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Il fallait s'y attendre. Un énième challenge, et oui, rappelez-vous l’Ice Bucket, le #ClimateWalk, le #GloUp et autre sexiste Underboob Pen… Cette fois-ci, le Motherhood challenge a pour étendard la maternité et non une cause humanitaire ou un soutien à une maladie. Et cela ne semble pas être au goût de tout le monde. Explications.

Comment ça marche? Il s’agit de publier sur Facebook, Instagram ou Twitter une photo exprimant son statut de mère et nommer une ou plusieurs personnes estimées pour faire partie du team «super-maman». Ces dernières ont ensuite comme mission de perpétuer la «mum chaîne».

La plupart du temps, les mères qui participent en postant trois ou quatre clichés de leurs bambins, de leur grossesse ou conjoint: tout ce qui résume leur bonheur familial en somme.

La course aux bons points

En 2015 déjà, le hashtag #WomenIRL, lancé par la rédactrice en chef du magazine américain Real Simple, incitait les mères à dévoiler des photos de leur vie quotidienne, bordel dans la cuisine et appartement upside down compris.

Aussi, sur Instagram, et défiant les conditions d’utilisation du réseau, on a pu voir des photographies de nombreuses mamans allaitant leur bébé à l’occasion du #Breastfeedingchallenge.

Ces deux dernières initiatives sympathiques et pacifistes ont eu le soutien de la Toile. A l’inverse, le Motherhood, qui n’est ni un jeu ni un véritable challenge, tend beaucoup de monde sur les réseaux. A en lire les commentaires, il semblerait que «la distribution de bons points entre bonnes mères» sur le Web crispe en effet quelque peu des internautes. Ce concept serait-il une glorification des mères et une stigmatisation des femmes sans enfants?

Une interrogation que des journalistes anglo-saxonnes ont dénoncée. Sur le site du «Telegraph», Alice Judge-Talbot, mère de deux enfants, n’hésite pas à donner un jugement très critique du challenge et ironise sur les publications égocentristes des mères:

«Ceci est juste une chance de vous passer de la crème sur votre vie parfaite avec vos enfants parfaits. Tout simplement parfait.»

«Mes enfants sont les deux personnes les plus adorables de la planète. J'adore être leur mère chaque jour. Mais je récuse tout ce qui fait des mères une sorte de divinité. Or, c'est exactement ce que prône le Motherhood challenge. (…) Si vous êtes mère, vous serez naturellement fière de vos enfants, et vous serez une super-maman 90% du temps. Mais donner la vie ne vous propulse pas automatiquement au-dessus des femmes sans enfants.»


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L’autocélébration des mères au détriment des «no kids»

Parallèlement au mouvement Motherhood, Rachel Thompson sur le site «Mashable», déplore l’effet néfaste du challenge qui selon elle, écarte les personnes qui ne peuvent pas avoir de bébés pour des raisons médicales:

«Personne ne pense à ce que ça peut faire de ne pas être taguée par une amie, qu'on soit maman ou non, ni à ce que ressentent, parmi ces amis Facebook, celles qui n'ont pas d'enfants, en voyant leur timeline encore plus submergé de photos mignonnes d'enfants et de mamans que d'habitude.»

Bien entendu, les femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfants et qui voient leur décision toujours remise en cause (votre auteur se met dans le même panier) sont en passe de vivre une sévère irritation. Preuve par la publication de photos (à prendre au 10e degré) de la comédienne Ellie Taylor «qui la rendent heureuse de ne pas être mère»:

Non-Motherhood Challenge: I was nominated by myself to post five pictures that make me happy to be a non-mother. Such special memories.

Posté par Ellie Taylor sur lundi 1 février 2016

Tout cela est sans parler que le Motherhood challenge laisse de côté les pères, à qui on ne demande tout compte fait pas leur avis. Est-ce que Monsieur est heureux de trôner sur les murs du Wild Wild Web?

Combien de sceaux d’eaux versés sur la tête et de rubans roses accrochés sur la poitrine faudra-t-il encore pour saisir que l’abus de challenges est mauvais pour la santé?

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