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États-Unis: Karen et Becky, Mesdames suprématie

États-Unis: Karen et Becky, Mesdames suprématie

«Karen et Becky sont devenues un adversaire désigné dans la lutte contre les oppressions», explique à Slate Charlotte Recoquillon, chercheuse rattachée à l’Institut français de géopolitique.

© Getty Images

Le point commun des Karen et des Becky? Elles reprochent aux Noirs d’exister et dégainent le 911 à la moindre «menace». La dernière Karen à avoir défrayé la chronique a sévi le 25 mai 2020, le même jour que le meurtre de George Floyd. Amy Cooper de son vrai nom a croisé la route de Christian Cooper (même patronyme mais tous les deux n’ont aucun lien de parenté), un Afro-américain de 57 ans à Central Park. Ce dernier reproche à Amy de ne pas tenir son chien en laisse. De son côté, elle refuse de l’écouter: Christian sort son téléphone pour filmer la scène et Amy dégaine alors le sien en le menaçant:

«J’appelle la police, je vais leur dire qu’un homme africain-américain menace ma vie.»

Melody Cooper, la sœur de Christian, a ensuite posté la vidéo réalisée par son frère en écrivant en légende: «Quand les Karen baladent leur chien sans laisse».

Bad buzz racistes en Amérique

«L’histoire est tristement banale, rappelle Slate. «Central Park Karen» rejoint une litanie de femmes blanches autrices de bad buzz racistes devenues la risée du pays. […] Leur point commun? Reprocher à des personnes noires d’exister.» En avril 2018, Jennifer «Becky» Schulte avait appelé le 911 pour signaler que deux hommes noirs faisaient de grillades. Deux mois plus tard, Alison Ettel dénonçait une jeune fille noire qui vendait de l’eau.

Karen est utilisée depuis 2004 et la sortie du film Lolita malgré moi. Le personnage de Karen (interprétée par Amanda Seyfried), une jeune fille «gentille mais très stupide», comme le résume Wikipédia. Quant au sobriquet de «Becky», il a notamment été popularisé par Beyoncé qui l’a utilisé dans son titre Sorry. Elle confiait alors que Jay-Z avait eu une liaison avec «Becky with the good hair». On ne saura jamais qui était réellement cette jeune femme. Seule certitude: elle avait les cheveux lisses…

«Karen et Becky sont devenues un adversaire désigné dans la lutte contre les oppressions, explique à Slate Charlotte Recoquillon, chercheuse rattachée à l’Institut français de géopolitique. Il ne faut pas oublier que Donald Trump a été élu par le vote des femmes blanches.» Et de rappeler que dans la pensée américaine, «l’homme noir est perçu comme un criminel, la femme blanche comme une victime fragile et dominée. En créant ces archétypes – Becky, Karen etc. – les militants font un travail de déconstruction de ce phénomène dans l’opinion publique.»

Pour la chercheuse, Becky et Karen «ne savent pas qu’elles sont racistes, mais elles ont hérité de cette crainte de l’homme noir.»

Mais en utilisant ces surnoms, ne se rend-on pas également coupable de racisme anti-blanc? Impossible, répond l’experte. «Penser que Karen et Becky sont des insultes racistes, c’est infondé et insupportable. Cela ne fait pas appel à la même histoire d’oppression et de racisme systémique. Cela n’a rien d’extraordinaire de créer des archétypes. On ne parle pas des individus, mais des processus sociaux.»


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