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Qui sont vraiment les membres des jeunesses campagnardes?

Qui sont vraiment les membres des jeunesses campagnardes

La série RTS Jeunesses! lève le voile sur cinq protagonistes qui se démènent au quotidien pour faire avancer leur société, malgré un emploi du temps déjà chargé.

© RTS

Irène, Damien, Robin, Joël et Lucie: cinq jeunes Vaudois-e-s ont été suivi-e-s par une équipe de la RTS pendant près d’une année. Leurs joies, leurs peines, leurs fêtes: tous ces moments de vie ont donné naissance au documentaire Jeunesses!, dont le premier épisode est diffusé le 1er septembre 2023 à 20h10 sur RTS 1. La réalisatrice Céline Pernet et le réalisateur Daniel Wyss n’ont pas sélectionné ces jeunes par hasard. Ils et elles en veulent, et s’investissent pour leur jeunesse, d’abord, et pour la vie villageoise aussi.

«La meilleure manière de parler des campagnes, aujourd’hui, c’est de s’adresser à celles et ceux qui grandissent, estime Céline Pernet, qui a aussi une casquette d'ethnologue. L’idée des jeunesses campagnardes s’est imposée, car elle nous donnait la possibilité de rencontrer plein de jeunes qui s’investissent et qui défendent leur identité campagnarde.»
La jeunesse des Moulins (Château-d'Oex) est l'une des dernières à refuser l'accès aux femmes. © RTS

Pur produit romand

Les jeunesses campagnardes sont propres à la Suisse romande. Plus particulièrement aux cantons de Vaud et de Fribourg. À partir de quinze ans, les jeunes intègrent une grande famille aux traditions centenaires. Ensemble, ils et elles célèbrent, partagent, grandissent. Les membres organisent des événements festifs, culturels, sportifs et s’activent pour que les traditions puissent couler des jours heureux. Dans le canton de Vaud, ils et elles sont plus de 8000 à faire partie d’une jeunesse. Il y en a dans presque tous les villages.

Comme le veut la tradition, la jeunesse de Chavornay part à la rencontre des habitant-e-s pour fêter la nouvelle année. Ici avec Trudie, la grand-maman de Joël (à gauche). © RTS


Avec ces cinq protagonistes, on met le cap sur Corcelles-près-Payerne (avec Irène), Château-d’Oex (avec Damien), Grandvaux (avec Robin) et Chavornay (avec Joël). «On a d’abord rencontré Lucie, raconte la réalisatrice. À l'époque, elle n'était pas encore présidente de la Fédé (organisation qui chapeaute l’ensemble des jeunesses vaudoises, ndlr). On lui a exposé le projet. Elle a tout de suite été assez emballée par l'idée qu'on tourne ce documentaire et qu'on prenne le temps de rencontrer des jeunes.»

Pour Céline Pernet et Daniel Wyss, l’essentiel était d’avoir une diversité de paysages, d’activités et d’âges dans leur casting. Irène et Joël sont bien implantés dans leurs comités respectifs et arrivent à la fin de leur carrière de fédéré, tandis que Robin, par exemple, veut briguer un poste à responsabilités, à 18 ans tout juste. «J'ai l'impression que le Robin qu’on a quitté à la fin du tournage n’est pas le même que celui du début, sourit Céline Pernet. Il a beaucoup mûri en une année.»

Avec le temps, les liens se tissent

Il a surtout fallu gagner la confiance des jeunes, et inversément. «On ne va pas se mentir, je pense qu'il y avait des a priori des deux côtés, estime Céline Pernet. On a dû s'apprivoiser. Ça a pris un peu de temps. Il a fallu y aller gentiment, beaucoup parler, expliquer aux jeunes et à leur entourage nos intentions.»

Après de nombreuses heures de tournage, les barrières sont tombées. «L'investissement que nous mettions dans le tournage les a beaucoup surpris. On est rentré-e-s dans leur intimité, raconte la réalisatrice, dans leur vie de famille, dans leur vie de couple, dans leur formation, dans leur boulot. C'est sûr qu'au bout d'un moment, on sent que des liens se tissent.»

De son côté, Lucie Theurillat, présidente de la Fédération vaudoise des jeunesses campagnardes (FVJC) et membre de la jeunesse de Champagne, est heureuse de cette expérience: «Céline et Daniel ont tout mis en place pour que ça se passe bien, ils sont presque devenus des ami-e-s.»

Irène et sa jeunesse ont enfilé leurs costumes de la Fête de Mai. Les cocardes (ruban au-dessus de la poitrine) sont offertes par les danseurs. © RTS

Un rythme intense

Une expérience en totale immersion qui a touché les deux co-réalisateur-trice-s: «j'ai été infiniment impressionnée par le boulot qu'ils ont, qu'ils font, et le temps qu'ils investissent pour créer tout ce qu'ils créent. Je ne m'attendais vraiment pas à ça. Je n'aurais jamais imaginé qu'à cet âge-là, on pouvait autant s'investir dans sa communauté, dans son village, s'étonne Céline Pernet. Nous, on a été bluffé-e-s, il faut le dire. Le début de tournage a été très intense et rock'n'roll. Notre équipe nous a dit “Non mais c'est quoi ce truc? Dans quoi vous nous avez embarqués? On n'est pas sûrs de tenir une année comme ça!”»

Corcelles-près-Payerne: pour les filles, les robes blanches sont de mise. Pour les garçons, il faut un costume foncé et de longues chaussettes noires. © RTS

Le fossé ville-campagne dans tout ça? «Oui, on est des fêtards, oui, on est des campagnards, mais à côté de ça, on a toute une partie de la fédération qui bosse ou qui étudie en ville, qui n’est pas issue de l'agriculture.»

«Nous, on a eu l’impression que les préoccupations existentielles des jeunes sont relativement similaires et universelles, analyse Céline Pernet. C'est-à-dire qu' on se demande qui on est, où on va, qu'est-ce qu'on va faire de sa vie, les relations qu'on va avoir, les histoires d'amour. Finalement, on n'est pas si différents.»

La réalisatrice le reconnaît, là où il peut y avoir une nuance, c’est au niveau des valeurs. «À la campagne, il y a un réel attachement à son village, à sa communauté et à sa région», conclut-elle.

Et les principaux concernés, qu’en pensent-ils? «L’esprit de la Fédé, c’est l’authenticité. Ça se ressent dans la série. On ne cache pas qui l’on est, on expose juste la vie de jeunes Vaudois-e-s lambda qui vivent aussi des situations pas toujours faciles, qui ne font peut-être pas toujours tout juste mais qui font du mieux qu’ils peuvent», réagit la présidente de la FVJC.

Malheureusement, toutes les jeunesses vaudoises sont endeuillées suite au décès dimanche 27 août 2023 d'une de leurs membres lors du démontage du Giron des jeunesses du Pied du Jura à Apples. La jeune femme avait 25 ans et était impliquée dans l'organisation de la Cantonale qui se tiendra en août 2024 à Givrins.

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