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Quelle sécurité pour les réfugiées ukrainiennes en Suisse?

Quelle securite pour les refugiees ukrainiennes en suisse KEYSTONE TI PRESS PABLO GIANINAZZI

Des réfugiés d'Ukraine arrivent au centre d'asile fédéral de Chiasso, le jeudi 17 mars 2022.

© KEYSTONE TI PRESS PABLO GIANINAZZI

«Les Ukrainiennes sous la menace des prédateurs», titrions-nous dans un article du 20 mars 2022. Près d’un mois après le début de l’invasion russe, les inquiétudes étaient en effet vives autour des conditions de sécurité des millions de réfugiés fuyant la guerre, majoritairement des femmes et des enfants, autrement dit les populations les plus vulnérables.

Abus sexuels pendant le voyage ou dans les lieux d’accueil, traite d’êtres humains, prostitution… Voilà les potentiels dangers guettant les réfugiés selon les ONG et les Nations Unies. À l’heure où nous écrivons, plus de 25 000 Ukrainiennes et Ukrainiens sont arrivés sur le territoire suisse (et il en vient encore 800 à 1000 quotidiennement), chacun se retrouvant à risque de rencontrer de telles situations dans notre pays.

D’ailleurs, déjà, certaines rumeurs, que nous n’avons pour l’instant pas pu confirmer ou infirmer, évoquaient ces dernières semaines les mouvements de personnes malintentionnées autour de certains centres d’accueil. «Des choses ont été dites concernant quelques centres d'accueil, notamment alémaniques, mais il n'y a pas eu de cas avérés», pointe Jean-Christophe Sauterel, chef communication de l’EMCC (État-major cantonal de conduite) à l'Etat de Vaud.

Le spectre de la prostitution forcée

Fiction ou pas, rien n’est inimaginable en ces temps troubles. «De manière générale, les réseaux de prostitution cherchent des profils de gens fragiles ou évoluant dans des conditions précaires, explique Marie-José Joerg, cheffe de la cellule prostitution de la brigade des mœurs de la police lausannoise. Mais pour l’instant, nous n’avons pas observé de femmes ukrainiennes impliquées dans ces activités.»

Ceci s’explique sans doute par deux raisons: d’une part, il n’existe pas encore de réseau spécifiquement ukrainien et suffisamment organisé pour enrôler ainsi des Ukrainiennes aussi rapidement, d’autre part, le permis de séjour S accordé aux réfugiés d’Ukraine leur confère un statut légal et les autorise à chercher un emploi, ce qui minimise les risques qu’ils aient besoin de se prostituer ou qu’ils subissent la domination d’un réseau.

«Bien sûr, rien ne dit que des personnes qui travaillaient déjà comme prostituées en Ukraine ne se livreront pas à cette activité en Suisse ou que des individus tentent, au fil du temps, de constituer de tels réseaux, souligne l’inspectrice. Si cela arrive, nous le saurons grâce à notre présence régulière sur le terrain et les contacts établis, et par ailleurs la loi oblige tous les travailleurs du sexe à s’enregistrer auprès des autorités.»

Davantage exposées

Pas de signal alarmant du côté de la prostitution pour l’instant, mais quid des éventuelles attaques sexuelles? Début mars, à Wroclaw en Pologne, un homme a été arrêté pour le viol d’une Ukrainienne de 19 ans qu’il hébergeait chez lui. Quelques jours plus tard, c'est un tandem masculin qui a fini sous les verrous, soupçonné d’avoir commis de tels actes sur une réfugiée de 18 ans à Düsseldorf. Peut-être ces cas ne sont-ils que la pointe d’un terrifiant iceberg.

Reste qu’en Suisse, plusieurs initiatives sont mises en œuvre pour les protéger et les informer sur les démarches à suivre si elles subissent des violences sexuelles. «Il est vrai que le fait qu’il s’agisse de femmes et d’enfants les expose davantage, constate Anne Césard, porte-parole du Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Nous avons créé des affiches et des brochures sur cette thématique, rédigées en langues ukrainienne, russe et anglaise, afin de sensibiliser les réfugiés aux risques. Ces documents sont présents dans les centres fédéraux d’asile mais aussi relayés par les partenaires et téléchargeables sur le site web ou l’application Asylinfo.»

On peut également compter sur le personnel des centres, qui veille sur la sécurité des réfugiés. La protection civile est ainsi «présente 24 heures sur 24 et la police, qui est sensibilisée à ces problématiques, fait des passages réguliers», indique Jean-Christophe Sauterel.

Faut-il vérifier le casier des hébergeurs?

Un accompagnement qui continue pour l’accueil chez les particuliers:

«Sur mandat du SEM, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) fournit des places d’hébergement aux Ukrainiens en étroite collaboration avec les cantons, relève Anne Césard. L’OSAR évalue au cas par cas si les conditions de base pour un hébergement privé sont remplies, comme la possibilité que la chambre à coucher puisse être fermée à clé.»

Et alors que de plus en plus d’Ukrainiens pourraient être accueillis chez des Suisses, certains acteurs évoquent l’option consistant à vérifier les casiers judiciaires des hébergeurs. Mais sur ce point, ni le SEM, ni l'OSAR, ni les polices cantonales contactées ne nous ont donné des réponses claires sur la manière dont cette mesure pourrait être appliquée et par qui, preuve, sans doute, que la question est complexe.

Quoi qu'il en soit, des protocoles précis devraient bientôt voir le jour, car «ces questions doivent être clarifiées et formalisées, le premier souci était naturellement de répondre à l'urgence, à l'hébergement, aux besoins de base, mais aussi au niveau d'éventuelles prises en charge sanitaires», fait remarquer Jacques Chapatte, chef du service de l'information et de la communication du canton du Jura. Il n’y a pour l'instant pas eu de plainte déposée par des réfugiés ukrainiens sur le territoire suisse. On espère que cela reflète la réalité.

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