Bien manger
Paul Charmillot: le super-héros de la livraison de produits frais et locaux
«Mange au moins cinq fruits et légumes par jour!» «mange bio!» «mange local!» «mange de saison!» «arrête la viande!»… Ou encore le proverbe anglais An apple a day keeps the doctor away, soit une pomme par jour éloigne le médecin, sans compter les allergies, les intolérances et les maladies liées à une alimentation mal adaptée. Comment répondre à ces avalanches de recommandations fleurant bon les invectives culinaires, voire l’accusatrice culpabilité dans certains cas? En créant MagicTomato fin 2016, à Genève dans un premier temps, Paul Charmillot s’est donné pour mission de répondre à toutes ces demandes.
Six ans et une pandémie plus tard, MagicTomato emploie une quarantaine de personnes et l’entreprise est présente dans toute la Suisse romande, à l’exception du Valais pour l’instant. Et dès le 2 mai 2022, chaque client peut devenir actionnaire de l’entreprise moyennant 150 francs. Alors, quésaco, Paul? «MagicTomato est la conclusion de mes réflexions et analyses autour de la livraison de produits locaux, préparés à la minute le jour même de façon impactante, éthique et durable», explique l’entrepreneur de bientôt 39 ans en buvant son espresso dans un café lausannois. La plateforme en ligne travaille directement avec l’écosystème composé d’une septantaine d’artisans et de producteurs locaux par région, soit environ 300 à l’échelle romande. Ce qui signifie que les consommateurs ne retrouveront pas les mêmes produits à Bienne qu’à Fribourg ou à Neuchâtel.
Concept anti-gaspi
D’emblée, le site offre une vaste alternative aux déçus des livraisons de paniers de légumes et fruits de saison. À commencer par une offre complète (fruits, légumes, viande, fromage, poisson, pâtes fraîches), préparée sur mesure directement par le producteur et livrée le jour même par MagicTomato. Aux soucieux du bien-faire et des bons produits, cette solution évite la monotonie des raves et pommes de terre pendant les mois d’hiver, ainsi que la frustration de jeter le surplus de quantités astronomiques. Évidemment, l’un n’empêche pas l’autre. «Avant de me lancer, j’ai testé les paniers et je me suis demandé pourquoi tout ce qui existe déjà ne me convenait pas, se souvient Paul Charmillot. La livraison le jour même implique une grande logistique. L’enjeu tient dans l’équation du choix personnalisable sans tomber dans la grande distribution, poursuit-il. Nous tenons à garder la beauté du produit local dans notre sélection.»
En deux mots, MagicTomato revient à faire son marché en ligne. Ce qui, d’un point de vue écologique, représente de nombreux avantages, à commencer par une réduction du gaspillage et du suremballage: «Ça fait partie du modèle, déclare le fondateur.
Certains produits sont également livrés dans des bocaux réutilisables et sans consigne.
Du plaisir avant tout
Contrairement à l’idée reçue d’un idéal de vie bobo urbain, la clientèle de MagicTomato est très variable. Parmi les 5000 personnes qui font régulièrement leurs courses sur le site, on ne compte pas que des clones de Gwyneth Paltrow. «Le dénominateur commun, s’il devait y en avoir un, ce sont des personnes plutôt actives et qui ont déjà une notion du bien manger. Ils aiment cuisiner pour eux, leur famille et leurs amis», observe Paul Charmillot. Autre cliché déconstruit selon lui, le fait de bien manger n’est pas forcément lié au pouvoir d’achat. Il est tout à fait possible de manger bien et sainement sans efforts surhumains et, surtout, au même prix qu’en faisant ses courses dans un supermarché.
L’autre bonne nouvelle, c’est que la philosophie de l’entreprise ne surfe pas sur la vague de l’endoctrinement frisant l’intolérance. On n’entre pas chez MagicTomato comme en religion et le plaisir prédomine. Compatible avec la débauche de junk food et la madeleine de Proust façon confort food de supermarché, MagicTomato invite à déprogrammer ces élans de plaisirs coupables.
Cohérent sur toute la ligne, on se trouve ici dans un écosystème qui fait barrière à l’ubérisation à chacune des étapes du processus. Cela fait partie du concept du business à impact positif. «Aucun profit ni aucune marge ne sont faits au détriment de nos salariés, essentiellement producteurs et livreurs. On ne fait jamais de rabais, les prix sont établis en adéquation avec les producteurs», assure le patron. On y adhère sans abonnement, uniquement avec un minimum de 60 francs la commande, 35 francs pour les membres du club consistant à s’engager pour un certain montant par mois. La livraison est gratuite, en véhicules électriques. À la clé, en plus des recettes en live sur le site et des packs permettant un bon plat gourmet hors des chaînes industrielles, de nombreuses surprises et découvertes attendent les clients, dont des rencontres avec les artisans de leur région.
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