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Cinéma: le nouveau Disney «Vice-Versa»
Disney Pixar propose aux spectateurs petits et grands de faire connaissance avec leurs émotions, «ces petites voix qui vous prennent la tête», en suivant une fillette prénommée Riley, de son premier cri (de joie) à sa première dépression à l'âge de 11 ans, conséquence du déménagement de la famille dans une grande ville froide et anonyme.
Plongé dans la tête de Riley, le spectateur découvre le centre de commandement des émotions et des pensées de la fillette: la joie rayonne d'enthousiasme comme il se doit, la tristesse voit tout en noir, la peur se charge de la sécurité, la colère assure que la justice règne et le dégoût empêche l'enfant de se laisser empoisonner la vie. Dans le quartier général de la conscience de Riley, les émotions interagissent en permanence dès qu'une décision doit être prise ou qu'une sensation apparaît.
Présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes - deuxième dessin animé Pixar à avoir cet honneur après «Là-haut» en 2009 - «Vice-Versa», réalisé aussi par Pete Docter, est particulièrement maîtrisé sur le plan technique, avec des images de synthèse de toute beauté, servi par un scénario inédit et futé, invitant dans la galaxie Disney de nouveaux personnages attachants.
«Ma fille a été une enfant exubérante et très active et sociable. Quand elle a eu onze ans, elle est devenue beaucoup plus calme. Je me suis demandé ce qu'elle avait dans la tête», a expliqué à Cannes le réalisateur. «Nos émotions ne sont pas réellement des gens qui vivent dans nos têtes. J'espère que je ne gâche rien en le révélant!»
Nostalgie, tristesse et joie
Pour «Vice-Versa», les studios Disney Pixar ont fait appel à des experts, psychiatres et neurologues, pour mieux comprendre le fonctionnement de l'esprit et de la conscience, notamment le Dr Dacher Keltner, professeur de psychologie à l'université de Californie à Berkeley, spécialiste international des émotions humaines. «Les chercheurs ne sont pas tous d'accord sur le nombre d'émotions. D'après les travaux du Dr Keltner, il y en aurait 21, dont l'ennui, le mépris et la gêne. Un large choix s'offrait à nous et cela a été passionnant à explorer. Nous avons finalement opté pour les cinq émotions sur lesquelles presque tous les chercheurs sont d'accord», souligne le réalisateur.
Plongée dans une vraie dépression avec disparition de toute émotion positive, la fillette dépérit, perdant un à un tous ses centres d'intérêt. Dans sa tête, la joie désemparée se démène pour rétablir les paramètres nominaux du bien-être, tandis que la tristesse, pleine de bonne volonté, cherche désespérément à être utile au bonheur. «Il est extrêmement difficile de décrire comment nos émotions affectent notre comportement, mais le film y parvient brillamment en exprimant cette lutte de contrôle», estime le Dr Keltner qui a supervisé le scénario sur le plan scientifique.
Alors que l'enfant est sur le point de fuguer, la joie comprend comment la tristesse et la nostalgie peuvent devenir des alliés précieux, au prix d'incroyables aventures et défis relevés avec brio dans les méandres de la conscience de la fillette.
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