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le pouvoir de l'upcycling

Style et durabilité: le pari mode de Rafael Kouto

Rafael Kouto mode style et durabilite

«Le challenge actuel consiste à faire comprendre à large échelle que les principes de la durabilité sont pleinement compatibles avec la mode et le style», explique Rafael Kouto.

© Massimiliano Rossetto

Choc cathodique dans l’émission Sur le front de France 5, dimanche 19 décembre 2021: le journaliste engagé Hugo Clément y dévoilait la face cachée de l’industrie de la mode, ou plutôt du business des bennes de collecte de vêtements. Le dressing désencombré, la conscience comblée de bons sentiments, on repart le cœur léger sans se soucier de savoir où nos vieilles fringues termineront leur route. Exportées en Afrique, apprenait-on dans le reportage. Très exactement au Ghana, où l’amoncellement des surplus de nos armoires forme des montagnes de décharges. Du prêt-à-porter au prêt-à-brûler, ce miroir déformant de nos existences consuméristes pose une multitude de questions auxquelles certains designers, comme Rafael Kouto, tentent de trouver des réponses durables.

Suisse originaire du Togo, juste à côté du Ghana, il a lui aussi vu ces images qui ont fait le tour du monde. «Malheureusement, c’est la réalité, observe-t-il. La plupart des vêtements collectés en Suisse et généralement en Occident exportés ensuite vers des pays d’Afrique ont un impact très négatif. En termes de pollution d’abord, mais également sur la production locale. L’exportation vers d’autres nations et continents des déchets textiles devrait être illégale, il n’existe aucune législation à ce sujet actuellement.» Là où les grandes marques abattent la carte marketing du greenwashing avec de beaux discours cousus de fil blanc, Rafael Kouto a fait le choix d’être clean depuis le début jusqu’à la fin de sa chaîne de production.

© Rafael Kouto

Designer avant tout, c’est la création qui l’intéresse en premier lieu: «Le challenge actuel consiste à faire comprendre à large échelle que les principes de la durabilité sont pleinement compatibles avec la mode et le style.» Rien de révolutionnaire, la solution se situe selon lui au niveau des quantités:

«Il faut produire moins et sur commande, ce qui est plus facilement réalisable à mon échelle que pour une grosse marque.»

En résidence à Milan

Sujet de son master au Sandberg Institut d’Amsterdam en 2015-2017, la durabilité dans la mode est centrale dans toutes ses réflexions et collections. «Au cours de mes différents stages, j’ai constaté que de nombreuses enseignes n’ont aucune idée du gaspillage de leurs propres productions. Il est important pour moi de proposer une alternative. Mes collections sont intégralement réalisées en matériaux recyclés et transformés. En constante évolution, les projets d’upcycling de certaines marques prouvent que c’est possible.»

En français, le terme upcycling signifie surcyclage, soit le recyclage par le haut. Ou comment créer du neuf avec de l’usagé, en y ajoutant de la qualité et une plus-value sur le produit final. Une notion que Rafael Kouto a héritée de ses racines togolaises: «De mes origines, j’ai développé une culture différente des matériaux, basée sur la nécessité de travailler avec des matières ou des objets existants pour les transformer. Lorsqu’on fait de l’upcycling, on travaille avec de très petites quantités de matériaux, il faut donc être capable de pouvoir adapter un modèle en cours de production pour éviter les pertes.»

En résidence à l’Institut suisse de Milan jusqu’à fin avril, il travaille sur un projet durable commun et interdisciplinaire avec d’autres designers, artistes et chercheurs. Contre toute attente, il découvre un pays très ouvert à la durabilité. «Le principe de l’upcycling existe historiquement en Italie. Par exemple à Prato (Toscane) et sa tradition de laine recyclée qui existe depuis un siècle.»

«Je cherche à être le plus transparent possible dans mon travail. Je remarque aussi l’intérêt grandissant des consommateurs souhaitant comprendre l’impact des vêtements qu’ils portent sur l’environnement.»

Rafael Kouto

Designer

La bio express de Rafael Kouto

Rafael Kouto naît à Lucerne en 1990. Il étudie le design de mode à la Haute École d’art de Bâle et il obtient un master au Sandberg Institut d’Amsterdam en 2017. Après quelques stages chez Alexander McQueen, Maison Martin Margiela, Carven et Ethical Fashion Initiative, il développe sa propre marque en 2018, avec deux collections unisexes par année, essentiellement produites en Suisse. Primé dans la catégorie Fashion & Textile au Swiss Design Awards en 2018 et 2019, il a vu paraître ses créations dans les pages de Vogue UK, Vogue Italia, Harper’s Bazaar Italia et Dazed & Confused.


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