Esprit pique-nique
L’édito de Sonia Arnal: vive le Cenovis!
Forcément, qui dit vacances en Suisse à gambader dans la nature, au bord des lacs, au travers des forêts ou dans les montagnes dit nourriture à transbahuter dans son sac à dos. Mais une fois qu’on a mis entre deux tranches de pain du jambon, du salami ou du fromage, voire du parfait et du Cenovis pour les plus traditionalistes d’entre nous (j’en suis), on a épuisé toutes les options de base. Autant dire qu’elles ne vont pas tenir tout l’été et que la saturation guette déjà. Quand j’ai lu dans un magazine: «Facile, festif, gourmand, vite un pique-nique!» je me suis dit que ça m’était destiné et que je trouverais là l’inspiration nécessaire pour durer. J’ai acheté.
Commençons par «facile». Je tourne les pages pour arriver aux sandwiches et voir ce qu’on peut y mettre d’original. Je tombe alors sur des «petites brioches préparées la veille à partir de restes de bœuf haché, oignons et carottes». Je ne sais pas vous, mais moi j’ai rarement ça comme restes dans mon frigo. Chez moi, c’est plus des fonds de spags carbonara, sans compter que la brioche est manifestement faite maison. Donc, si tu veux ça pour ton pique-nique, tu commences 24 heures avant et tu y passes 3 ou 4 heures. Facile et vite, qu’ils disaient.
Rando sur le boulevard
Mais alors, c’est gourmand et festif, je ne le nie pas, comme les suggestions qui suivent et qui vont du «chicken, bacon, lettuce, twisté avec du poulet pané et de la sucrine relevée d’une sauce raifort-ciboulette-citron» au «roulé de carotte, chou rouge et concombre à dipper dans une sauce cacahuète» (quoi, vous ne prenez pas votre sauce cacahuète en montagne, vous?) en passant par le poulet rôti à la moutarde. En gros, si tu n’as pas fait l’Ecole hôtelière, tu n’as pas le level pour pique-niquer, voilà en substance le message délivré à la malheureuse lectrice.
J’en étais à ruminer mon incompétence culinaire quand j’ai lu la suite – j’ai vite réalisé qu’elle était sans doute inférieure à l’incompétence outdoor de la sympathique instagrammeuse qui livrait ses recettes. Parce qu’entre l’idée de trimballer pendant des heures de balade des coquilles Saint-Jacques pour l’apéro et une tarte salée (tomates, mozzarella di buffala, etc.) de la taille d’une plaque de four pour le midi, clairement cette femme n’a jamais préparé de sac à dos ni marché ailleurs que sur un boulevard. Ma conclusion, c’est que le Cenovis est un mets dont on ne se lasse jamais.