technologie
L'édito de Sonia Arnal: Captif du labeur digital
Vous vous souvenez de cette scène des Temps modernes, dans laquelle Charlie Chaplin est au service de la machine et finit par se faire dévorer par l’engin qui était supposé rendre la vie plus facile à l’humanité? Eh bien, on en est là.
Ça a commencé par la délégation du travail. Avant, on achetait un billet d’avion et une accorte employée de la compagnie remplissait pour nous toutes les informations nécessaires, du numéro de passeport aux particularités alimentaires à respecter pour le plateau-repas. Depuis qu’on peut acheter son billet sur internet, on remplit tout soi-même. On appelle ça le progrès. Pareil pour la déclaration de vol à son assurance, la commande de papiers officiels, acte de naissance ou extrait des poursuites. C’est nous qui faisons le boulot; les administrations et les entreprises économisent des salaires, mais on paie toujours les mêmes émoluments.
L'antithèse de la technologie
Un ami a passé récemment le palier suivant. Il vit en Valais, doit prendre un avion tôt un samedi matin et décide donc de dormir, la veille, dans un hôtel proche de l’aéroport. Il réserve sa chambre via internet, arrive, passe la nuit sur place, trouve l’endroit pas mal et décide de revenir huit jours plus tard, à son retour de vacances, puisqu’il atterrira trop tard pour prendre le dernier train. Il demande donc à la réception qu’on lui retienne une chambre pour son second passage. Ben ça va pas être possible, lui explique la réceptionniste. Pas que l’hôtel soit plein, c’est juste qu’elle n’a pas le droit. Il doit le faire lui-même. Sur internet. Elle est là, derrière le desk, mais c’est lui qui doit se connecter, retourner sur le site et faire le job. Le truc simple. Alors qu’à l’origine, les réservations en ligne étaient supposées nous simplifier la vie et nous faire gagner du temps.
Mais tout espoir n’est pas perdu. En vacances, nous louons des skis de fond dans un centre nordique de niveau olympique. Tout est conçu pour débiter à toute allure, genre 30 paires de skis de fond à l’heure. La taylorisation de la location. Mais ça bloque au niveau de l’ordinateur et un bouchon se crée: le monsieur en bout de chaîne n’arrive pas à entrer le nom des clients ni le numéro de la paire de lattes qui leur est confiée. On finit donc par écrire chacun son nom sur un bout de papier, au stylo, l’un après l’autre. Et devinez quoi? Ça marche du tonnerre.
Vous avez aimé ce contenu? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos nouveaux articles!