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Guerre en Ukraine

L'édito de Géraldine Savary: «La guerre, miroir de nos courages et de nos peurs»

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«Les crises de cette ampleur sont un miroir de nos courages, de nos peurs, de nos faiblesses. Elles disent beaucoup de belles choses de nous, elles révèlent aussi les travers les plus sombres des individus et des sociétés.» - Géraldine Savary

© ANOUSH ABRAR

La guerre en Ukraine fait naître un élan de solidarité en Suisse et dans le monde qu’on n’avait plus constaté depuis l’intervention des chars soviétiques à Prague et à Budapest. À l’époque, la population suisse attendait les victimes du communisme avec des drapeaux de bienvenue sur les quais de la gare.

Aujourd’hui, les gens accueillent des réfugiées et des réfugiés chez eux, donnent de l’argent, des habits, Swisscom offre des abonnements gratuits, les CFF aussi, Bernard Nicod met des appartements à disposition, des avocats leurs bureaux, même les animaux de compagnie sont les bienvenus. Des jeunes partent avec des convois en direction de la Pologne, sur la ligne de front, et pour cette génération, les bombes sur Kiev, Marioupol ou Kharkiv constitueront sans doute un moment charnière de leur histoire collective.

Tensions d’hier et d’aujourd’hui

Alors oui, c’est sûr, on peut comparer avec d’autres conflits, d’autres transhumances, se dire que notre générosité est à géométrie variable. L’élan fut plus timide, pour ne pas dire carrément hostile quand les réfugiés d’Amérique latine fuyant les dictatures furent contraints de se cacher dans les églises pour échapper au renvoi. Pareil pour les victimes de la guerre en ex-Yougoslavie. L’anniversaire, en 2021, des vingt ans du mouvement En quatre ans, on prend racine, nous a rappelé à quel point les tensions furent vives entre d’une part les mouvements de défense des droits humains et les réfugiés et d’autre part des autorités parfois implacables.

Plus récemment, les guerres au Moyen-Orient ont poussé des milliers de familles sur les routes et les océans ne suscitant, passé le premier mouvement de solidarité, qu’une inquiétude silencieuse et gênée. Et pourtant, comme l’a dit Barbara Hendricks dans Femina la semaine passée, les enfants syriens aussi ont subi les bombes de Poutine.

Les crises de cette ampleur sont un miroir de nos courages, de nos peurs, de nos faiblesses. Elles disent beaucoup de belles choses de nous, elles révèlent aussi les travers les plus sombres des individus et des sociétés. Ainsi, les Ukrainiennes fuyant leur pays en guerre doivent désormais se protéger d’un autre danger: les prédateurs qui rôdent aux frontières, sur les sites de rencontre ou qui font preuve d’une hospitalité intéressée. La guerre rend encore plus vulnérables les plus vulnérables, qui deviennent à la fois cible et butin.

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