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Rencontre avec le lauréat du «Mido Watch Design Contest»
Transposer Big Ben au poignet. C’est le défi lancé par l’horloger suisse MIDO à trois designers réputés. résultat des votes le 15 octobre 2015, à Shanghai. Et le gagnant est…
Sébastien Perret
Bijoutier et sertisseur, Sébastien Perret a été formé à la haute horlogerie sous la houlette de son père, dans le Jura suisse, et fait aujourd’hui partie du sérail des artisans de belles montres «made in Switzerland». Installé depuis quinze ans à Neuchâtel, il crée des garde-temps avec des maisons de renom: pour des collectionneurs, des «dingues» de joujoux horlogers (la première montre affichant l’heure grâce à un fluide liquide, c’est lui!). Mais aussi pour vous et moi. Avec le même soin. Et le même recul. Et pour cause, c’est dans son équipe, le savoir-faire et la «magie» de la création, qu’il place ses valeurs. De quoi remettre les pendules à l’heure de certaines «stars» du design actuelles…
L’aventure MIDO
En mars 2015, au Salon international de l’horlogerie de Bâle, MIDO lui a lancé un pari insolite: se mettre en lice avec deux autres designers suisses - Lorenzo Vallone et Eric Giroud - pour imaginer la «talking piece» 2016 de la marque. Valeurs MIDO obligent, le patrimoine historique, l’architecture et l’innovation technologique ont été les impératifs de ce Watch Design Contest. Ainsi que la source d’inspiration: l’horloge londonienne Big Ben.
La quadrature du cercle
Une fois les projets des trois designers postés sur le site MIDO, 100 000 fans de montres du monde entier ont voté online pour élire leur lauréat.
Roulement de cornemuse… Le 15 octobre 2015, à l’emblématique Swatch Art Peace Hotel de Shanghai, les deux autres membres du jury du Contest, M. Esa Mohamed, président de l’Union internationale des architectes, et M. Franz Linder, président de MIDO, ont décerné le prix à Sébastien Perret.
Sa victoire? Le designer la doit à la résolution d’une drôle d’équation: faire de la contrainte géométrique de Big Ben - un rond dans un carré! - un atout identitaire pour sa montre et dépasser l’imposant bloc néogothique au profit de ses fins détails architecturaux. Le tout en donnant aux fans de MIDO une montre MIDO. Avis aux amateurs, 500 pièces seulement seront éditées.
Interview de Sébastien Perret
Quel est votre mode de fonctionnement créatif?
Je travaille en équipe depuis le tout début de l’ouverture de mon bureau de design horloger «Etude de style», à Neuchâtel, c’est très important pour moi. Sur fond de musique ou en plein air - je vis d’ailleurs dans une ferme de la campagne neuchâteloise! -, c’est ainsi que je trouve le mieux mes idées. J’aime comparer mon travail de designer horloger à celui d’architecte. A cet égard, le projet de MIDO était parlant puisque l’architecture est un domaine qui nous passionne et qui nous inspire en permanence.
Quelle a été votre perception de Big Ben?
Big Ben est à première vue un monolithe très imposant, presque «simpliste» si j’ose l’expression. Un bloc néogothique qui semble juste indiquer l’heure. Mais lorsqu’on l’étudie de près, on va de bonne surprise en bonne surprise et on découvre un jeu subtil de pleins et de déliés, d’ombre et de lumière, et une multitude de détails très fins dans ses décors et matières.
Comment l’avez-vous transposée en montre pour la maison MIDO?
Nous n’avons - volontairement - pas voulu faire une «concept watch» mais une montre, portable, avec les codes et l’ADN de MIDO. Pour nous, une montre MIDO est ronde, d’où notre parti-pris. Et puis, cela nous semblait trop littéral de faire une montre de forme (ndlr: une montre qui n’est pas ronde). Donc, nous avons choisi de retranscrire la spécificité géométrique très particulière de Big Ben: le cadran de l’horloge circulaire est imbriqué dans la tour de forme carrée. En résumé, nous avons dû inscrire harmonieusement «un rond dans un carré», c’était la quadrature du cercle.
Cette montre est-elle «sexuée? L’avez-vous imaginée masculine ou féminine?
En général, soit les horlogers adaptent un modèle masculin au goût et à la morphologie des femmes - le modèle masculin est reproduit à l’identique mais en plus petite taille et adopte des codes couleurs féminins -, soit ils créent des montres exclusivement féminines. Dans le cas de ce projet, la montre a été conçue pour les hommes, mais nous n’excluons pas la possibilité de l’adapter pour les femmes ultérieurement.
Quelle est la prochaine étape maintenant que vous avez remporté le prix?
Aujourd’hui, cette montre n’existe que sur papier, nous avons juste fait une résine pour imaginer ses volumes. Nous allons à présent travailler à sa concrétisation, à son processus de fabrication et de production pour la présenter à la prochaine Foire de Bâle, en mars 2015. Cette pièce paraît simple en apparence (elle ne présente pas de performances horlogères), mais sa mécanique comporte des astuces horlogères pas faciles à réaliser. Et maintenant que le jury a voté pour notre projet, nous devons nous appliquer à le respecter au mieux.
500 pièces seulement seront éditées: est-il prévu de décliner cette montre?
Dans la mesure où nous avons conçu cette pièce pour qu’elle soit pérenne et atemporelle, nous en avons imaginé d’office différentes déclinaisons dans notre cahier des charges dès le début du projet. Mais pour l’instant, MIDO se concentre sur la pièce du concours. Rendez-vous à Bâle pour la découvrir physiquement et l’essayer!
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