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L'édito de Julien Pidoux: «La raie manta attendra»

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«J’ai fait le choix, un peu par peur, un peu par conviction, de ne pas visiter des parties du monde qui ne m’acceptent pas totalement.»

© YVAIN GENEVAY

Dans un monde idéal, j’adorerais aller caresser des raies manta aux Maldives. Ou taquiner un poisson-perroquet dans la mer Rouge. Aller voir — de loin — des gorilles s’ébrouer dans le massif du Rwenzori, en Ouganda. Partir à la découverte de la sublime culture persane en Iran sans arrière-pensées. Et non, je ne vais pas vous parler de mon empreinte carbone.

Mais j’ai un travers: je m’intéresse à la question des droits LGBTIQ+. Normal, vous me direz: je suis journaliste. Et queer. Du coup, avant de m’enthousiasmer pour un boot camp de yoga au Nigeria — je schématise — je vais me renseigner. Chez Amnesty, sur le site de l’ILGA, je lis le classement terrifiant des vingt endroits les plus dangereux pour les voyageurs gays établi par le magazine Forbes (dans lequel le Nigeria figure donc en première place…). Et je me dis que je n’irai définitivement pas encourager notre équipe suisse de foot au Qatar cet hiver.

J’ai fait le choix, un peu par peur, un peu par conviction, de ne pas visiter des parties du monde qui ne m’acceptent pas totalement. Il y a tellement de lieux incroyables à visiter, ce n’est pas si compliqué que cela, je vous rassure, je ne suis pas à plaindre. Au contraire, ça me facilite le travail.

Faire le point sur nos valeurs

Mais où s’arrêter, quelles convictions prendre en compte avant de s’envoler? Les droits LGBTIQ+? L’égalité entre les genres et les sexes? Et la liberté d’expression, la liberté de la presse? Le champ des (destinations) possibles se rétrécit tout à coup. Ainsi l’Inde que j’aime tant, encore vendue comme la plus grande démocratie du monde, souffre sous les coups de butoir nationalistes de son premier ministre, et le pays a dégringolé à la 150e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse.

Les journalistes, s’ils ne s’autocensurent pas, risquent les procès pour diffamation, voire sédition. Et quand cela ne suffit pas, dans les cas les plus extrêmes, il y a les balles.

Ce qui s’est passé pour la journaliste Gauri Lankesh (lire en page 6 du magazine du 31 juillet et en ligne le 3 août 2022).

Je ne débarque pas là, en ce dimanche ensoleillé plein de promesses, pour jouer au moralisateur, mais je me demande souvent jusqu’à quel point nous devrions, avant de réserver notre billet de train ou d’avion, faire le point sur nos valeurs, celles que nous estimons comme non négociables. Et celles sur lesquelles nous pouvons momentanément tirer un trait, le temps d’un voyage et de quelques clichés léchés pour Instagram.

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