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Un projet de loi sur le viol de mineurs scandalise la Turquie

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(Mise à jour: le mardi 22 novembre 2016, le gouvernement turc a annoncé le retrait du projet.)

Etre contrainte d’épouser son agresseur sexuel: l’idée fait cauchemarder, grimacer, frissonner d’horreur… Elle pourrait cependant devenir réalité en Turquie. Le jeudi 17 novembre 2016, le gouvernement turc a soumis au parlement une proposition de loi permettant de suspendre la condamnation pour agression sexuelle de mineurs, à condition que le coupable épouse sa victime.

Si le projet est accepté, il concernera tout auteur d’agressions commises entre l’année 2005 et mi-novembre 2016: les condamnés pour abus sexuels dont le cas correspondrait aux critères établis par la loi seraient alors remis en liberté. Quelques 3000 familles seraient concernées par ces mesures.

Sans étonnement aucun, le projet a soulevé de violentes controverses, beaucoup estimant qu’il augmentera drastiquement le nombre de viols commis dans le pays. Depuis la première lecture et l’approbation initiale du texte par le parlement, de nombreuses manifestations secouent la Turquie. Soutenu par le parti au pouvoir, l’AKP (Parti de la justice et du développement), le texte sera voté une seconde fois dans les prochaines semaines.


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Un projet mal interprété?

Immédiatement, des partis opposés tels que le CHP (Parti républicain du peuple) se sont offusqués, soulignant qu’une telle loi encouragerait les mariages forcés de mineurs.

Binali Yildirim, premier ministre turc et président de l’AKP, considère cependant que le projet de loi a été mal interprété par l’opinion publique. Pour lui, il s’agirait surtout d’une manière de gérer le problème des mariages forcés de mineurs, lequel est très répandu dans le pays.

D’autres défenseurs du projet auraient insisté sur la distinction des cas d’abus sexuels infligés à de «jeunes adolescentes» et ceux endurés par des «enfants beaucoup plus jeunes.» Outrés, des opposants se sont empressés de répondre que peu importe son âge, une mineure reste une mineure.

D’après Sumeyye Erdogan, fille cadette du président turc, la plus grande difficulté de cette loi serait de déterminer avec clarté ce qui implique l’usage de la force et ce qui découle du consentement.


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Colère et incrédulité

Tandis que le hashtag #TecavuzMesrulastirilamaz («Le viol ne peut pas être légalisé») envahit les réseaux sociaux, une pétition exigeant l’annulation du projet a déjà récolté plus de 600 000 signatures.

Dans les rues d’Istanbul et d’autres villes du pays, des milliers de militants brandissent des pancartes sur lesquelles ont été inscrits les mots «Nous ne nous tairons pas. Nous n’obéirons pas. Retirez ce projet de loi!» D’autres, ont choisi d’accuser directement le parti de la justice et du développement, en écrivant «AKP, retire tes mains de mon corps!»

Interrogée par la BBC, une femme venue manifester dans les rues de la capitale s’est exprimée ainsi: «Je suis une mère. Comment suis-je censée réagir à ceci? Je ne peux pas le croire, ce n’est pas normal, ça n’a aucun sens. Si je laisse quelque chose comme ça arriver à ma fille, si les mères de ce pays laissent cela arriver, alors nous ne sommes pas des mères.»

L’incrédulité, l’absence de mots justes pour décrire l’absurdité d’un tel projet, n’aurait pu être mieux résumée. Décidées à ne pas se laisser faire, les manifestantes féminines tiennent, toujours auprès de la chaîne britannique, un discours combatif: «Les femmes résisteront et envahiront les rues jusqu’à ce que cette loi, et d’autres du même genre, soient annulées!»

Retrait du projet

Le mardi 22 novembre 2016, le gouvernement turc annonce le retrait de ce projet de loi: le premier ministre prévoit de renvoyer le texte en commission jusqu'à ce qu'un projet plus «consensuel» soit mis sur place. Nous poussons un soupir de soulagement en apprenant cette nouvelle...


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