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Le masque inspire la mode: les règles d'or à garder en tête

Pour un masque en tissu, comptez un jour de port maximum, «c’est comme pour un sous-vêtement ou un mouchoir», compare le docteur Laurence Senn. Masque solidaire en perles amovibles Darris, env. 15 fr. darrisparis.com
© DarrisAujourd’hui, que l’on emprunte un train, un bus ou même un bateau, il est difficile de ne pas observer les dominos de couleurs créés par les visages des passagers, masqués de modèles chirurgicaux ou en tissu. Même si, depuis cinq mois maintenant, de nombreux créateurs du monde entier n’ont pas manqué de rivaliser d’imagination pour réinventer le masque, il faut avouer que dans la «vraie vie», les faveurs du grand public vont vers le modèle chirurgical ou son alternative en tissu. Mais lequel choisir?
Pour le docteur Walter Zingg, médecin adjoint agrégé au Service prévention et contrôle de l’infection aux HUG, il est primordial de répéter que «l’utilisation des masques vise à nous protéger, mais aussi à protéger les autres, c’est un acte social, altruiste et non égoïste.» De son côté, le docteur Laurence Senn, responsable de l’Unité d’hygiène, prévention et contrôle de l’infection au CHUV, rappelle que «le port du masque vient en complément des deux premières mesures barrières recommandées par l’OFSP qui sont la bonne hygiène des mains et le respect de la distanciation sociale.»

Des critères à respecter
Alors, entre le masque chirurgical et son confrère en tissu, lequel faut-il préférer? Selon le docteur Walter Zingg, «il faut prendre en compte la notion de protection contre le virus et le contrôle de la source. On ne devrait pas avoir de gens malades dans les rues: si l’on pense avoir des signes du Covid, on s’isole chez soi puis on se déplace uniquement pour les tests en portant un masque chirurgical. D’ailleurs, à l’entrée des hôpitaux, seuls les masques chirurgicaux sont acceptés et donc fournis.» De plus, pour les deux spécialistes, les personnes à risques (âgées de plus de 65 ans, enceintes, souffrant de maladies chroniques ou de comorbidité) doivent porter de préférence un masque chirurgical, également appelé d’hygiène, les masques en tissu pouvant être de qualité très variable.
Pour le plus gros de nos déplacements quotidiens (transports en commun, travail, courses), nos deux experts estiment que le masque chirurgical comme celui en tissu retiennent les gouttelettes contenant potentiellement le virus, aussi bien celles émises par le porteur du masque que celles projetées vers lui. Mais attention, plusieurs critères sont à vérifier si l’on choisit le tissu. Les deux médecins sont d’accord:
«Il faut se procurer si possible des masques barrières qui portent l’étiquette TESTEX Community Mask, ou qui répondent au référentiel de l’Afnor, et cela, qu’ils soient faits maison ou vendus par une entreprise.»
En outre, rappelle Laurence Senn, la forme du masque en tissu doit, comme son alter ego chirurgical, «couvrir le nez, la bouche, le menton et les pommettes». Exit donc les designs trop minimalistes. La spécialiste ne recommande pas non plus la superposition de masques ou l’ajout d’une couche plastique: «Clairement c’est non, on ne doit pas les bricoler.»

Pour les anxieux, qui auraient l’impression d’étouffer sous leur masque, elle conseille de le mettre quelques heures à la maison, «comme des nouvelles chaussures», surtout si c’est la première fois que la personne doit le porter pour une longue durée. L’experte motive: «On peut porter un masque autant d’heures que nécessaire, pensez au personnel soignant qui en porte à longueur de journée!»
Santé et écologie
Toutefois, au fil du temps, tous les modèles perdent de leur efficacité. Il faut changer un masque chirurgical toutes les quatre heures, maximum huit, ou dès qu’il est mouillé. La transpiration et l’eau ne garantissent plus une filtration suffisante. Pour un masque en tissu, comptez un jour de port maximum, «c’est comme pour un sous-vêtement ou un mouchoir», compare le docteur Laurence Senn. Après 10 lavages à 60° degrés (au minimum), les capacités de filtration ne sont plus garanties.
Aux personnes soucieuses d’écologie enfin, qui déplorent des effets collatéraux de l’utilisation massive de masques en général et du modèle chirurgical en particulier, la responsable de l’Unité d’hygiène du CHUV répond que nous vivons «une situation extraordinaire et temporaire, où certaines considérations sur le climat passent, pour un temps, au second plan.» Autrement dit, le prix à payer pour une santé collective.

Dans l’actu
Publié le 7 août 2020 par Sciences Advances, une étude, menée par les chercheurs de l’université américaine de Duke, confirme sans grande surprise l’efficacité des masques réservés au personnel hospitalier N95 (la norme américaine, équivalente aux FFP2), filtrant les gouttelettes à plus de 99,9%. Viennent ensuite les masques chirurgicaux à trois couches, qui ont une efficacité de filtration de plus de 90%. Pour les masques faits maison en coton, l’efficacité de filtration oscille entre 70 et 90%, selon le nombre de couches et le plissage. Le pire des 14 masques testés? Un cache-col en polaire.

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