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Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours voulu être coiffeuse. A 2 ans déjà, je faisais des shampoings à mes copines dans la baignoire. Si nous avions des invités à la maison, je leur brossais les cheveux. Et lorsque j’allais chez la coiffeuse avec ma mère, j’observais tous les gestes. Peigner, couper, dégrader. Quand j’ai reçu ma première tête à coiffer, j’étais la fillette la plus heureuse du monde!

A 10 ans, j’ai fait ma première vraie coupe sur ma tante. Elle voulait un dégradé et j’ai reproduit ce que j’avais vu en salon. Faire plonger les ciseaux vers le bas… Ce n’était pas parfait mais pas mal pour une première. J’ai enchaîné avec les cheveux de mes copines en leur faisant les pointes ou une frange. Les gestes me paraissaient naturels. Pour mes camarades, j’étais la coiffeuse de l’école. J’avais de bonnes notes, j’aurais pu faire des études, mais jamais je n’ai pensé à faire un autre métier. La coiffure c’est ma vocation. Mes parents m’ont toujours soutenue.

Concours

Quand j’ai démarré mon apprentissage dans un salon de coiffure, j’ai été déçue. Moi qui me voyais couper les cheveux de clients, il n’en était rien. Je devais d’abord regarder faire, nettoyer et aider. C’est la règle dans le métier. J’étais trop impatiente de pratiquer. D’entente avec ma responsable d’apprentissage – avec qui j’ai gardé de bons contacts – j’ai choisi de rejoindre l’Académie de coiffure de Lausanne. Là-bas, sous la supervision de formateurs, les apprentis font tout: du shampoing à la couleur, en passant par la coupe ou le brushing.

Je ne me suis jamais imaginée faire carrière en salon. Je pensais aux couvertures de magazines, aux défilés, aux plateaux de cinéma… mais pour percer dans un de ces milieux, il faut viser les sommets de la coiffure. A 16 ans, je me suis donc lancée dans un premier concours régional appelé Les Boucles du Léman. J’ai gagné l’épreuve de la coupe-brushing dans la catégorie apprentis et suis arrivée deuxième pour la coiffure fantaisie en catégorie professionnels, avec des coiffeurs qui avaient entre 25-30 ans. J’étais si heureuse!

La perfection comme mot d’ordre

Repérée par un membre de l’équipe suisse de coiffure, j’ai été invitée à assister à un entraînement. Je me rappelle avoir été impressionnée par le niveau de ces coiffeurs. En 2014, alors que j’arrivais en fin d’apprentissage, j’ai démarré les entraînements en équipe nationale une fois par semaine, à Zurich. L’année suivante, nous avons participé aux championnats d’Europe. Nous n’avons pas obtenu de médaille mais j’ai eu comme un déclic. J’ai travaillé dur, j’ai compris certaines techniques et j’ai appris à voir. Voir comment faire une coiffure et où la placer. Mon travail est devenu plus soigné. Je ne me l’explique pas vraiment mais, en trois mois, j’ai beaucoup progressé. On aurait dit que j’avais été touchée par une pointe de magie.

En 2016, j’ai enchaîné les concours et obtenu plusieurs titres junior: une médaille d’argent aux championnats du monde à Séoul, une autre d’or aux Boucles du Léman et une médaille d’or aux championnats d’Europe. Mon entraîneur m’a alors proposé de concourir dans la catégorie seniors, habituellement réservée aux plus de 24 ans. Pour moi, à 21 ans, c’était un honneur et une grande responsabilité. Je me devais d’être à la hauteur de sa confiance. Dès le mois de mars de cette année, j’ai cessé de travailler en salon pour me préparer aux championnats du monde de septembre à Paris.

Au palmarés 2017, une médaille d'or de championne du monde en équipe.

Du matin au soir, sept jours sur sept, je m’entraînais à la coupe et au chignon. A ce niveau de compétition, les coiffures sont dingues! C’est de la haute couture du cheveu. J’ai vécu au seul rythme des ciseaux, des épingles et des colorations, pendant des mois. Tout devait être parfait et rapidement exécuté pour le jour J car la victoire se joue au cheveu près. Avec l’équipe, nos modèles et nos valises pleines à craquer de matériel de coiffure, nous avons rejoint Paris le temps d’un week-end. Le premier jour, nous avons chacune dû faire la coupe sur des têtes à coiffer préalablement colorées. Le lendemain, après une courte nuit de sommeil de deux heures, l’épreuve du chignon nous attendait. Je ne sentais pas la fatigue, portée par l’effervescence du moment! Mes proches sont venus me voir le soir des résultats. Les récompenses ont été nombreuses: deux médailles d’argent et une médaille d’or en individuel et… la Coupe du monde en équipe!

Viser les étoiles

Je pensais m’arrêter une fois le titre suprême obtenu mais j’ai attrapé le virus. Je compte participer aux Mondiaux de 2018. Dans l’intervalle, j’ai pour projet de partir en Angleterre et en Italie pour perfectionner ces langues incontournables dans la mode. J’adore feuilleter les magazines ou regarder les défilés. Je ressens le besoin de créer pour des univers exceptionnels.

En vivant encore chez mes parents, je peux économiser et me concentrer sur les compétitions. Je m’exerce dans le salon. Les cheveux sur le sol, les sèche-cheveux, les pinceaux… un vrai chantier! Il y a encore une vingtaine de têtes à coiffer derrière le canapé. Ma chambre fourmille aussi de peignes, de ciseaux, de fers à lisser ou à boucler et d’un tas de produits.

Pour gagner de l’espace, j’ai même remplacé mon lit par un canapé-lit. Il n’y a pas de frontière entre mon travail et ma vie privée.

Le show débute

Pendant ces six mois d’entraînement intense, je n’avais pas de vie en dehors de la préparation aux Mondiaux. Heureusement, j’ai une famille et des copines géniales qui comprennent mon engagement. Bien loin de m’en vouloir pour mon indisponibilité, ma maman et des amies m’ont aidée à préparer les accessoires pour le concours. Plusieurs copines passaient chez moi pour discuter pendant que je répétais. C’est important de se sentir soutenue! J’ai déjà accompli pas mal de choses professionnellement et j’ai des plans clairs pour l’avenir.

Je suis un peu en décalage avec les filles de mon âge. Beaucoup étudient encore et certaines ne savent pas quel métier exercer. J’ai la chance inouïe d’adorer ma profession. Et la compétition m’a appris à repousser mes limites. Je vais mettre toutes les chances de mon côté pour atteindre mes objectifs. Le show ne fait que commencer.


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