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Le modèle du père qui travaille et subvient financièrement aux besoins de sa famille, alors que la mère s’occupe des enfants à la maison est désormais révolu. De plus en plus de couples choisissent une dynamique différente et les hommes s’affichent aujourd’hui dans les parcs et places de jeux avec leurs bambins. On attend également d’eux qu’ils tissent un lien émotionnel encore plus fort avec leurs enfants.

Si ce tableau relativement nouveau paraît idéal, on découvre que la société n’est pas forcément adaptée aux changements qui s’opèrent. En effet, avec une législation qui n'accorde qu'un jour de congé aux papas, on ne peut pas dire que la Suisse soit très progressiste en la matière. Un projet de loi est toutefois à l'étude au parlement fédéral, il sera voté le 1er septembre.

À l'aide d'une étude de Travail.Suisse, d'une sage-femme haptonomiste et de différents témoignages, nous vous proposons un tour d'horizon sur la situation actuelle des pères en Suisse.

L’accouchement mis au rang d'un déménagement

L’organisation faîtière des travailleurs suisses, Travail.Suisse, lutte pour l’adoption d’un congé paternité au niveau fédéral. Au mois de juin 2015, elle a analysé 46 conventions collectives et a rendu son verdict: le congé paternité reste l’exception.

Si certains secteurs, tels que les banques ou l’horlogerie,optent pour des congés paternité étendus, la plupart des entreprises appliquent le minimum légal. Actuellement, la loi accorde à un jour de congé aux hommes devenus papa. Un chiffre qui paraît ridicule lorsque l'on sait qu'un personne qui déménage bénéficie d'un congé similaire. De nombreux pères sont alors forcés de prendre des vacances pour accueillir un nouveau-né ou optent pour une solution plus radicale: ne pas prendre de congé.

A noter que la Suisse fait figure d’extraterrestre par rapport à ses voisins. En effet, la plupart des pays européens nous entourant ont légiféré en la matière et prévoient un congé partagé entre le père et la mère de l’enfant.

L'haptonomie, une autre approche

Certains couples choisissent quand même d'accueillir l'enfant en prenant leur temps. Pour ce faire, une technique relativement ancienne prend de l'ampleur: l'haptonomie.

Pour en savoir plus, nous nous sommes rendus à Yverdon-les-bains où nous avons rencontré Monique Pelège, une sage-femme et haptonomiste reconnue.

L’haptonomie périnatale est un accompagnement parental pour se préparer à l’accueil d’un enfant au sein d’un couple. Cette méthode vise à inclure le père dans la grossesse et lors de l’accouchement, en lui accordant une place affective et physique auprès du bébé. Celui-ci se trouve alors moins désemparé face au futur bébé, peut ainsi trouver sa place plus facilement au sein de la nouvelle dynamique familiale et soutenir la maman.

Selon elle, la place laissée aux pères en Suisse est dérisoire par rapport à l’investissement de ceux-ci dans les faits. «Je découvre des pères curieux, qui ont envie de sortir du modèle familial classique et de tout donner pour leur enfant» explique-t-elle. «Malheureusement, je constate que légalement rien n’est fait pour aménager du temps libre aux papas alors que l’accueil de l’enfant est un moment très important» déplore-t-elle.

Elle ajoute également que «parfois la mère elle-même a de la peine à laisser de la place au père. Elle ne veut pas partager son enfant et empêche le père d’avoir une place auprès de celui-ci». Dans ces cas-là, «il y a un gros travail à effectuer avec la maman, mais c’est possible d’y parvenir» dit-elle.

Un «super-papa» témoigne

Flávio Borda D Água, 35 ans, fait partie des pères ayant pu profiter d’un congé paternité et il a accepté de partager son expérience avec nous. Salarié de la ville de Genève, il s’est vu accorder 4 semaines de congé paternité lors de la naissance de ses deux enfants.

Une aubaine pour ce père qui souhaitait partager un maximum d’activités de la vie quotidienne avec ses bambins. «Je les conduis à la crèche et à l'école. Je leurs prépare également à manger et m’occupe de leur toilette. L’accomplissement de ces tâches me vaut du reste le surnom de super-papa» confie-t-il.

D’après lui, le congé paternité est nécessaire afin d’accueillir un nouveau-né et les émotions qui l’accompagne sereinement. Il est toutefois conscient de faire partie d’une catégorie de pères privilégiée et admet que le fait de prendre congé pour s’occuper de ses enfants est parfois encore mal vu.

Jennyfer a eu moins de chance, son mari a dû prendre du temps sur ses vacances pour l'aider à se remettre de l'accouchement et s'occuper du bébé. «Ces deux semaines étaient indispendables, je n'aurais pas pu m'en sortir autrement» explique-t-elle.

Vos réactions

Quant aux lectrices de Femina.ch, elles sont unanimes! Selon elles, il est temps que les hommes puissent être présents à 100% pour leur famille durant les semaines qui entourent la naissance.

Un rallye de poussettes

Actuellement en discussion au parlement fédéral, l’idée d’un congé paternité fait son chemin. Il serait financé par les allocations perte de gain et durerait une quinzaine de jours. Lancée en mars 2014, par le conseiller national Martin Candinas (PDC), cette initiative parlementaire passera devant la commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des Etats le 1er septembre.

En attendant et pour montrer aux politiques que les papas tiennent à leur congé paternité, un rassemblement est prévu le 30 août à Berne. L’événement se déroulera sous la forme d’un rallye de poussettes.

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