n’était pas content de me voir? Et s’il en avait séduit une autre? Je suis parvenue au bord du terrain, il m’a vue. Surprise. Il a tout lâché et s’est précipité, m’a prise dans ses bras. Il a souri: «Personne n’a jamais fait ça pour moi!» Et tout a repris, les balades, la musique sur les terrasses, les parties de pêche, la dolce vita.

A mon deuxième départ, nous ne nous sommes rien promis

Au mieux, l’histoire continuait, au pire, j’aurais vécu de belles vacances et réglé le sort de ma relation compliquée. A la fin août, il a retrouvé Zagreb où il vivait, et on a commencé à skyper, puis à s’organiser des week-ends. A Lausanne, à Paris, à Venise, à Zagreb. On se voyait au minimum une fois par mois. On se rendait compte qu’on avait beaucoup de choses en commun. J’avais imaginé que communiquer en anglais serait un handicap, eh bien non! Cela semblait même bénéfique car l’on devait préciser ce qui n’était pas clair, évitant ainsi les malentendus. Au bout de six mois, on s’est demandé où vivre ensemble. Nous avons été rationnels et pragmatiques. Où était le meilleur niveau de vie? La plus forte probabilité d’avoir un travail chacun? Nous avons opté pour la Suisse.

Tandis que mon père m’avait soutenue depuis le début, mes amies ont enchaîné les rengaines: «Il n’en veut qu’à ton argent», «tu ne l’as connu qu’en vacances, ça ne tiendra jamais»… Je suis très proche de mon père, il est la première personne que j’avais appelée pour lui annoncer que j’étais amoureuse. Aventurier dans l’âme, il m’avait dit: «Si tu penses être sûre de toi, fonce!» Ugren a tout quitté pour moi. Le Noël précédant sa venue en Suisse, il m’a demandée en mariage. Nous étions chez ses parents à Belgrade et j’ai tout de suite appelé papa. Onze mois après notre rencontre, nous étions mariés, civilement, pour qu’il ait le permis B. Et il apprenait le français.

La dolce vita, ce n’est plus vraiment ça!

Je travaille à plein temps, je suis pendulaire. Pour lui, au début, les journées étaient longues. Il s’est retrouvé face à une culture et une mentalité très différentes des siennes. Pas facile d’exister devant des Suisses méfiants qui confondent tous les peuples de l’ex-Yougoslavie... Il est retourné deux, trois fois voir ses amis à Zagreb et il a finalement décroché un travail ici, toutefois en dessous de ses compétences.

Mais peu à peu il fait sa place, et cet été 2014 nous fêtons deux événements. D’abord notre mariage, en Croatie, avec nos deux familles et nos amis d’ici et là-bas, et puis… je ne vais pas tarder à accoucher d’un petit garçon! L’an prochain, le petit verra Silba, et, de la maison familiale, nous irons rendre visite à Pascale…

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