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L'édito d'Alexandre Lanz: «Kim Wilde et Madonna, 40 ans de carrière chacune»
«Par définition, la culture pop définissant le cool ne tolère pas le vieillissement.» - Alexandre Lanz
© ELSA GUILLET«Dans six mois tu l’auras oubliée, il n’y a rien de plus versatile que les goûts d’un adolescent»: à l’impitoyable sentence de mon père concernant ma passion pour Kim Wilde quand j’avais 12 ans, je lui répondais en chanson, avec le titre You’ll Never Be So Wrong du premier album de la chanteuse anglaise. Soit en français, tu n’auras jamais autant tort. Le temps m’a donné raison.
Fidèle à mes chanteuses préférées, mon ardeur n’a pas faibli au fil des ans. C’est également durant cette période que s’est forgée ma passion pour les magazines. Chaque année, j’attendais religieusement les résultats du sondage des lecteurs de Smash Hits et Bravo. Chanteuse préférée des teenagers allemands en 1984, Kim Wilde cédait sa place à Madonna l’année suivante. Point de bascule. Le reste appartient à l’histoire de la pop. Par définition, la culture pop définissant le cool ne tolère pas le vieillissement. Like A Virgin, chantait Madonna dans le titre qui allait la propulser au rang de superstar sur la scène internationale.
Figures censées rester cristallisées dans la fraîcheur de leur jeunesse si elles souhaitent rester dans la course, les stars féminines se voient bannies du droit au vieillissement par le public et les médias. Quand Tina Turner réussissait l’exploit de revenir en solo sur le devant de la scène dans les années 80 à 45 ans, les médias aimaient la surnommer la «mamy du rock». On revient de loin.
Flamboyance et pertinence
Aujourd’hui, la première génération des pop stars féminines affiche une moyenne de 60 ans flamboyante. Entre Kylie Minogue qui vient de réaliser le come-back le plus spectaculaire de l’année à 55 ans et Debbie Harry qui n’a rien perdu de sa témérité à 75 ans, Madonna a repris la route à 65 ans pour son Celebration Tour, une tournée des stades internationale qui se joue à guichets fermés et s’inscrit déjà comme l‘une de ses plus inoubliables, tandis que Kim Wilde se donne à cœur joie sur scène à 63 ans comme elle ne s’en sentait pas capable à 25 ans. Oui, celles qui ont ouvert la voie à Rosalía et Dua Lipa vieillissent.
Mais elles prouvent puissamment qu’il n’y a pas d’âge pour rester pertinentes.
En guise d’épilogue à méditer, reprenons la citation de Madonna lors de son discours d’acceptation au titre de Woman of the Year aux États-Unis en 2016: «La chose la plus controversée que je n’ai jamais faite est d’être restée si longtemps.»
