Work, work, work
Comment moins se fatiguer au travail
«Il y a 10 ans, je n’aurai pas pu faire de formations sur l’organisation ou sur le burn out dans les entreprises. Mais aujourd’hui, elles commencent petit à petit à s’intéresser à l’épanouissement de leurs employés», analyse Florent Bouër, expert en gestion du temps. Certes, les mœurs changent. Mais le salarié, pour chantonner comme les sept nains de Blanche-Neige qui rentrent joyeusement de la mine, a encore besoin d’un petit coup de main. Par quoi commencer? L’auteur du «Manuel du fainéant ambitieux: 2 x plus de résultats en 2 x moins de temps» explique qu’au-delà des «trucs et astuces» pour se sentir bien au travail, l’important est de suivre une méthodologie qui s’inspire du bon sens, en commençant par se poser les bonnes questions. Suivez le guide.
Trouver le bon équilibre
Pour «ne pas gagner sa vie en vendant son âme», l’expert conseille, dans un premier temps, «de définir ses objectifs pro et perso, puis de les mettre en accord avec ses valeurs». Une tâche qui peut paraître simplissime, mais qui requiert une prise de recul régulière et surtout du temps.
Aussi, pendant une vingtaine de minutes par semaine (idéalement une demi-journée tous les six mois, ou un week-end par année), «on se pose des questions sur ce qu’on attend de son travail: les objectifs que je me suis fixés sont-ils atteignables? Qu’est-ce que j’ai envie de faire au quotidien? Ai-je besoin de me réorienter? Etc.».
Pourquoi est-il important de réaliser ce point avec soi-même fréquemment? «Comme on est amenés à faire des centaines de choix tous les jours, que ce soit pour sa vie pro et perso, le risque, à long terme, est de ne plus arriver à prendre des décisions en pleine conscience.» C.Q.F.D.
S’organiser pour faire face au quotidien
D’autre part, lors de ses formations, Florent Bouër entend souvent cette rengaine: «Mes priorités changent tout le temps, je ne peux pas m’organiser.» En réalité, un employé a la capacité d’éviter cette impression d’urgence permanente en fixant lui-même ses priorités aux quotidiens. «Beaucoup de gens sont empêtrés dans leurs problèmes, ajoute-t-il. Et les interrogations professionnelles peuvent nous préoccuper au point de nous empêcher de travailler.»
D’ailleurs, mieux s’organiser de manière globale, c’est aussi identifier ses activités à haut rendement (HR) chaque semaine, afin de ne pas perdre de vue les tâches importantes de son job et surtout de les accomplir avec succès.
Cela permet d’éviter la perte de sens ou de confiance en soi, mais aussi de lutter contre un manque de satisfaction. L’astuce: s’assurer de travailler dans un environnement aussi calme que possible pour exécuter ses activités à hauts rendements, ou fixer des plages horaires dans son agenda, comme on planifierait un meeting avec des collègues, afin d’être sûr qu’on pourra les réaliser.
Soigner son énergie
Évaluer son «temps toxique» grâce au test «diagno temps», éviter les interruptions physiques répétées, lutter contre le présentéisme: dans son ouvrage, l’expert en gestion du temps, compile en outre une flopée de pistes afin d’économiser son énergie. La première étape est de «comprendre comment elle fonctionne physiquement et mentalement, ajoute-t-il. Ce sont des choses qu’on a tendance à oublier: nos émotions guident nos actions au quotidien, puis elles fluctuent selon notre énergie.»
Par conséquent, plusieurs plans d’attaque s’offrent à nous: on peut par exemple «repérer dans la journée les laps de temps où l’on est le plus productif, ou se demander combien d’heures de sommeil nous sont nécessaires pour bien carburer.» En effet, pour garantir un bon niveau de performance, l’idée n’est pas de bosser tête baissée pendant 8 heures. Le conseil: travailler en sprint et s’accorder des vraies pauses. Une petite sortie, une lecture, une discussion avec les collègues qui ne concerne pas le boulot, etc. L’indice de la batterie qui se vide à vitesse grand V? «Quand on n’a pas envie de lâcher le job en cours mais que l’on n’arrive plus rien à faire» assure Florent Bouër. En résumé, il faut respecter ses propres limites et lutter contre notre culture qui nous répète que «si on ne souffre pas, c’est qu’on ne travaille pas assez.»
Ne plus être acteur de son burn out
Malheureusement, si on ne respecte pas ces recommandations, le corps, parfois trop harassé, lâche et le burn out débarque. «Quand on en est là, c’est que ça fait longtemps qu’on est trop exigeant envers soi-même, raconte Florent Bouër, dans mon cas, c’était ça. J’aime dire que j’étais acteur de mon burn out, et non victime. Bien sûr, on m’a aidé à en arriver là. Mais je plaide responsable.»
Pour lui, «en tant qu’employé, il faut se voir comme le chef de sa propre boîte: l’entreprise pour laquelle on travaille est notre client.» C’est-à-dire que si on ne sent pas prêt à honorer son mandat, ou de nouvelles responsabilités, on apprend à exprimer le non en justifiant ses choix, même si, parfois, le motif peut entraîner un départ. C’est un risque à prendre. «Personne ne nous pousse à devenir des poissons qui grimpent aux arbres», conclut Florent Bouër en parodiant la citation d’Albert Einstein.