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L'édito de Géraldine Savary: «Mourir en été»

Edito Geraldine Savary redactrice en chef Femina

Le décès de Laurence Deonna, grande reporter, écrivaine et féministe romande, disparue le 2 août 2023 à l'âge de 86 ans, a notamment inspiré l'édito de notre rédactrice en chef.

© ELSA GUILLET

Il y a comme un paradoxe, presque une injustice, à voir des personnalités aimées quitter la vie en plein été. On est en vacances, à lézarder au bord de la mer ou à marcher en montagne, pleins d’envies, d’allant et de projets, l’air crépite d’insouciance, le ciel est limpide, tout semble éternel, et voilà qu’on apprend que tel ou telle est décédé. «Ha non, pas lui, ha non pas elle», s’écrie-t-on. Dans la mort, comme dans la vie, les éloges ne sont pas toujours proportionnels à l’importance des défuntes ou des défunts dans la marche des sociétés (je le dis sans jugement de valeur).

La mort de Jane Birkin continue d’émouvoir alors que celle de l’écrivain Milan Kundera est sortie de l’actualité. Geneviève de Fontenay a reçu autant d’hommages (si ce n’est plus) que Laurence Deonna, reporter, écrivaine, grande figure féminine de Suisse romande. Sinéad O’Connor, Hélène Carrère d’Encausse sont sorties de scène en catimini, Arnaud Bédat fut honoré par ses pairs, en compagnon de route de l’information.

L’élégance de partir sans ostentation

Dans nos étés, ces disparitions dissonent étrangement. La lumière se charge de tristesse, le soleil au zénith annonce le crépuscule. Les souvenirs reviennent par vagues, racontent notre histoire: «Je t’aime moi non plus», l’insoutenable légèreté de Teresa, la fin de l’URSS, la tragédie de Salvan, l’ennui des soirées télé devant les concours Miss France.

Et puis il y a des étés où disparaissent des proches ou des proches de proches. On apprend la mauvaise nouvelle alors qu’on est à l’étranger, on n’est pas là pour soutenir, pour assister à l’enterrement, pour montrer son affection. On envoie un SMS, et les mots ont l’air radin. On pense aux endeuillés à distance, mais l’instant présent nous ramène de force vers le bonheur. Respirer cet air de vacances nous fait un peu honte.

Je me demande si celles et ceux qui meurent en été n’en sont pas conscients. Ils cultivent jusqu’à leur dernier souffle l’élégance de partir sans ostentation, soucieux de ne pas déranger la beauté du monde, d’honorer la vie, d’aimer les vivants.

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