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Chronique: On anxiogène grave la rentrée

Chronique Sonia Arnal 4

Sonia Arnal est rédactrice en chef de Femina. Dans sa vie comme dans la vôtre, rien ne se passe jamais comme il faudrait…

© Silke Werzinger

Ça a commencé par «Les dix petits-déjeuners sains pour une rentrée pleine d’énergie». Un article qui ne m’a pas particulièrement mis la puce à l’oreille – c’est vrai que quand on reprend le travail, on a moins le temps qu’en vacances de se préparer un solide repas le matin avant de partir, et puis il faut trouver le moyen de faire avaler quelque chose à des ados auxquels le fait de se lever tôt coupe l’appétit (et les connexions neuronales, et le moral, et le sourire, et la politesse).

Avec «Les cinq astuces pour bien dormir à la veille de la rentrée», j’ai pensé pareil: le stress, c’est vrai que c’est contre-productif pour le sommeil, ça fait sens dans le contexte de nous livrer deux ou trois conseils pour s’endormir plus tôt.

Mais à force, j’ai commencé à douter. Il y a eu, par exemple, la rentrée, cette «occasion de shopper un modèle de bureau dans l’air du temps et qui corresponde aux besoins de votre enfant pour une année hyper productive». Bon sans me vanter j’ai fait mes leçons par terre toute ma vie (je ne vous la joue pas Cosette: j’avais un bureau, mais tellement encombré de désordre qu’il en était inutilisable), et même si je n’ai de loin pas toujours été «hyper productive», j’ai survécu. Et surtout, va-t-on vraiment refaire toute la déco de la chambre de la marmaille juste parce qu’elle retourne à l’école?

Etrange qu’on parte en panique à l’idée de retourner faire ce que l’on n’arrête quasiment jamais de faire.

J’ai vu aussi, dans le désordre, «Comment garder son teint hâlé», «Les astuces pour payer ses fournitures moins chères», «20 pièces pour un look rentrée calibré», «Quels menus pour ne pas se prendre la tête à la rentrée», etc.

De nos jours, avec le temps que durent les cursus académiques, des rentrées on en fait au bas mot une quinzaine ou une vingtaine. Donc ça va, les enfants finissent par avoir l’habitude, pas la peine de nous monter la chose en épingle, façon «Attention, moment clé, au secours mon dieu, comment on fait déjà quand on n’est pas en vacances?». Surtout que quand on a un job, le travail c’est en général 47 semaines sur 52. Etrange quand même que sous prétexte d’avoir cessé toute activité professionnelle trois semaines durant, en juillet ou en août, on parte en panique à l’idée de retourner faire ce que l’on n’arrête quasiment jamais de faire.

Au fond, tout ça, c’est la faute de nos profs. Ils nous ont tellement traumatisés avec le spectre du redoublement (Berk! Finir dans la classe des bébés du dessous, quelle horreur!) et asséné que nous ne savions rien, qu’à chaque rentrée nous vivons une remontée d’anxiété: je ne sais plus écrire, je ne sais plus compter, je ne sais plus dormir, je ne sais plus me faire cuire un œuf. Bon ceux qui savent encore, ce sont les vendeurs de cahiers, de crèmes et de lampes pour luminothérapie qui arrivent à nous faire croire qu’une nouvelle plume est la panacée pour contrer nos angoisses et redorer notre estime de soi.


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