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Vaginisme: Des clés pour le comprendre et le dépasser

Vaginismes comprendre soigner dépasser

Contrairement à ce que pense la majorité des femmes qui souffrent de vaginisme, il s'agit d'un problème de périnée, et non de vagin.

© GETTY IMAGES/DUSAN STANKOVIC

Au départ du projet commun d’Angéla Bonnaud et de Margot Maurel, toutes deux sexologues, un constat: en 2021, il n’existait pas de livre sur le vaginisme. Pourtant, selon les estimations, 1 à 10% des femmes en âge de procréer en souffrent. Un chiffre qui serait même en dessous de la réalité, puisque selon les expériences en consultation de sexologie des deux spécialistes, au moins un quart de leur patientèle subit ces douleurs liées à la pénétration. L’écart entre les estimations et le terrain s’explique en partie par le silence qui entoure la problématique: peu de femmes en parlent à leurs médecins, et encore moins à leurs partenaires, avec un sentiment de ne pas être dans la norme en matière de sexualité. Les deux sexologues ont donc réuni leurs connaissances sur le sujet dans un livre, Vaginismes (Éd. La Musardine), pour «sortir de cette souffrance du silence et désensibiliser le vaginisme». Explications de leur cheminement en trois étapes clés.

Définir

D’abord, il s’agit de savoir de quoi on parle. Les autrices commencent par relayer la définition du vaginisme selon l’OMS: «C’est une contraction involontaire, répétée et persistante des muscles périnéaux entourant le tiers externe du vagin, en cas de pénétration – d’un doigt, d’un tampon, d’un spéculum, d’un sex-toy ou d’un pénis.» Il s’agit donc d’un problème de périnée, et non de vagin, contrairement à ce que pense la majorité des femmes qui se trouvent confrontées à cette difficulté.

«On entend souvent «mon vagin est trop petit, mon vagin est inadapté, il est fermé.» Tout tourne autour du vagin, or il est simplement victime par strangulation d’un groupe de muscles aussi appelé périnée qui l’enserre si fort que rien ne peut rentrer à l’intérieur», explique Angéla Bonnaud.

Et si elles ont choisi de parler de vaginismes au pluriel, c’est pour sortir aussi de la définition plutôt carrée qu’en donne l’OMS, comme le souligne Margot Maurel: «Si on a voulu mettre un «s» au mot, c’est qu’il n’y a pas un vaginisme qui se ressemble. Et ce n’est pas uniquement une peur panique de la pénétration.»

Déconstruire

Savoir que le vaginisme est un problème lié au périnée a priori serait donc plutôt rassurant, puisque ce groupe de muscles peut se rééduquer. «Ça rassure en effet les patientes, confirme Margot Maurel. Mais du coup, il y a une vision très mécaniste de cette pathologie et de cette difficulté sexuelle qui est: il faut que mon périnée se détende et ça sera réglé. Or, ce n’est pas le cas, car il y a aussi tout un travail à faire en consultation sexo sur les sphères émotionnelles, sexuelles et sociales.» De fait, plusieurs facteurs entrent en jeu pour dépasser le blocage, au-delà d’une prise en charge purement mécanique. À commencer par la remise en question des normes en matière de sexualité, selon Angéla Bonnaud:

«La première chose serait de déconstruire les croyances autour du fait qu’une sexualité normale, c’est une pénétration. Or, en intégrant plutôt la notion de plaisir comme objectif et comme norme, si la pénétration n’en apporte aucun, il n’y a pas d’obligation à le faire.»

Ce qui ne veut pas dire qu’elle doit disparaître totalement de la sexualité pour celles qui souffrent de vaginisme, mais les deux spécialistes invitent à la repenser dans un premier temps. «D’en faire un objectif et une obligation met trop de pression sur les partenaires qui n’y arrivent pas au final lorsque la femme a mal à chaque tentative. En contournant un peu la problématique, en allant sur d’autres pratiques, on a la possibilité d’aller réinvestir cette pénétration ensuite», continue Angéla Bonnaud.

Dépasser

«Le cheminement se fait par étapes, observe Margot Maurel. Certaines femmes ont pour objectif de base l’aspect mécanique, c’est-à-dire d’arriver à être pénétrées. Une fois arrivées à ce stade, avec un accompagnement sexologique, elles se rendent comptent qu’elles n’y prennent pas de plaisir ou que leur partenaire n’est pas satisfait. On passe alors à une autre étape du soin avec des objectifs qu’elles n’arrivaient pas à voir avant, au-delà de la pénétration.»

Pour vaincre les blocages, les deux sexologues proposent des pistes, dont l’ostéopathie par exemple, qui offre une véritable valeur ajoutée, comme l’explique Margot Maurel: «Ce qui est intéressant, c’est tout le travail autour de la reconnexion à leur corps, à la «libération» de leur sexe, mais aussi de l’intérieur de leurs cuisses, des mouvements de fermeture dans leur corps.» Une prise de conscience du corps et de l’esprit qu’encourage également Angéla Bonnaud:

«L’idée, c’est d’être à l’aise avec son corps. La mise en mouvement, que ce soit avec du yoga, de la danse ou de la pole dance par exemple, est un élément clé pour dépasser le vaginisme. Je propose aussi de la méditation de pleine conscience en consultation, avec des guidances autour du mouvement du périnée pour arriver à une véritable conscience de cette partie du corps à laquelle elles font attention uniquement quand elles ont mal.»

Autant d’outils pour aller au-delà de la «simple» mécanique et pour réguler l’attention sexuelle. «Ça permet de se projeter dans des temps sexuels qui soient agréables et reliés à leurs envies sans référentiel à des épisodes douloureux ou à des échecs. Plus on sait ce qu’on fait et on régule, plus on maîtrise ce qu’on est en train de vivre, selon ses propres choix.» Des pistes qui ont permis à la majorité de leurs patientes de dépasser le vaginisme et qu’elles partagent aujourd’hui dans leur livre construit à quatre mains.

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