portrait
Les confessions d'Elisabeth Logean, nouveau visage de «Temps présent»
«J’apprends beaucoup de mes enfants. Ils me bousculent, mais c’est très stimulant parce qu’ils le font de façon intelligente.» - Elisabeth Logean
© RTS/ANNE KEARNEYQuand elle entre à la TSR en 1999 comme stagiaire journaliste reporter d’images, Elisabeth Logean ne se doute pas qu’elle va bientôt compter parmi les voix et les visages emblématiques de l’information en Suisse. Ni que, vingt-cinq ans plus tard, reconnue pour son talent et son professionnalisme à toute épreuve, elle lâchera son poste de corédactrice en chef des infos à la RTS pour prendre la codirection du magazine Temps présent.
À quelques semaines de retrouver l’antenne (ndlr. elle reprend l'émission dans le courant du premier trimestre de 2024), toujours portée par son envie d’aller «au-delà du décor pour essayer de comprendre comment les choses se passent» puis de le raconter, curieuse de tout et en «perpétuel apprentissage», elle se prête au jeu des mots-clés.
Si on vous dit… Temps présent
«Temps présent est un beau défi qu’on relève à trois, avec mes collègues François Roulet et Jérôme Porte. Ce format magazine me permettra de changer de rythme, d’aller plus en profondeur dans les thématiques, de faire du grand reportage, de l’investigation.
Mais le «temps présent», c’est aussi mon entrée toute récente dans la cinquantaine.
Je pensais que ce serait une formalité, mais… ça m’a quand même travaillée: mes enfants (ndlr: elle en a trois) m’appellent «daronne» et je me retrouve à l’âge qu’avaient mes parents quand je commençais à les trouver «plus très jeunes». C’est une nouvelle étape – on verra si 50 c’est vraiment le nouveau 40!»
Si on vous dit… critiques
«Il faut écouter et entendre les critiques. On ne doit pas rester dans notre tour d’ivoire mais nous remettre en question et essayer de toujours faire au mieux notre travail – à savoir enquêter et permettre aux gens de comprendre la société et le monde qui nous entourent. Nous devons bien sûr évoluer avec notre temps, mais en maintenant et en défendant les valeurs fondamentales du journalisme: offrir au public une information qui a été vérifiée et authentifiée par des professionnel-le-s – ce qui n’est pas le cas de tout ce qui peut circuler sur les réseaux sociaux.»
Si on vous dit… féminisme
«J’ai toujours eu à cœur d’augmenter la représentation féminine dans les postes à responsabilité.
Ce n’est pas du militantisme féministe ni une guerre des genres mais du réalisme: les compétences ne sont pas une affaire de sexe et cela ne devrait même pas être une question.
Pourtant, dans les faits, par manque de confiance en elles, certaines femmes n’osent pas se lancer et doivent donc être un peu poussées.»
Si on vous dit… stress
«Le stress est inhérent à mon travail et peut être un bon moteur. Mais il doit être bien dosé car il est aussi un ennemi dont je me méfie et que je dois combattre: s’il est trop envahissant, il empêche de penser. Quand cela arrive, j’essaie de prendre du recul, de me ménager des plages pour pouvoir me ressourcer: même s’ils sont brefs, j’ai besoin d’instants de solitude et de moments pour me promener, lire, boire un verre avec des ami-e-s…»
Si on vous dit… dialogue
«On est toujours plus intelligent-e avec d’autres. Jeune, j’étais très très solitaire, je travaillais dans mon coin et puis… j’ai appris à accepter que je n’avais pas toujours raison et que l’échange et le dialogue sont un enrichissement, une façon d’évoluer et d’être meilleur-e.»
Si on vous dit… enfants
«J’apprends beaucoup de mes enfants. Ils me bousculent, mais c’est très stimulant parce qu’ils le font de façon intelligente.
L’autre jour, par exemple, j’ai eu des discussions passionnantes avec ma fille sur le féminisme, notamment autour de l’affaire Depardieu.
Ils font partie d’une génération qu’il ne faut pas caricaturer et bien plus ancrée dans la réalité qu’on ne l’entend trop souvent dire: elle a forcément d’autres valeurs et veut faire évoluer la société, eh bien franchement, tant mieux!»
