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Parfums d'automne: les secrets des classiques dont on ne se lasse jamais
En 2008, en pleine crise boursière, Paco Rabanne balance un lingot d’or dans la mare: son parfum, 1 Million, est le best-seller de l’année. Son pendant féminin, Lady Million, suit deux ans plus tard. Un carton pareil n’arrive pas souvent en parfumerie, il s’agit donc de creuser le filon sans l’épuiser.
1 Million Privé et Lady Million Privé, plus intenses, naissent en 2016. Et cette année, pour les 10 ans de la ligne, 1 Million Lucky et Lady Million Lucky reprennent le flambeau en misant sur la fraîcheur gourmande dont les millenials raffolent. Same same but different, une histoire construite par chapitre, à laquelle les gens sont accro.
Nous avons décrypté la fabrication de ce qu’on appelle dans le jargon un flanker, avec la parfumeuse Daphné Bugey, créatrice de Scandal, de Jean Paul Gaultier, et son versant nocturne sorti mi-août 2018: Scandal by Night.
Femina Y a-t-il une méthode particulière quand on s’attaque à une déclinaison de parfum?
Daphné Bugey On réfléchit à comment on a envie d’orienter le parfum, quelle est son histoire. Pour Scandal, on suivait Madame La Ministre (le personnage sulfureux mis en scène dans la publicité) en dualité, le jour et la nuit. Le parfum était structuré de façon à ce qu’il y ait des éléments floraux, élégants, lumineux, pour le jour, et des éléments plus sensuels, sexuels, boisés, évoquant la nuit. Cette fois, on est uniquement dans la nuit, Madame la Ministre oublie ses obligations professionnelles. C’est elle, complètement dévergondée, dans un univers festif. On réfléchit alors à quel ingrédient pourrait renforcer cette idée d’exubérance, d’opulence, d’hypersexualité. J’ai tout de suite pensé à la tubéreuse. C’est une fleur blanche, mais très narcotique, très riche, ultra féminine. Sa note lactée, onctueuse, a été associée au santal, pour créer une nouvelle facette boisée, absente de l’original. Voilà l’élément différenciant.
Vous êtes l’auteur de Scandal, l’original, mais il arrive parfois que ce soit un autre parfumeur qui crée une déclinaison. N’est-ce pas iconoclaste?
Ça m’est arrivé aussi, bien sûr. J’ai créé plusieurs déclinaisons de Classique (signé Jacques Cavallier, en 1993): L’essence, Summer Betty Boop, Summer Wonder Woman… c’est difficile, car on n’a pas envie de trahir l’âme d’un succès vieux de 25 ans, mais il faut choisir ce que l’on garde: qu’est-ce qui m’intéresse aujourd’hui et comment le réinterpréter avec des codes plus actuels. Iconoclaste, je ne crois pas non. On peut le faire avec respect, sans trahir l’âme du parfum.
Vous êtes souvent plusieurs nez à travailler sur un même projet, comment ça se passe concrètement?
L’idée créative vient toujours d’une seule personne. En général, on n’est jamais plusieurs au début. Après quelques mois, on invite d’autres parfumeurs pour donner une vision différente de la note recherchée. Nous travaillons chacun de notre côté, puis on prend nos meilleurs essais et c’est le client qui choisit ce qui s’approche le plus de ce qu’il recherche.
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