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«Black Storm», un film de fiction climatique hautement technologique
Le long-métrage distribué par Warner Bros. (sortie le 13 août 2014), se passe dans une petite ville fictive, Silverton, où vont se croiser un père proviseur et ses deux fils adolescents, une équipe de «chasseurs de tornades» qui réalise un documentaire, et deux têtes brûlées en quête d'un quart d'heure de célébrité sur Youtube.
L'une des originalités du film est la mise en abyme alors que presque tous les personnages filment la catastrophe de leur point de vue, que ce soit avec une caméra professionnelle ou un petit smartphone. Certains personnages continuent à filmer obsessionnellement les tornades pendant que des gens sont en danger autour d'eux et «Black Storm» montre ainsi les travers d'une société qui devient obsédée par les images au détriment des humains.
D'un budget de 50 millions de dollars, le film a été tourné à Pontiac, dans le Michigan (nord des Etats-Unis), dans une région ravagée par la crise économique où l'état de délabrement peut faire croire «qu'une tornade est vraiment passée par là», remarque Jon Reep, l'un des deux casse-cou, lors d'une table ronde avec la presse.
Le duo et les documentaristes incarnent les véritables «storm chasers» aux Etats-Unis qui filment les tempêtes retransmises sur des chaînes comme Discovery ou Weather Channel pour un public qui aime se faire peur. L'un des acteurs, Jeremy Sumpter, s'avoue accro aux tempêtes. «C'est vraiment faire l'expérience de toute la puissance de Mère Nature, c'est comme le meilleur de tous les grands 8», affirme-t-il.
Bombardés d'eau et de vent
Le tournage a été assez intense pour les comédiens. «On a passé trois semaines dans un tunnel à se faire bombarder de pluie et de vent», plaisante Max Deacon, qui joue Donnie. Avec celle qui incarne l'élue de son coeur Kaitlyn (Alycia Debnam Carey), il a passé cinq nuits dans une fosse remplie d'eau jusqu'au menton.
Si les effets spéciaux sont en partie numériques, il y a aussi beaucoup de scène catastrophes tournées «en vrai». Le réalisateur Steven Quale raconte que pendant l'évacuation de l'école, Richard Armitage, qui incarne le proviseur adjoint, doit courir vers l'école et un camion tombe juste devant lui. «Je l'ai averti: Si tu cours au-delà de cette ligne, tu vas mourir.»
Le cinéaste a notamment voulu montrer comment lors de circonstances extrêmes, des inconnus deviennent tout d'un coup proches et doivent compter les uns sur les autres pour survivre. «On ne sait jamais comment on va réagir. Parfois les plus forts s'écroulent, et les plus discrets se comportent en héros», remarque l'actrice Sarah Wayne Callies, vue dans la série TV à succès «Walking Dead», et qui joue une professeur de météorologie.
Le film se veut avant tout un divertissement mais le message écologiste est bien présent et s'inscrit dans le genre de la fiction climatique ou «cli-fi» comme «Le jour d'après» (2004) ou récemment «Le Transperceneige». Un genre qu'on retrouve en littérature («Gros temps» de Bruce Sterling, «Etat d'urgence», de Michael Chrichton, «Mara et Dann», de Doris Lessing, etc.).
«C'est une réalité que ces tempêtes sont de plus en plus fortes d'année en année. Dans le Tennessee (sud des Etats-Unis) cette année ils ont eu 16 alertes aux tornades, normalement ils en ont seulement 4», remarque le scénariste John Swetnam. Steven Quale souligne que la réalité dépasse malheureusement la fiction: «On avait prévu pour les effets spéciaux une tempête d'un kilomètre et demi de large (1 mile). Quelque temps après on a appris qu'une tempête de 4 km de large venait d'arriver au centre des Etats-Unis. On a dû élargir notre tornade.»
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