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Je suis Miss Ronde Suisse romande

Web guillaume megevand

«Grâce à cette victoire, je souhaite absolument aider les filles complexées à s’aimer, et à croquer la vie à pleines dents. J’estime que la femme ronde n’est pas suffisamment représentée dans notre société, et que cela ne peut plus durer.»

© Guillaume Mégevand

J’ai entendu parler du concours «Miss ronde» pour la première fois l’année dernière, lorsqu’une amie proche m’a vaguement décrit le concept. Elle était convaincue qu’il était complètement fait pour moi, si bien qu’elle n’a cessé de m’encourager à y participer. J’ai pensé qu’elle finirait par oublier cette histoire, et que j’y échapperais, mais elle est revenue à la charge, plus décidée que jamais. J’ai donc fini par m’y intéresser de plus près, et je me suis parfaitement reconnue dans les critères du concours: il fallait avoir entre 18 et 35 ans, être de nationalité suisse, posséder une certaine aisance dans l’expression, et porter les tailles 46 à 58. J’étais bien dans ma peau, je me sentais prête à me lancer dans ce challenge. Je me suis inscrite au casting.

La sélection s’est déroulée au beau milieu d’un centre commercial. Je me sentais très nerveuse: défiler dans un endroit aussi rempli de monde était un réel défi. Malgré le stress, je suis restée assez confiante, car je m’étais bien préparée à répondre aux questions du jury. Je suis une femme très coquette, et positive. Je pense que cela ne se voit pas de prime abord, mais sous une apparence douce et posée, je cache un vrai caractère de lionne. Je suis un peu le pilier de la famille: c’est toujours vers moi que se tournent mes proches, lorsqu’ils ont besoin de soutien ou de réconfort.

Quelques jours après le casting, Prune Moeckli, directrice du concours, m’a contactée pour m’annoncer que je faisais partie des 17 candidates sélectionnées. C’était un dimanche, je déjeunais avec ma famille, mon frère, ma belle-sœur, mes neveux… Tout d’un coup, le téléphone a sonné, je suis sortie un instant pour répondre. Quand je leur ai annoncé que j’allais participer à «Miss ronde», ils ont poussé un grand cri de joie. J’ai l’impression qu’ils étaient encore plus motivés que moi!


© Miss Ronde

«Chère Marlène…»

L’aventure se déroule sur sept mois. Elle n’impose pas d’épreuves éliminatoires, mais comprend de nombreuses étapes, des cours ou des conférences, dont l’objectif est de se dépasser et d’apprendre à mieux se connaître. Je me souviens notamment d’une journée qui m’a particulièrement marquée: nous étions toutes conviées au fameux «shooting emotion». Lors de cette séance photos très particulière, nous devions rédiger une «lettre d’amour» à l’attention de nous-mêmes. Dénudées, de dos, nous lisions à haute voix ce texte devant un mur sombre, tandis que les phrases s’affichaient sur notre peau, au moyen d’un rétroprojecteur. J’étais un peu déboussolée. Cet exercice difficile m’a aidée à réaliser pas mal d’aspects de ma personnalité que j’avais enfouis tout au fond de moi, et m’a libérée de certaines blessures passées qui me hantaient encore. A partir de ce moment-là, je me suis enfin dévoilée auprès des autres candidates.

J’ai malheureusement perdu ma marraine durant le concours. Evidemment très attristée, j’ai bien failli quitter l’aventure. Mais mon caractère positif m’a poussée à gérer ce deuil de façon optimiste, et je suis tout de même allée jusqu’au bout du challenge. Ce décès m’a ouvert les yeux sur énormément de choses: je me suis rendu compte que je ne me sentais pas épanouie dans ma vie professionnelle, et j’ai finalement décidé de prendre une année sabbatique, histoire de me retrouver.

Dans le discours que j’ai prononcé durant la finale de «Miss ronde Suisse romande», j’ai justement parlé de ce décès, et de tout ce que le concours m’avait apporté. Au moment de me rendre sur scène, j’ai pris une très grande inspiration, me promettant de ne pas pleurer. Et j’y suis parvenue!

A la fin de la soirée, quand j’ai entendu le jury prononcer mon nom, j’ai été submergée par l’émotion. J’avais gagné! Je ne m’y attendais pas du tout, j’aurais été tout aussi heureuse d’applaudir une autre participante. Tous les membres de ma famille qui se trouvaient dans le public ont poussé un rugissement de joie. Ils étaient très fiers de moi.


© Miss Ronde / Black Rainbow Photo

Une place pour les femmes rondes

Grâce à cette victoire, je souhaite absolument aider les filles complexées à s’aimer, et à croquer la vie à pleines dents. J’estime que la femme ronde n’est pas suffisamment représentée dans notre société, et que cela ne peut plus durer. Le concours ne cherche pas à affirmer que nous sommes mieux que les minces, mais veut nous accorder une place qui ne nous a jamais été offerte auparavant.

Dans la plupart des magasins, je ne trouve jamais ma taille. Et je ne parle même pas de la «mission impossible» que représente la quête de jolis sous-vêtements, ou d’une paire de cuissardes qui nous vont! Même si on a accès à tout ce qu’il nous faut sur Internet, la ronde n’a pas sa place dans les rayons des boutiques. Nous, tout ce qu’on veut, c’est être une cliente normale, toucher le tissu, essayer des pièces, jouer dans la cabine d’essayage, participer au plaisir de la mode comme devrait pouvoir le faire n’importe quelle femme.

Heureusement, certaines boutiques proposent des produits adaptés à toutes les morphologies. Je pense notamment au concept store Caramel Beurre Salé, à Lausanne: c’est une véritable mine d’or! La ronde peut s’y rendre avec ses copines, même si elles sont minces, sans être reléguée au rôle de «porte-sac». Et trouver une botte haute que je peux fermer sans difficulté, c’est un véritable cadeau!

Oui, on peut dire que ce concours a brisé la coquille de protection dont je m’étais entourée, au fil des années. Je me sens libérée, épanouie et en paix avec moi-même. Et heureuse. Je l’étais déjà avant, mais à présent, je suis heureuse à plein temps.


© Miss Ronde / Black Rainbow Photo

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