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Les Afghanes sont plus que jamais la cible des talibans

Les Afghanes sont plus que jamais la cible des talibans

Cette femme et cet enfant ont été photographiés à Kaboul, en novembre 2021, quelques mois après la prise de pouvoir des talibans. Les Afghanes sont désormais forcées de porter le voile intégral et ne peuvent plus sortir seules dans la rue.

© GETTY IMAGES/HECTOR RETAMAL (AFP)

La nouvelle avait secoué le monde. Le 15 août 2021, après une offensive éclair, les talibans sont parvenus à conquérir la capitale Kaboul suite au départ des forces armées américaines. L'Afghanistan vivait alors depuis deux décennies dans un quotidien ponctué de violence, mais avait toutefois connu des progrès sociaux extraordinaires suite au départ des talibans, à la tête de la nation entre 1996 et 2001. À leur retour, les fondamentalistes ont pourtant tenté de rassurer la communauté internationale: les droits des femmes, durement acquis pendant 20 ans, seraient maintenus cette fois-ci. Mais rares sont ceux et celles qui les ont cru, et à raison.

Des droits fondamentaux bafoués

L'interprétation rigoriste de l'Islam a repris de plus belle dès l'automne 2021. Les écoles ont été fermées pour les filles. Et si les universités ont rouvert en février 2022, les établissements secondaires n'ont accueilli des étudiantes que pour quelques heures le 23 mars 2022 - jour de la rentrée des classes - prétextant un problème technique d'uniformes. «La femme n'a pas de travail, pas d'école, l'année prochaine il n'y aura pas de femmes à l'université puisqu'il n'y a pas eu de lycée.»

«On est en train de stopper cette population de vivre: elles vont être obligées de se marier très vite, disparaître de la vie sociétale, et celles qui sont petites vont être endoctrinées», déplore Fahimeh Robiolle, consultante et chargée de cours à l'Université de Kaboul auprès de BFMTV.

Le 7 mai 2022, le gouvernement conservateur a décrété le port du voile intégral obligatoire pour les femmes, de préférence la burqa, car «c'est traditionnel et respectueux», et ceci pour éviter la provocation. Les femmes et les filles ont également été priées de rester à la maison si aucune tâche importante ne les retient à l'extérieur. Reléguées au statut de mineures sous tutelle, les Afghanes ont également été interdites de sortir dans la rue sans chaperon masculin, ou même de voyager seules. En plus de restrictions liées à l'éducation et à la liberté de mouvement, le système de protection des femmes contre la violence domestique a été démantelé et l'accès aux soins est désormais plus difficile.

Les habitantes ont également été largement exclues du marché de l'emploi, si bien que le pays traverse désormais une grave crise économique, exacerbée par les sanctions et la suspension des aides financières internationales. Le taux de pauvreté s'élève à 97%, contre 72% en 2021, comme le relaie RFI. En outre, 90% des Afghan-e-s souffrent de la faim et de nombreux jeunes enfants subissent la malnutrition, dénonce Human Rights Watch dans un article publié le 11 août 2022. En réponse à l'extrême pauvreté qui s'abat sur le pays, ainsi qu'à l'absence d'opportunités professionnelles et scolaires, de plus en plus de mariages forcés et précoces sont imposés aux petites filles, ainsi que le dénonce Amnesty International dans un rapport publié le 27 juillet 2022.

L'espoir dans la résistance

Le 15 août est un jour noir, comme l'annonçaient les pancartes des manifestantes afghanes, le samedi 13 août 2022. Alors qu'une quarantaine de femmes étaient descendues dans les rues de Kaboul pour revendiquer leur droit au travail et à l'éducation, des talibans ont violemment réprimé la manifestation pacifiste en tirant en l'air et en frappant des participantes. Une action fermement dénoncée par l'Union Européenne le jour suivant.

En marge des manifestations, de courageuses activistes de l'ombre combattent le régime et tentent de restaurer l'accès à l'éducation à travers des médias sociaux ou encore la station de radio Radio Begum, qui diffuse des programmes faits pour des femmes, par des femmes. Une bulle de liberté, créée le 8 mars 2022 à l'occasion de la journée des droits des femmes.

Selon Fereshta Abbasi, chercheuse au sein de Human Rights Watch: «L'avenir de l'Afghanistan restera sombre, à moins que les gouvernements étrangers ne fassent davantage pression sur les autorités talibanes concernant leur bilan en matière de droits humains.»


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