futur de la mode
Baron.e se glisse dans les vêtements de créateurs et créatrices suisses
Evanbenjamin, de Benjamin Bühler et Evan Giusto
«Les valeurs de la couture, du savoir-faire et du vêtement en lui-même sont au cœur de notre marque. L’innovation dans les matières, le respect de l’environnement dans la façon de concevoir des produits plus responsables et surtout qui durent sont nos motivations. C’est une manière, peut-être, de retrouver la valeur d’un vêtement, tuée par la fast fashion.
La coupe et les détails du tailleur nous ont guidés dans l’élaboration de cette collection. Le côté construit et déconstruit d’une tenue, par exemple en fendant une matière et en la laissant vivre. L’intimité du vêtement qui est créée par la boucle qui enferme le corps très sécurisé. Le reflet que l’on peut avoir de nous, retranscrit par la brillance des paillettes. Notre motif sur la veste et le pantalon en denim résument bien notre collection par son côté mystérieux et mouvementé.»
Arienne Birchler
«Après deux ans de pandémie – pendant lesquels le monde a tourné au ralenti puis, droit derrière alors que l’espoir d’une amélioration renaît, l’horreur qui s’abat en Europe de l’Est – je me suis demandé comment créer une collection dans cette tourmente. Je me suis rappelé ce qui m’a manqué. Les vraies gens, leurs désirs et leurs rêves. La collection veut célébrer ce moment de retrouvailles, où individualité et grâce rencontrent la beauté.
C’est aussi ma volonté à travers mon label: explorer l’attitude et la beauté féminine en leur donnant du pouvoir par les vêtements et en réveillant des sentiments insoupçonnés. J’espère que la mode, à l’avenir, reflétera la société avec des personnes qui osent exprimer leur identité par les vêtements.»
Garnison, de Luka Maurer
«Garnison, c’est le travail de la ligne et la recherche de l’élégance du geste, traduite dans des vêtements taillés, définitivement contemporains et sensuels. Cette collection s’inspire de la peinture romantique allemande du XIXe siècle et les paysages de Caspar David Friedrich. Ils me bercent par leur mystère et la volupté des mélanges de couleurs: j’aime quand mes yeux se perdent là où le ciel embrasse l’horizon.
À l’avenir, je vois la fin des tendances pyramidales, du haut vers le bas telles qu’on les connaît aujourd’hui, et l’émergence d’une génération où l’ego n’a jamais été aussi prononcé. Finies les conventions, finis les diktats, place à une infinité de royaumes très personnels où chacun devient son propre designer.»
Studio Remo, de Sophie Fellay
«Remo est un studio de design qui développe des collections de prêt-à-porter et de lifestyle entièrement issues de fibres naturelles, travaillées à la main et transformées localement en textiles uniques. Une façon de reconnecter mode et nature. Ralentir, travailler ensemble, utiliser et prendre soin de ce qui nous entoure. Cette collection Playsuit a été conçue autour du confort, de la légèreté et de la joie. Elle est composée d’ensembles afin de se sentir élégant autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Bien sûr, les matières sont réalisées à la main, en coton et en feutre de laine suisse.
Je vois à l’avenir une mode plus locale, utiliser ce qui est déjà là, souvent sous-employé ou valorisé et le rendre beau et désirable, c’est une manière d’être créatif dans ce contexte. Je vois aussi une diversification des métiers, comme les services de réparation, les filières de recyclage et des workshops destinés aux gens dans le but de mieux consommer.»
Germanier, de Kevin Germanier
«À chaque saison, je ne sais jamais où m’emmènera ma collection. Je commence toujours par les matières, par exemple en allant chez Caritas ou Emmaüs – vu les volumes de nos ventes actuelles, le sourçage évolue –, je trouve ce qui m’inspire, les associations qui fonctionnent bien ensemble, puis une gamme de couleur se dégage. Je crée un moodboard duquel découlera ensuite la collection. C’est vraiment excitant de faire de l’upcycling, je suis toujours challengé et je n’ai jamais le temps de m’ennuyer.
Aujourd’hui, on parle beaucoup de mode durable et éthique, mais je le fais depuis le début de Germanier et cela n’a jamais été un outil marketing. Je ne suis pas un activiste, ma seule façon de produire est de le faire éthiquement. Cela devrait être la normalité et non une tendance. De plus, ce n’est pas parce que c’est une mode éthique qu’elle est forcément ennuyeuse. Une collection glamour réalisée à partir de déchets, c’est possible.»
Lora Sonney
«C’est de la Outerwear couture, issue de la recherche permanente d’une poésie dans les formes, les textures et les couleurs, à travers un nouveau langage spontané de contrastes autour du camouflage et du trompe-l’œil. Cette collection, Soleil brûlant, sous un orage aquarelle, est une obsession liée à la nature, aux couleurs, aux paysages, au travail de la terre, ainsi qu’au vêtement utilitaire fait pour être à l’extérieur. Des outils pour jardiner aux performances de Roman Signer en passant par l’idée de répétition dans la peinture de Simon Hantai, ce sont des éléments qui ont constitué mon moodboard pour concevoir la collection.
La mode est faite pour durer dans le temps, à travers des pièces plus durables tout en étant poétiques, sophistiquées, confortables et utiles.»
Rafael Kouto
«Intitulée A post summer solitary reverie of a rave, cette collection upcyclée explore le retour des raves. Le résultat est un twist psychédélique né de la fusion d’influences africaines et occidentales. C’est également un projet culturel dans le but de préserver l’authentique savoir-faire suisse, puisque c’est une collaboration avec l’Association zurichoise des industries de la soie (ZSIG). «Les matériaux utilisés sont issus de leurs archives, ainsi que de la reproduction des tissus vendus lors de l’exposition de 2011 Soie Pirate, Textil Archiv Abraham. Le fil conducteur est venu de là: retravailler des textiles vintage en réimaginant et en mettant en avant leur beauté et en prolongeant leur cycle de vie.
Je vois la mode de demain comme un puissant outil dans le but d’ouvrir à plus d’inclusivité, notamment avec une vision autre qu’occidentale.»
Amorphose, de Giancarlo Bello
«Portées par des matières, méticuleusement créées de A à Z dans mon studio à Lugano, mes collections explorent l’onirique, un monde éthéré, mais d’une manière joyeuse et colorée, comme vues à travers les yeux d’un enfant. Celle-ci s’inspire du mythe de Callisto, une nymphe de la suite d’Artémis qui, séduite par Zeus, est transformée en ours par sa femme jalouse, Héra. Elle sera ensuite chassée puis tuée. Zeus, pour honorer son amante, la place dans le ciel sous la forme de la constellation de la Grande Ourse.
J’ai continué à expérimenter les matières, comme l’utilisation de la cristallisation pour traduire le ciel étoilé sur la soie ou des subtiles manipulations sur des matières existantes. Il en résulte des pièces représentant des rêves spatiaux, des formes lunaires, des nymphes ou des ours teddy.»
Julian Zigerli
«Facile à porter, moderne, intemporelle avec une touche fonctionnelle, sexy et sportive, c’est ce qui caractérise ma marque. Elle se démarque aussi par les collaborations avec des artistes, issus de différents domaines, et qui mettent dans les imprimés amour, couleur, humour et positivité. Rock, Paper et Scissorli est une collection en trois parties. L’inspiration est la Suisse, ses traditions et le travail de l’artiste Katja Schenker.
J’espère qu’à l’avenir on envisagera la mode de manière plus propre, plus durable, mais sans qu’elle perde son côté déluré, et qu’elle permette à chacun d’exprimer ce qu’il est.»
Stylisme Bruna Lacerda. Stagiaire mode Christelle Petrus. Coiffure et maquillage Yannick Zurcher. Apprentie photographe Nina Gaggetta. Assistant photo Luca Humm. Production Caroline Oberkampff-Imsand. Direction artistique Naila Maiorana.
Les chaussures montrées dans ce shooting nous ont été prêtées par Zalando.
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