Portrait inspirant
Christine Salvadé, Madame culture du Jura
A…rts. Littérature, écriture, théâtre, arts plastiques et visuels, cinéma, musique… Depuis qu’elle est enfant, Christine Salvadé pense, respire et vit culture. C’est donc un «mouvement naturel», dit-elle, si elle occupe le poste de cheffe de l’Office de la culture du Jura depuis 2015.
B… runtrutaine. Arrivée de Moutier à Porrentruy quand elle avait sept ans, Christine Salvadé, née en 1967, ne garde que «des souvenirs heureux» de son enfance jurassienne. Etudes de lettres obligent, elle quitte toutefois «sa» ville dans les années 80. Et n’y revient que sporadiquement – sa carrière de journaliste la retenant à Genève, Londres ou Lausanne. Trente ans plus tard, sans l’avoir du tout planifié, la voilà pourtant de retour. Avec bonheur. «J’ai évidemment dû réapprendre un Jura que j’aimais mais ne connaissais pas dans sa configuration actuelle. Mais il m’a offert de belles surprises!»
D… éfi. Gérer la rubrique culturelle du Nouveau Quotidien à 24 ans tout juste, partir à Londres avec deux enfants en bas âge pendant quatre ans, assumer des responsabilités dans de grandes rédactions comme Le Temps ou Le Matin Dimanche, reprendre l’Office de la culture du Jura sans formation particulière en administration et boucler le dossier Théâtre du Jura… quels que soient les défis, elle ose. Et ce même si les feux ne sont pas tous au vert: «Je suis assez anxieuse mais j’aime foncer. Alors parfois, victime de mon optimisme, je me demande dans quelle galère je me suis fourrée. Tant pis, ça rend la vie passionnante!»
E… criture. Un fondamental, insiste-t-elle. C’est d’ailleurs pour écrire qu’elle est devenue journaliste. Son nouveau poste ne la frustre-t-il pas à ce niveau-là? Elle s’amuse: «Eh bien je n’ai jamais arrêté! J’ai eu par exemple cette magnifique occasion de partir à la recherche de l’art suisse pour Heidi.News et d’en faire un livre (publié en décembre 2021, ndlr). De même, je prête avec plaisir ma plume à d’autres – et je rédige beaucoup de notes: ma formation m’aide à être concise et convaincante.»
F… amille. Une valeur importante pour Christine Salvadé. Sa maman, ses fils de 23 et 24 ans qui vivent à Zurich, son mari basé à Lausanne… «J’ai besoin de passer du temps avec ma famille et mes amis aussi souvent que mes obligations me le permettent!»
I… dentité. Elle est JuJu jusqu’au bout des ongles. «Je me sens profondément appartenir à ce canton. Et comme beaucoup de mes pairs, je ressens le besoin de lui rendre un peu de ce qu’il m’a offert!»
T… héâtre. L’idée d’un théâtre jurassien date de la fin des années 60. Au fil du temps, le projet a dû être transformé, redimensionné… Après bien des chausse-trapes et obstacles, il a été inauguré dans la liesse populaire le 8 octobre 2021: «Ce théâtre a pu naître grâce à des générations de gens qui y ont cru et ont travaillé d’arrache-pied. Moi, je suis arrivée en 2015 et si j’ai eu à boucler le dossier avec le ministre de la Culture Martial Courtet, j’insiste: c’est une œuvre collective!»
Z… ouc. Si l’aventure du Théâtre du Jura l’a marquée, son souvenir le plus fort est lié à Zouc: «C’était en septembre 2015. Un mardi, précisément, puisque c’est ce jour-là que les ministres tiennent conseil. Le matin, à leur ordre du jour: le dossier du théâtre, qui devait impérativement être approuvé pour que le projet puisse avancer. Puis, à 11 h, la remise du Prix des arts, des lettres et des sciences de la législature à Zouc. Cette cérémonie devait se dérouler au Noirmont. Ce qui impliquait que le gouvernement devait arrêter sa séance, se rendre dans les Franches-Montagnes, puis reprendre ses débats. Or, le dossier était compliqué et, pire encore, on n’était même pas sûr que Zouc serait là. Il pleuvait des cordes… La ministre de la Culture de l’époque, Elisabeth Baume-Schneider, m’avait dit: on a intérêt à réussir cette journée – c’est l’image de la culture qui est en jeu! Mais tout est bien allé: Zouc était là, on a passé un moment formidable avec cette femme si importante dans le paysage culturel jurassien et qui nous a permis de montrer qu’il y a eu une vraie tradition théâtrale dans ce canton!»
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