Lausanne
Depuis 25 ans, le Point d'Eau offre des soins aux démuni-e-s
La fondation du Point d'Eau, située à Lausanne, propose notamment des soins dentaires.
© GETTY IMAGES/AMR BO SHANABFEMINA Christine Landolt, pourquoi avoir créé Le Point d’Eau?
Christine Landolt Avec mon mari, nous avons toujours été sensibles au fait que la misère pouvait s’abattre très vite et sur n’importe qui. Jeunes, nous habitions Paris – je suis née sous la tour Eiffel… – et nous avons vu un couple qui portait une valise, ils et elles étaient encore élégamment habillé-e-s, la femme se débarbouillait dans la Seine alors que l’homme s’y rasait. Puis, installé-e-s à Lausanne, nous avons vu qu’à Genève, il y avait un endroit qui s’appelait le Point d’Eau, et on a eu envie de faire la même chose.
Et alors, comment avez-vous commencé?
Lessives et douches étaient notre point de départ, puis la santé, la première chose qu’on lâche, avec les soins dentaires, lorsqu’on se retrouve dans la précarité. Maintenant, 25 ans après, nous avons déménagé dans un plus grand espace à l’avenue d’Échallens 123, et nous avons un deuxième cabinet dentaire.
Actuellement, nous recherchons activement des dentistes, des physiothérapeutes, des podologues et aussi des coiffeur-euse-s! Avis aux amatrices et aux amateurs!
Comment est financé Le Point d’Eau?
Nous avons d’abord été soutenu-e-s par la Ville de Lausanne et actuellement le Canton a pris le relais. Nous dépendons également d’importants dons privés et la Loterie Romande a payé une grande part de nos travaux. Nous sommes toujours en recherche de soutiens, et c’est l’ASPEL, Association de soutien au PEL, qui s’en charge. 160 bénévoles et 15 salarié-e-s assurent la pérennité de l’association. Les médecins, une quarantaine, nous font bénéficier de leur réseau de spécialistes. Dans nos nouveaux locaux, nous avons trois entrées, une pour l’hygiène, une pour le médical et une pour l’administratif. On a l’air d’une petite clinique, désormais! Nous distribuons aussi des médicaments offerts par les pharmacies et les cabinets médicaux, avec des pharmaciennes bénévoles qui gèrent le stock.
Comment est-ce que les prestataires arrivent jusqu'à chez vous?
Par le bouche à oreille et tout le réseau social. Plus de 20’000 prestations sont dispensées chaque année, ce qui fait entre 5000 à 7000 personnes qui passent par Le Point d’Eau.
Quel type de personnes vient au Point d’Eau?
Au tout début, il y avait énormément de Sud-Américain-e-s, maintenant des gens de l’Est, des Roms, peu ou pas d’Ukrainien-ne-s car ils et elles sont pris en charge par l’EVAM, des gens du Maghreb, d’Afrique noire, des autochtones, des familles monoparentales, des worker-poors, des SDF, des personnes qui vivent dans leur voiture. Certain-e-s veulent rester seul-e-s, ils et elles n’apprécient pas les contacts humains, d’autres au contraire ont besoin de passer un moment en société.
Souvent, on se rend compte qu’on est leur dernier recours, que ces personnes recherchent le foyer qu’elles n’ont plus. En général, elles sont là parce qu’elles ont eu un vécu très difficile.
Y a-t-il des lieux spécifiques pour les femmes?
À l’origine, les douches des femmes étaient très proches de celles des hommes, désormais nous proposons des espaces bien séparés et nous avons plus de femmes qui sollicitent nos prestations.
En marge de cet anniversaire et pour soutenir la fondation, le photoreporter Patrick Chauvel donne une conférence, «Raconter la Guerre, Questionner la Paix», les 21, 22 et 27 mars 2024 au théâtre Vilaines Lavandières, Pully (VD). Informations et billetterie
