Réseaux sociaux
Chris Hughes, le cofondateur de Facebook en lutte contre Mark Zuckerberg
Il a 35 ans et l’allure d’un éternel adolescent. Fluet mais déterminé, Chris Hughes est l’un des plus fervents détracteurs de Facebook, l’incontournable réseau social qu’il a pourtant contribué à créer. L’ancien compagnon de chambrée de Mark Zuckerberg à Harvard, celui que ses potes geeks surnommaient «the empath», l’empathique, était déjà plus intéressé par les êtres humains que par les lignes de code à l’époque où leur projet révolutionnaire n’en était qu’au stade embryonnaire. Leur petite entreprise est devenue tentaculaire et sa démesure lui reste aujourd’hui en travers de la gorge. Dans une longue tribune publiée le 9 mai 2019 dans le «New York Times», et relayée dans le monde entier, Chris Hugues en réclame purement et simplement le démantèlement.
Plus d’une décennie après sa création, Facebook décroche, selon lui, la «palme de la domination». Selon son estimation, il concentre plus de 80% des revenus mondiaux réalisés par les réseaux sociaux. Un puissant monopole qui «éclipse tous ses rivaux et annihile la concurrence». Inacceptable pour Chris Hughes dont les attaques en règle n’épargnent pas son ancien coloc’.
Un demi-milliard de dollars en 3 ans
Chris Hughes ne s’exempte pas de critiques. Après tout, il n’a pas su voir comment les choses pourraient tourner. Actuellement président du lobby Economic Security Project, il n’est d’ailleurs pas le seul parmi les participants de la première heure à se retourner contre la «créature» et ses dérives. Mais ce Petit Prince de la Silicon Valley, incarnation du rêve américain, issu de la classe moyenne, boursier, étudiant brillant devenu multimillionnaire, n’a pas l’outrecuidance de nier qu’il doit précisément sa trajectoire fulgurante à Facebook.
Une entreprise qu’il a quittée en 2007 pour gérer la campagne présidentielle en ligne de Barack Obama, et dont il a vendu ses parts, ensuite, pour la modique somme de 500 millions de dollars. Un demi-milliard pour à peine trois ans de boulot, comme il le résume lui-même. De quoi déstabiliser ce fils de luthériens fervents qui reversaient chaque année 10% de leur salaire à l’église et à des œuvres caritatives. Partisan de l’introduction d’un revenu de base universel pour lutter contre la pauvreté, marié à Sean Eldridge, avec lequel il élève un enfant, le trentenaire s’engage aussi pour la cause gay.
Un impôt sur les plus riches
Taxé de riche opportuniste par certains, Chris Hughes n’est pas épargné par la critique, sévère notamment lors du fiasco du magazine «The New Republic», qu’il a racheté en 2012 et revendu quatre ans plus tard après avoir échoué, il l’a reconnu, à instaurer un nouveau business model censé assurer le virage digital de ce titre presque centenaire. L’homme agace aussi ceux qui lui reprochent de cracher dans la soupe qui a massivement engraissé son compte en banque. C’est sûr qu’il n’est pas à plaindre, confortablement installé dans son loft de 4000 m2 au cœur du quartier branché de SoHo à New York.
Les revenus supplémentaires amassés grâce à cet impôt sur la fortune, qui toucherait le 0,1% d’Américains les plus riches pourraient, selon eux, financer en grande partie les énergies propres, la garde d’enfants, la réduction de la dette étudiante ou encore les services de santé. Autrement dit, des «investissements nécessaires pour le futur».
Chris Hughes en 3 dates
1983: Naissance à Hickory, Caroline du Nord.
2012: Il épouse son compagnon, Sean Eldridge, à New York. Les deux hommes élèvent un enfant.
2019: Il dénonce dans une tribune publiée dans le «New York Times» le pouvoir exorbitant de Facebook et de son dirigeant Mark Zuckerberg.