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Santé mentale: l’art et les bienfaits du journaling

Santé mentale: L’art et les bienfaits du journaling

«Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’écrire, rassure Emmanuelle Ryser. L’idée n’est pas de rédiger de grandes phrases dans un style parfait, au contraire! Personne ne va vous relire: c’est un lieu de liberté totale, on a le droit de tout faire, de tout écrire.»

© Getty Images

Un cahier A5, recouvert de homards orangés sur fond bleu. A l’intérieur, quelques pages noircies d’une fine écriture. Un stylo feutre bleu, toujours, à portée de main. Le rituel de Sonia, 29 ans, peut commencer: chaque matin, elle s’accorde 20 minutes en tête-à-tête avec son journal. «Je me suis lancée il y a trois ans et demi, après une rupture qui m’avait dévastée, se souvient-elle. Je n’avais plus le goût de rien, plus envie de rire. C’est une amie qui m’a offert mon premier journal. Je ne l’ai pas touché durant plusieurs mois, puis je l’ai retrouvé par hasard en rangeant mon appartement.» Sonia finit par écrire un premier mot, une première phrase. Puis elle ne s’arrête plus et recouvre des pages entières.

«C’était totalement addictif. Je me suis rendue compte que j’avais énormément de choses à dire, à me dire. Durant de nombreuses semaines, j’ai beaucoup beaucoup écrit.»

Pour Emmanuelle Ryser, spécialiste en récits de vie, l’écriture peut effectivement avoir un effet libérateur: «Il n’est pas rare de ressentir ce besoin d’écrire lorsque l’on vit de grandes émotions. Cela peut avoir un effet cathartique: on déverse son malheur sur la page. C’est souvent libératoire. Personnellement, j’en ai besoin, l’écriture fait partie de mon équilibre, d’une certaine hygiène de vie.» Plusieurs études le prouvent: tenir son journal réduit la peur, la colère, la tristesse. Écrire permet de diminuer l’activité des centres amygdaliens et d’ainsi mieux réguler ses émotions, comme l’ont démontré les travaux de Matthew Lieberman, chercheur à l’Université de Californie et auteur de l’ouvrage Calm yourself: write a diary.

Une fois par semaine, ça suffit!

Instagram semble également avoir flairé la tendance. De nombreuses stars du réseau ne cachent pas leur attrait pour le papier: 2022 sera placé sous le signe de l’écriture. Lena Mahfouf a renoué avec ses cahiers pour tenir ses objectifs, tout comme Louise Aubery, qui a écrit son livre à paraître ces prochaines semaines entièrement à la main. Journal de gratitude, bucket list, scrapbooking, cahier mêlant dessins et textes… Il y a autant de façon de tenir un journal qu’il y a d’individus.

Barbara, 59 ans, noircit scrupuleusement son Bullet Journal depuis plus de deux ans. Elle y note ses rendez-vous comme ses états d’esprit, ses nouvelles idées et les petits moments qui l’ont rendue heureuse dans la journée. «Chaque jour, cela me permet de me focaliser sur le positif, explique-t-elle. J’avais tendance à toujours voir ce qui n’allait pas. Avec cette pratique, j’apprécie plus les choses, je suis davantage dans le moment présent.» La clé pour tenir sur le long terme? Que cette activité reste un plaisir, une source de joie et d’apaisement. «Selon moi, il n’est pas nécessaire, voire contre-productif, de se forcer à écrire chaque jour, note Emmanuelle Ryser. A ce rythme, on va tenir pendant 3 semaines, puis tout lâcher d’un coup.»

«Nous avons toutes et tous des vies bien chargées, mieux vaut se donner rendez-vous une fois par semaine avec son journal, par exemple le dimanche matin. Un exercice hebdomadaire suffit souvent pour se sentir bien dans sa vie, ancré-e dans l’instant.»

Emmanuelle Ryser

Ecrivaine et fondatrice de «E comme Ecriture»

Tout comme Angèle le confessait dans le documentaire qui lui est consacré sur Netflix, Diane a commencé son premier journal alors qu’elle apprenait tout juste à écrire. Âgée aujourd’hui de 34 ans et maman d’une petite fille, c’est une habitude qu’elle a toujours gardé, quelles que soient les périodes traversées. «J’aime raconter ce que je vis, cela me permet de hiérarchiser mes pensées d’une autre manière», explique-t-elle. Fan de papeterie, la jeune femme collectionne des dizaines et des dizaines de carnets. Elle multiplie également les façons d’écrire: elle tient un Bullet Journal pour ne pas perdre de vue ses objectifs, s’adonne à l’écriture automatique en période de stress, écrit des flux de pensées et de souvenirs dans ses agendas personnels et crée un journal pour sa fille, afin de garder en mémoire tous les précieux instants vécus ensemble. «J’écris presque tous les jours, souligne-t-elle. Cela me permet de me retrouver face à moi. Cette pratique est vraiment bénéfique pour ma santé mentale. Lorsque je n’écris pas, je le ressens immédiatement: je suis plus stressée et j’ai l’impression qu’un cercle vicieux s’installe. Retrouver ma plume et mon papier m’aide à me concentrer, à régler certaines choses.»

© Lilartsy / Unsplash

Un lieu de liberté totale

Que faire si l’on redoute de ne pas savoir bien s’y prendre, que l’on redoute la page blanche? «Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’écrire, rassure Emmanuelle Ryser. L’idée n’est pas de rédiger de grandes phrases dans un style parfait, au contraire! Personne ne va vous relire: c’est un lieu de liberté totale, on a le droit de tout faire, de tout écrire.» Pour mettre en place une écriture automatique, libératrice et constructive, l’experte suggère de commencer par la phrase: «Aujourd’hui je me sens…» et de la compléter à l’envie. Si tous les cahiers font l’affaire, les témoins interrogées sont unanimes: mieux vaut privilégier l’écriture manuscrite plutôt que l’ordinateur ou le smartphone. «Lorsque j’écris, tout mon corps participe à la démarche, relève Sonia. Pour moi, c’est essentiel, cela me permet d’être ancrée dans le moment présent, je ne vois pas de notifications, je ne suis pas tentée d’aller checker mon Instagram.» Selon Diane, nous aurions toutes et tous à y gagner:

«Prendre un papier et un crayon nous force à ralentir. Ce moment de déconnexion totale, loin de tout écran, est salutaire dans la démarche.»

Pionnier de la writing therapy, le psychologue texan James W. Pennebaker a démontré qu’écrire quotidiennement renforçait le système immunitaire. Cependant, même si les bénéfices du journaling sont innombrables (il boosterait la confiance, améliorerait le sommeil, nous ferait voir la vie de façon plus positive), il n’est pas toujours indiqué. «Si l’on a un problème et que l’on écrit uniquement là-dessus, on risque de rester enfermé-e dans ce dernier, met en garde Emmanuelle Ryser. Le risque serait alors d’alimenter cette obsession, de lui donner toute la place et de se couper du monde extérieur.» Comme le souligne la spécialiste, l’écriture est «un joyeux effet secondaire: elle ne soigne pas, du moins ne suffit pas à soigner seule. Écrire ne remplacera jamais une thérapie.»

Trois livres pour trouver l’inspiration (et se lancer!)

Pourquoi écrire va vous rendre heureux de Natalie Goldberg (éd. Robert Laffont)

Vendu à des millions d’exemplaires depuis sa parution en 1965, le best-seller regorge de conseils pratiques, que ce soit pour trouver le lieu idéal pour écrire, savoir quels mots jeter sur le papier ou pour dépasser ses doutes. Et si on se lançait, nous aussi?

Libérez votre créativité de Julia Cameron (éd. J’ai Lu)

La romancière nous aide à renouer avec notre Moi créateur, souvent mis de côté par notre Moi rationnel. L’ouvrage fourmille d’astuces pour lever nos blocages, mauvaises habitudes et autres inhibitions. Le programme de douze semaines, ponctuées de nombreux exercices, promet de nous donner un élan libérateur et créateur.

La méthode Bullet Journal de Ryder Carroll (éd. Lgf)

Ryder Carroll n’est autre que le créateur du Bullet Journal. Dans cet ouvrage, il nous donne les clés pour mettre en place notre propre système d’organisation. Ou, pour reprendre les mots du maître, ne plus être passager de sa propre existence, mais en redevenir le pilote. Trois grands chapitres structurent le livre: comprendre le passé, organiser le présent et dessiner l’avenir.

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