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Charline Vermont déconstruit la sexualité avec bienveillance

Orgasme et moi Charline Vermont nous parle de son livre DR

Sur son compte Instagram Orgasme et Moi, Charline Vermont combat des idées reçues autour de la sexualité avec beaucoup d'engagement, d'humour et de bienveillance.

© DR

Elle a le rire contagieux et n’a pas la langue dans sa poche. Depuis quatre ans et demi, sur son compte Orgasme et Moi, la Française Charline Vermont aborde, dans un cadre respectueux et sans jugement, les questions que tout le monde se pose à propos de la sexualité. Une de ses missions est de déconstruire la sexualité en lui apportant une dimension positive. La marque de fabrique de la formatrice en santé sexuelle est l’humour. Mais ce n’est pas pour autant que ses thèmes de prédilection, comme le consentement ou la santé sexuelle, ne sont pas sérieusement traités et sourcés. Masturbation, sex toys, libido, squirting, consentement, contraception, dépistage d’IST, témoignages, les questions abordées sont nombreuses et variées. On la sait très engagée et à l’écoute, autant dans son métier qu’auprès de sa communauté, qu’elle chérit particulièrement.

FEMINA En quoi consiste votre métier?
Charline Vermont
Je suis formatrice en santé sexuelle. Tout d’abord, j’enseigne à la Sorbonne à des professionnels de santé (médecins, sages-femmes, infirmiers, pharmaciens) qui passent un DU (diplôme universitaire) de santé sexuelle en formation continue. Puis, je suis intervenante en établissement scolaire, à la fois dans le secondaire et dans le supérieur, où j’aborde spécifiquement les questions autour du consentement et de la prévention des violences sexuelles. Et enfin, j’ai fondé Orgasme et Moi, c’est ce que j’appelle la partie d’éducation populaire, mais au sens noble du terme.

Pourquoi avez-vous lancé Orgasme et Moi?
Je voulais faire un contenu qui soit gratuit et accessible à un maximum de personnes. Sur Instagram, je propose des thèmes autour de l’éducation, de la santé sexuelle et du consentement dans une atmosphère joyeuse. Le rire est sans doute une des meilleures alliances pédagogiques qui soient. J’ai fédéré une troupe de plus de 700’000 personnes dans une démarche dynamique à la fois pédagogique, de partage et de non-jugement. Je pense qu’il y a finalement assez peu d’espace aujourd’hui, notamment sur les réseaux sociaux, où on peut autant s’exprimer sans jugement, donc c’est important. Il y a de la place pour tout le monde et on visibilise toutes les sexualités tout en essayant de sortir d’un schéma très normé. Ma communauté est composée de 30% de professionnels de la santé ou d’étudiants. C’est pour moi extraordinaire de les former autant sur le terrain que par le compte, afin d’en faire de meilleurs soignants.

Depuis le lancement d’Orgasme et Moi, quels thèmes liés à la sexualité ont évolué?
Clairement, il y a une prise de conscience au sujet du consentement. Je me rappelle quand on était gosses, dans les films qu’on regardait, on trouvait totalement normal de voir un homme rentrer dans une pièce, plaquer une femme contre une porte et l’embrasser, sans lui demander son consentement. Non seulement on trouvait ça normal, mais on trouvait ça sexy.

La culture du viol fait partie du monde dans lequel on a grandi. Quand on se rend compte que nos fantasmes sont en réalité des agressions sexuelles ou des viols, c’est long et très compliqué à détricoter.

L’autre thème concerne la prévention, à la fois autour du dépistage et de la contraception. À partir du moment où vous êtes disposés à avoir une activité sexuelle avec qui que ce soit, vous devez être à jour sur vos dépistages IST, c’est la base. Et ce n’est pas pour les couples au moment où on enlève le préservatif. Je rappelle que quasi tous les actes sexuels, y compris le sexe manuel et le sexe oral sont susceptibles de transmettre des IST.

Et la notion de plaisir?
Une sexualité épanouissante pour tout le monde est un point très important. Il y a un énorme travail à faire, notamment pour les femmes cis. Votre plaisir est aussi important que celui de votre partenaire.

Seulement 6% des femmes atteignent habituellement l’orgasme par seule pénétration.

À partir du moment où la pénétration phallo-vaginale est le centre des relations sexuelles, cela peut être extrêmement frustrant et décevant.

Sur le compte, on essaye de sortir de ces schémas qui, longtemps, ont été marqués par le patriarcat et dans un but reproductif.

Quel est l’objectif de ce livre?
Mon objectif est de vulgariser encore plus mes propos, notamment grâce aux illustrations de Stomie Busy. On a beau être sexuellement actifs depuis des années, il y a mille choses qu’on ne nous a pas dites. La réalité, c’est qu’on a tous, globalement, chopé des informations au fil de nos rencontres, expériences, conversations, par manque d’éducation. La valeur ajoutée maximale est évidemment pour les personnes qui sont au début de leur vie sexuelle et affective. C’est une manière de leur donner la possibilité de vivre tout ce qu’elles ont à vivre sans tomber dans les écueils, dont notre société est encore largement marquée, par exemple la norme cis hétéro, le patriarcat et une forme d’inégalité des genres.

Autour de quel sujet y a-t-il des idées reçues?
Je pense que les gens sont obnubilés par l’importance du sexe dans une relation. Pour beaucoup de personnes, un couple qui va bien, c’est un couple qui baise beaucoup. C’est une idée dont on a énormément de mal à se défaire. Pendant la lune de miel relationnelle, c’est normal d’avoir très souvent envie de sexe. Mais après les débuts, l’énergie d’une nouvelle relation s’amenuise, surviennent les variations hormonales de chacun, la contraception et les grossesses. De plus, vient souvent s’ajouter à cela la charge mentale, professionnelle, domestique ou parentale. Tous ces facteurs laissent très peu de place au désir. Et le désir a besoin de place pour s’exprimer. Le langage de l’amour se déclare de mille manières. On peut avoir des projets communs, sans que tout tourne autour du sexe. L’intimité et la complicité peuvent aussi contribuer au succès du couple. 

Corps, amour, sexualité: y’a pas d’âge pour se poser des questions!, Charline Vermont (Éd. Albin Michel). En dédicace à la Fnac de Lausanne le samedi 2 décembre 2023 de 15 h à 17 h.

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