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L'édito de Géraldine Savary: «Aujourd’hui, on ressuscite»

L'édito de Géraldine Savary

«Et vous? Qu’allez-vous ressusciter? Vos rêves d’enfants? Votre premier amour? Votre envie de vacances à l’étranger? Votre plante de balcon desséchée? Vos vieux sabots désormais à nouveau tendance?» - Géraldine Savary

© ELSA GUILLET

Aujourd’hui, c’est le jour de la Résurrection. Et pas seulement pour Jésus. Les parents peuvent reprendre leur souffle pendant que les enfants cherchent les œufs dans le jardin, Pierre Maudet se place au second tour des élections genevoises en ayant franchi quelques stations significatives de son chemin de croix. Des femmes reviennent dans les gouvernements cantonaux, au Tessin ou à Lucerne, après des années de carême.

La basket Samba arpente à nouveau les pavés, le string s’échappe du jeans en mode année 2000. Jamie Lee Curtis n’en finit plus de s’amuser de son come-back, on attend très prochainement Indiana Jones avec un Harrison Ford de 80 ans, et Sergio Ermotti sort de sa retraite pour diriger à nouveau une UBS devenue gigantesque. Les sardines en conserve retrouvent la pêche ainsi que la lampe champignon.

On se serait sans hésiter passé du retour de la guerre froide, des mouvements d’extrême droite et de l’inflation, mais nous pouvons nous consoler en réécoutant Leonard Cohen, le Dieu, l’Éternel, dans le film qui lui est consacré, Hallelujah.

Des œufs offerts aux personnes aimées

Alléluia, dit la tradition en pensant à nos âmes tendues vers le ciel de printemps. Dans les temps plus anciens que le christianisme, Pâques marquait l’éclosion des énergies, symbolisait la fécondité. Et pour célébrer la renaissance des beaux jours, les Phéniciens, les Perses, les Égyptiens peignaient les œufs et les offraient aux personnes aimées.

Et vous? Qu’allez-vous ressusciter? Vos rêves d’enfants? Votre premier amour? Votre envie de vacances à l’étranger? Votre plante de balcon desséchée? Vos vieux sabots désormais à nouveau tendance?

On n’a pas qu’une vie, nous disent les religions. Et ce n’est pas tout faux. Qu’on soit croyante ou non, quelle joie de pouvoir penser que, malgré les difficultés, les clous de l’habitude bien plantés ou les traumatismes du style «père, pourquoi m’as-tu abandonnée?» l’être humain descend de sa croix, se réinvente, qu’il arrive à avoir foi en ses capacités.

Profitons donc de cette journée pour se souhaiter de belles résurrections. Pas besoin d’aller chercher midi à quatorze heures, le paradis n’est pas loin.

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