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Portrait inspirant

Julie Monney, la fée vapeur de Laurastar

Julie Monney Laurastar SEBASTIEN AGNETTI

«Le monde du travail tend encore trop à opposer performance et vie de famille, or c’est aux entreprises de montrer l’exemple et de jouer le jeu pour qu’il n’y ait pas à choisir entre les deux.» - Julie Monney

© SEBASTIEN AGNETTI

Tous les chemins mènent à Rome, paraît-il, mais dans le cas de Julie Monney, il serait plus juste de dire que tous les chemins mènent à Châtel-St-Denis. Après avoir posé ses valises dans les cantons de Vaud et Genève, c’est ici, dans la ville fribourgeoise bordée de douces montagnes comme dans un décor de papier découpé gruérien, que le destin a fini par la ramener, elle qui se vouait au départ à toute autre chose que reprendre la direction de l’entreprise familiale.

Depuis 2019, en effet, elle et son frère dirigent en tandem la société Laurastar, marque bien connue des foyers suisses et d’ailleurs, spécialisée dans les systèmes de repassage et les purificateurs vapeur, fondée en 1980 par leur père. Une situation que ni elle, ni son entrepreneur de papa n’auraient sans doute imaginée vingt ans en arrière.

«Avec mes deux sœurs et mon frère, nous avons été élevés de façon à choisir notre propre voie, ce n’était pas spécialement dans les projets que l’un ou l’autre des quatre enfants reprenne le flambeau. Nos parents voulaient dès le début que nous soyons libres et échappions à un parcours tracé à l’avance.»

De Genève aux Préalpes

Sa voie, ado, elle la voyait plutôt dans le journalisme ou la communication. Une licence de Lettres plus tard, il lui manque pourtant quelque chose, signe que sa fibre créative n’est pas la seule corde qui pourra la faire vibrer. Elle enchaîne vite sur une autre licence, en gestion d’entreprise cette fois. Et là, c’est la révélation. Comme si le management et le business faisaient irrémédiablement partie de l’ADN de la famille.

Pendant dix ans, Julie Monney va œuvrer dans les sièges genevois de plusieurs multinationales, s’affranchissant des plafonds et autres falaises de verre réputés guetter les femmes dans les hautes sphères. Puis 2010 et un premier enfant pointent le bout de leur nez.

«C’est une période où j’avais un peu plus de temps, je suis venue au siège de Laurastar donner quelques coups de main ici et là. Mon frère y travaillait déjà dans le département des ventes. Il y a eu un déclic. Soudain je voyais cette entreprise, son potentiel, avec des yeux d’adultes. C’était une petite pépite.»

Le ying et le yang

Deux mois avant de reprendre le travail à Lausanne, son père et la direction, qui ont eux aussi dû sentir que quelque chose s’était passé, lui proposent le poste de directrice marketing. «Au bout de 48 heures seulement j’avais dit oui. J’y trouvais du sens, après avoir été parfois déçue par les grands mots et les grandes valeurs qui ne se réalisaient pas dans certaines grosses entreprises.»

Neuf ans plus tard, elle et son frère prennent les rênes à quatre mains, «la meilleure solution à nos yeux, car nous avons des caractères et des compétences complémentaires».

En recherche d'inspiration permanente

Passer de géants planétaires à une entreprise de 280 employés? Même pas peur. Julie Monney aime le côté agile de la PME. «C’est ce qui fait notre force, mais on passe pour des ovnis comparés à nos concurrents, qui sont des mastodontes.»

Il y a la vision, l’intuition, aussi. La co-CEO se nourrit de l’époque, de ses tendances, mais également de ces voyages qu’elle affectionne tant. Lors d’un voyage au Japon, la miniaturisation extrême des objets du quotidien la fascine et la convainc d’aller vers des systèmes à vapeur plus compacts et adaptés aux usages d’aujourd’hui.

Valeurs de parité

Un homme et une femme à la tête de l’entreprise, c’est en outre tout un symbole de l’esprit interne de Laurastar, qui vient de recevoir le Prix du Cercle Suisse des Administratrices pour sa politique favorisant la diversité, avec plus de 40% de femmes dans son conseil d’administration.

«Le monde du travail tend encore trop à opposer performance et vie de famille, or c’est aux entreprises de montrer l’exemple et de jouer le jeu pour qu’il n’y ait pas à choisir entre les deux. Oui, je suis CEO, mais je vais chercher mes enfants à l’école. Si la direction ne le vit pas, elle ne donne pas la possibilité aux autres de le vivre.»

Et de se réjouir que plusieurs hommes ici soient des papas à temps partiel. Plutôt avant-gardiste pour une marque dont les produits sont liés à la sphère domestique, traditionnellement celle des femmes. «La notion de genre ne devrait plus exister dans ce domaine. Le ménage ou le repassage ont quelque chose de satisfaisant, aussi fou que cela paraisse c’est une forme d’évasion, il serait dommage que ces messieurs n’en profitent pas aussi.»

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