Sexualité et critères esthétiques: La diversité est la norme

Dans la rubrique «inquiétudes se présentant dans la sexualité», nous retrouvons… les critères esthétiques! Si ces aspects pèsent déjà dans la rencontre de manière générale («suis-je encore de qualité sur le marché?»), ils peuvent envahir également l’espace de la sexualité – et pas seulement avec des pensées intrusives du genre «je ne vais pas me mettre comme ça, je vais avoir plus de bourrelets».

Les questionnements liés à l’apparence des organes génitaux («est-ce que ma banane est une bonne banane?», «est-ce que mon abricot est un bel abricot» ou «est-ce normal que ça ressemble à une amaryllis?») sont également très présents. Sur ce point-là, comme au marché et non au supermarché, il est bon de se rappeler que la variété est la norme! Fleur, fruit ou ovni (organe vivant nouvellement identifié), la vie est pleine de découvertes.

Des pressions à modifier l'apparence de son sexe

Cependant, la pression à l’esthétique, portée par le capitalisme et soutenue par les «supermarchés» (c'est-à-dire notamment le porno mainstream) ainsi que par un sexisme encore bien présent, vient nourrir les inquiétudes et encourage de nombreuses personnes à modifier l’apparence de leur sexe, et cela de plus en plus jeunes.

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Pour être «plus féminines», pour être «plus virils», on n’est plus «seulement» dans le choix de l’épilation ou non et de son type, mais dans des demandes d’interventions chirurgicales. Labio- et nymphoplasties deviennent banales, de même que les demandes de circoncision, pour que tout ce petit monde soit bien beau et lisse, symétrique, que rien ne «dépasse» ni/ou ne déborde. Quand bien même on vient ôter sans raison médicale des tissus sensibles, qui peuvent recevoir, voire faciliter, les caresses…

Il est urgent de diversifier les représentations, de leur rendre une réalité sans fard – ni blanchiment d’anus (car oui, c’est normal que cette zone soit plus foncée). S’amputer de ce qui complexe à cause des normes peut alléger une part de la peine psychologique, mais ça ne protège pas du corps qui évolue inexorablement.

Et si l’esthétique pouvait se trouver ailleurs? Il y a une esthétique du sexe dans l’art qu’il peut être. Dans la manière de toucher, de se laisser toucher, de se présenter à l’autre, de s’ouvrir. De briller, de mouiller, de jouir. Dans la façon de décorer autrui de ses baisers. Dans l’articulation des corps, des langues, des séquences. Il y a une esthétique des sens, de tous les sens, et non pas que du visuel. La beauté n’est pas uniquement dans l’œil de celui qui regarde, mais dans la main de celle qui touche, dans le cœur de ceux et celles qui s’ouvrent.